Le climat social et politique au Cameroun n’a pas fini de nous surprendre. Nous vivons sous une ambiance délétère. Un déballage médiatique met en lumière des actes délictueux dont les auteurs ne sont autres que les Agents de l’Etat. Face à tous ces scandales, la réponse du chef de l’Etat est un silence glacial qui conforte les auteurs des délits.
Les informations sont prolixes et nous offrent, à doses homéopathiques, un florilège d’actes délictueux des Agents de l’Etat et des entreprises. Parmi celles-ci, nous citerons les plus cinglantes : le scandale de Glencore, le dossier mal ficelé de la Lobé, les fonds détournés de la Covid, les fonds détournés de la CAN, les ponts métalliques jamais installés, les autoroutes inachevées, les spoliations des terres, la prolifération des titres fonciers des serviteurs de l’Etat, etc.
Ces actes malveillants et impunis de nos gouvernants prédisent une fin de règne où un seul homme aux commandes n’a pas su passer le flambeau et partir avec le sentiment du devoir accompli. Ces opportunistes discréditent tout un pays. Ils sont sevrés par la corruption, le népotisme, le tribalisme, la tyrannie et une violence qui n’épargne personne.
La situation économique est alarmante. L’inflation galopante à deux chiffres laisse sur le carreau les plus vulnérables. La pauvreté s’installe durablement et met en péril une génération.
Une chose est certaine. Plus rien ne sera comme avant. Les langues se délient et livrent au citoyen, à travers les journaux, les télévisions et les réseaux sociaux, une myriade d’actes et de récits qui piétinent le droit. Les agissements de certaines autorités sont jetés, tels des ordures, à la face du monde. Et qu’est-ce qu’on y découvre ? Un pays pris en otage par un groupuscule de voyous en col blanc et sans aucune moralité. Les scandales ici n’émeuvent plus personne.
L’actualité n’a jamais été aussi prolixe. Nous voilà trempés dans un dédale de connivences dignes d’une organisation des « intouchables ». Les autorités se servent et abusent, sans retenue, de la chose publique. A tous les niveaux des strates sociales, ceux qui nous gouvernent abusent non seulement de leur autorité, mais ils mettent en place des systèmes qui discréditent la fonction publique où certains esprits bien bienveillants sont impuissants. Il faut dire que cette machine très puissante a des ramifications à tous les niveaux. C’est bien pour cela qu’elle provoque une véritable métastase qui paralyse toutes les actions de l’Etat vers une société de progrès, de justice, de liberté et d’égalité.
Le déballage médiatique des affaires
Dikolo n’est pas un cas isolé. Les appropriations des terres par nos gouvernants sont légion. Le silence qui a couvert jusqu’ici les agissements indignes, cyniques et incontrôlés par certains agents voraces de la fonction publique est la marque d’une gouvernance d’autistes. Le vol est devenu, au fil du temps, le mode opératoire des fonctionnaires. Nul ne peut l’ignorer. Pas même au sommet de l’Etat. Les blessures sont si profondes qu’il devient impossible de les cicatriser.
Les réseaux sociaux déballent, sans faire le tri, des agissements qui dépassent l’entendement. On y apprend que les Préfets et Sous-Préfets sont de connivence avec les Agents des Domaines Publics. Cette organisation contrôle tous les terrains du pays.
Un examen des registres du cadastre confirme que ces autorités possèdent des titres fonciers à profusion. Ils sont protégés par les Gouverneurs, les Ministres, les parlementaires et les barons du régime. Cette organisation de circonstance est puissante. Elle a à sa solde la Justice, la Police et l’Armée.
Ce clan des intouchables est riche. Très riche. Il a mis en place un réseau qui est devenu une pieuvre par laquelle rien ne peut leur échapper. Gâteau sur la cerise, le sommet de l’Etat est quadrillé par ces femmes et ces hommes.
Et comme le ridicule ne tue pas, des commissions ad hoc sont mises sur pied pour régler certains litiges. On y trouve pêle-mêle, les autorités, les hommes d’affaires et les spoliés. Là aussi, la montagne va accoucher d’une souris car les dés sont d’avance jetés.
Bien malin qui peut prédire l’issue d’une telle commission. Nous voilà encore très mal barrés pour combattre une injustice flagrante, grossière et sauvage. Dans cette atmosphère de fin de règne, la question de la succession de Paul Biya est désormais posée.
Et si nous nous trompions ? Alors, la justice tant décriée aura raison de nos doutes et de nos désespoirs en mettant fin à cette cabale, à cette prolétarisation d’un pays jeune et ambitieux.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant