L’Occident ne ménage pas ses efforts pour préparer l’après-Covid. Tout le monde s’accorde à dire que le « monde d’après » sera différent. Mais quelle définition donnerions-nous à cette différence qui alimente les conversations, les débats télévisés et les réseaux sociaux ? Une chose est certaine : rien ne sera plus comme avant.
Mais alors que la situation n’est ni brillante ni élucidée nulle part, les grands argentiers préparent un « new deal » pour l’Afrique. Les dégâts causés par le Covid sont-ils plus destructeurs en Afrique ? La situation économique de ce continent désespère-t-elle tant les pères fouettards ? Dans l’affirmative, il serait donc juste que le monde civilisé se presse au berceau de l’enfant terrible, l’Afrique.
La situation humanitaire, économique et sanitaire de l’Afrique est devenue la principale préoccupation des bailleurs de fonds, des mécènes et de quelques pays généreux du Golf. Ces derniers ont pour préoccupation principale la construction des mosquées, les écoles coraniques et l’enseignement de l’arabe en Afrique subsaharienne.
Les mois de mai sont porteurs d’espérance et l’Afrique n’est pas oubliée pour sortir enfin de son sous-développement systémique. Cette fois-ci encore, la Banque Mondiale et le FMI se pressent au chevet d’un grand malade. L’urgence est de taille. Ce continent tant « aimé » est au bord du gouffre. Tout cela n’a rien d’étonnant. La pandémie en cours remet en cause les projets de développement. Une pauvreté galopante va provoquer une famine qui décimera les populations les plus fragilisées. Avouons que ces prévisions catastrophiques pourront bousculer l’équilibre du monde qui doute.
Le piège de la Banque Mondiale, du FMI et des pays donateurs
Les programmes d’ajustements structurels concoctés par la Banque Mondiale et le FMI ont eu des conséquences désastreuses en Afrique. Les Etats concernés et convaincus que ces organismes étaient la seule solution pour sortir de la pauvreté ont eu tort. L’Afrique a privatisé et cédé ses fleurons nationaux à des groupes occidentaux au franc symbolique. Ceux-ci ont massivement licencié le personnel. La rigueur imposée est à l’origine de nombreux drames sociaux. L’Afrique est devenue encore plus pauvre et la corruption s’est durablement installée.
L’Afrique a été piégée par ces programmes d’ajustements structurels qui ne sont rien d’autres que des gouffres financiers pour empêcher le continent de se développer. En effet, les dettes en cours s’ajoutent aux dettes. Jusqu’à quand ?
Les bailleurs de fonds trouvent toujours des solutions à « l’amiables » pour alléger le poids de la dette. Ainsi, l’Afrique est aujourd’hui condamnée à payer non pas la dette elle-même, mais les intérêts de la dette. Une dette qui ne finit jamais. Mieux encore, cette dette est rachetée par les Fonds Vautours qui ont vocation de faire saigner certains Etats.
Prêter de l’argent aux pays pauvres n’est pas une panacée. Il faut une action en règle pour les aider à sortir de l’ornière et de mieux relancer leurs économies. Mais, est-ce le cas avec la Banque Mondiale et le FMI qui ont vu tous leurs programmes de développement en Afrique échouer ?
Des plans en trompe l’œil
Si nous égrenons les actions entreprises depuis l’apparition de la pandémie pour aider l’Afrique à mieux gérer l’après-covid, un pays se démarque : la France. Emmanuel Macron a organisé un sommet le 18 mai à Paris avec les promesses d’engager des discussions autour des « Droits de Tirage Spéciaux » du FMI.
Mais ces efforts paraissent insuffisants pour certains donateurs universels. Ces derniers ont concocté « Un new deal pour l’Afrique ». Il s’agit, en mobilisant l’ensemble de la communauté internationale, « d’aller plus loin” que le sommet sur le financement des économies africaines à Paris.
Le new deal comprend une trentaine de dirigeants. Leur objectif est de porter à plus de 100 milliards de dollars l’aide au bénéfice de la pauvre Afrique qui aura du mal à se relever de la crise sanitaire en cours.
Le piège des pays qui se penchent au chevet de l’Afrique est très critiquable. En effet, les inégalités vaccinales entre les pays riches et les pays pauvres ne sauraient masquer le peu de cas qu’ils se font de l’Afrique. Cet argent va booster les exportations de produits des pays donateurs qui veulent relancer leurs économies. Ces exportations vont systématiquement tuer les productions locales et les projets intercontinentaux d’échanges en Afrique.
L’Afrique ne saurait être le laboratoire de la Banque Mondiale, de l’Onu ou du FMI qui y déversent leurs projets foireux qui sont une source de corruption des dirigeants politiques.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant