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Les prochaines élections présidentielles de 2025 au Cameroun vont se dérouler dans un climat
anxiogène car elles mettront en scène une opposition responsable et Paul Biya qui n’est pas décidé à
quitter le pouvoir malgré le lourd handicap de l’âge et un long règne sans éclat.
Dans une démocratie, l’âge est un critère majeur car il détermine la capacité de réaction des acteurs
politiques. Au Cameroun, la situation est encore plus alarmante pour un président en exercice qui n’a
pas tenu un conseil ministériel depuis sa réélection en 2018. Mieux encore, au cours de son dernier
mandat, il n’est pas apparu une seule fois à l’Assemblée Nationale pour un discours à la Nation.
Le Cameroun, c’est le Cameroun, me direz-vous ! Pour une nation ambitieuse qui doit affronter en
permanence les défis du monde, ce mode de gouvernance n’a aucun précédent. L’absence du chef de
l’Etat de la scène locale et mondiale fait jaser la rue et les observateurs internationaux.
Sur le plan intérieure, le pays est en standby. Il est soumis à la loi de la jungle où chaque référant au
pouvoir jouit d’une impunité totale. Le droit est piétiné et éclaboussé. Le peuple est désemparé et
s’interroge sur le rôle de l’Etat. La loi du plus fort est systématique. Elle permet aux pontes du régime de
broyer ceux qui osent entraver leurs projets mafieux.
Une question revient en boucle : y-a-t-il un chef à la tête de l’Etat ? Si c’est le cas, les vieillards
moribonds à la tête de l’Assemblée Législative, au Sénat et au palais présidentiel réagiraient. Ces
absents éternels sont dans l’incapacité physique et mentale de diriger un pays jeune et plein d’ambition
qui n’arrête pas de s’écrouler de l’intérieur et en dehors.
Face au chaos institutionnel, le peuple n’aspire plus qu’à une chose : renouveler tous ses dirigeants. Une
longue bataille se prépare. Elle a déjà commencé et se traduit par des manœuvres d’intimidations. Nul
doute que les opposants politiques où deux figures se détachent, Maurice Kamto et Cabral Libii, peuvent
s’interroger sur leur participation aux prochaines échéances car tout est fait pour les disqualifier.
Le parti au pouvoir semble décidé à empêcher les candidatures reconnues, crédibles et hors du cercle
présidentiel de participer au prochain scrutin. L’opposition politique doit être en éveil et en ordre de
bataille car tous les coups sont permis. Le pouvoir compte maintenir l’équipe de moribonds qui
s’accrochent et qui sont décidés à tirer vers le bas tout un pays en ébullition. Quid pour mettre fin à la
léthargie ambiante d’une armée de zombis comme on en voit dans les films d’horreur ? Le pouvoir, le
vrai, revient au peuple.
Le Cameroun a besoin de nouveaux acteurs politiques et d’une dynamique de gagneurs pour mettre fin
à un long règne autocratique et sans ambition patriotique. Cette caste est à vomir et à combattre par tout
le peuple.
La violence urbaine, ajoutée au chômage, à la pauvreté, à la maladie, à l’injustice, à la prédation de
certains fonctionnaires et à l’incertitude de l’avenir font de la jeunesse une génération sacrifiée. Tout le
monde porte la responsabilité des échecs démocratiques depuis l’indépendance. Les intellectuels ont
sacrifié leur dignité pour l’argent facile. La corruption, cette gangrène redoutée comme une métastase
s’est durablement installée. A ce mal endémique ce sont ajoutés le tribalisme, la délation, le vol, la
violence, le crime d’Etat, l’injustice, l’accaparement des terres, l’arrogance des commis de l’Etat, le
mépris des faibles, etc.
Face à l’inaction ou à la complicité du régime, tout est devenu possible car la justice est muette et
inactive. Le peuple est devenu l’otage d’une équipe cynique et sans loi qui se permet tout.
Dans ce contexte, la jeunesse n’a aucune perspective. Elle végète et n’attend plus rien de l’Etat où
l’ascenseur social est grippé. Les forces vives émigrent. Le peuple attend plus que jamais les prochaines
élections présidentielles pour mettre fin à la gabegie en cours qui n’a que trop duré. Voilà pourquoi les
inscriptions aux listes électorales sont un devoir citoyen. Car, par cet acte, le Cameroun peut envisager
avec sérénité et dans la paix sociale, une nouvelle ère où des ambitions nouvelles vont se concrétiser.
Ce changement est possible dans un pays où seul le football réunit encore toutes les couches sociales
désœuvrées. Mais pour combien de temps ? Le changement est à la portée d’une opposition qui ne doit
pas se renier et céder comme d’habitude aux sirènes de la trahison. C’est aussi la seule occasion de
bâtir un nouvel équilibre politique et démocratique où le mérite devient la seule voie d’ascension sociale.
La jeunesse attend le sursaut d’une opposition mieux structurée et qui n’a plus peur malgré la brutalité
excessive d’un régime aux abois. La rhétorique de l’opposition est devenue crédible. Elle doit s’unir et
proposer un programme et un changement radical où l’excellence remplacera le clientélisme, le
tribalisme et le népotisme.
Les vannes sont ouvertes. L’opposition n’a plus qu’à dérouler son ambitieux programme pour un
Cameroun nouveau.
Par Michel Lobé Etamé
Journaliste indépendant