La bipolarisation du monde est un choix calculé et systémique. Elle a été mise en place par les démocraties dites participatives pour isoler le bloc communiste et pour mieux contrôler le monde. La chute de l’URSS n’a fait qu’amplifier ce projet du monde des puissants que nous appelons aujourd’hui l’Occident. En vérité, les anglo-saxons, bien au-delà de leurs frontières originelles, veulent un monde uniforme libéral, à leur image et qui les rassemble.
Cet Occident n’arrête pas de s’élargir. Aujourd’hui, il étale sa puissance dans un nouveau mouvement appelé la « mondialisation ». Imaginez-vous un monde où d’un côté, les puissants dictent leurs lois et de l’autre, les « opprimés » qui la subissent sans réagir ?
C’est dans cette configuration que les puissants ont bâti un nouveau monde bipolaire. Le monde s’est retrouvé face à deux idéologies : le libéralisme et le communisme. D’un côté les Occidentaux, de l’autre le bloc soviétique. Et le reste du monde ? Il ne comptait pas. Il était condamné à servir et subir.
L’occident est ainsi devenu et reste une puissance colossale dans tous les domaines. Pour consolider sa position, cette puissance économique et technologique à l’imagination débordante a créé l’OTAN. Comme vous le savez, la puissance militaire est le seul gage de paix et de soumission des peuples au-delà des frontières.
La chute du mur de Berlin a vu voler en éclat le bloc soviétique. Cette victoire de l’Occident a nettement affaibli la Russie. Mais elle a provoqué l’émergence de nouvelles puissances moquées et avilies telles que l’Inde et la Chine. Elle a aussi fait chuter le système sud-africain construit sur la séparation des races.
La guerre froide a pris fin avec l’affaiblissement de la Russie. L’Occident pouvait dicter sa pensée et étendre sa domination. Cet Occident n’a pas vu venir la nouvelle Russie minorée et qui en a profité pour se réarmer. De l’autre côté, la Chine s’est invitée sur la table des grands. Elle est sortie du sous-développement pour s’imposer comme une grande puissance, au grand dam des puissants traditionnels.
A vouloir tout contrôler, l’Occident s’est empêtré dans ses contradictions. Au fait, comment définit-on l’Occident ? Est-ce une entité géographique, un continent ou l’association des puissances économiques ? Cette question mérite un débat.
La Russie, ressuscitée des cendres, a trouvé un nouvel équilibre. Elle se fait maintenant respecter. Son armée est classée comme la deuxième du monde. Fort de ce potentiel, elle exporte maintenant des mercenaires. Et la Chine ? Très sobre et sûre de sa puissance économique et militaire, elle fait peur.
Adieu donc le monde bipolaire qui réduisait notre globe en deux blocs. Dans ce contexte, la mondialisation est condamnée. La Chine, au milieu de ce chaos, s’est faite une place de choix. Elle est sollicitée par les deux anciens blocs qui rivalisent toujours d’astuces pour mieux se maitriser. La Chine, malgré elle, est devenue incontournable.
Mais un quatrième larron pointe déjà son nez. C’est l’Inde. Son attitude peut faire basculer les équilibres. Pour le moment, elle demeure muette. Mais pour combien de temps ?
La guerre en cours en Ukraine va sans doute bousculer l’ordre établi. Cette prévision est inéluctable car les injustices, les égoïsmes et l’arrogance de l’Occident sont insupportables. Parés de ses œillères, les puissants sont insensibles et méprisants pour le reste du monde. Cette attitude doit prendre fin. Si ce n’est pas le cas, nous allons droit vers une nouvelle guerre froide.
Et si la nouvelle guerre froide conduit à une troisième guerre mondiale ? Pour l’éviter, mettons tous un peu d’eau dans notre vin.
Alliés ou affidés ?
Du côté de l’Afrique, nous avons pu observer une certaine distance lors de la résolution à l’ONU sur l’Ukraine. Les principes du non-alignement refont surface dans ce continent qui supporte de moins en moins l’arrogance des grandes puissances. Comment interpréter le vote des pays africains ? L’Union Africaine avait un rôle à jouer au cours de ce vote. Il est dommage que l’éparpillement des voix ait éloigné l’Afrique du rôle que lui prédisent ses enfants. Alliés ou affidés, le continent africain devrait choisir librement son camp pour peser sur la balance.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant