Il ya 3 années déjà, le gouvernement camerounais répondait aux revendications légitimes dans les régions anglophones, par de brutales répressions qui coutèrent la vie à de manifestants pacifiques, sans armes.
Face à cette violence illégitime “d’État”, qui s’exprime ici par l’emploi illégal, arbitraire et disproportionné, de la force, lors d’opérations dites de maintien de l’ordre, dans l’optique d’infliger un traumatisme psychologique à des populations, afin qu’elles renoncent à leurs exigences, les anglophones ont choisi de résister.
Bravant les déviances criminelles de la brutalité structurelle d’un régime ultra-autoritaire, ce peuple s’est révolté, s’est soulevé et s’est engagé dans une légitime défense sans précédent, contre un régime qui affiche de manière décomplexée, son caractère outrageusement barbare et anti-droit.
Ainsi s’installait dans le Cameroun anglophone, une guerre qui dure depuis lors. Les revendications qui au départ étaient corporatistes, ont été remplacées par des revendications plus radicales, qui exigent la sécession du Nord-ouest et du Sud-Ouest du Cameroun (NOSO). En réponse à ces questions sociales, culturelles, économiques et politiques, l’unité d’élite de l’armée camerounaise (BIR), a été mobilisée en renfort, pour violer, écraser, décimer sans ménagement, sans honneur, des anglophones, nourrissons, enfants, jeunes, vieux, hommes, femmes… Telle une armée d’occupation, elle a incendié et rasé des centaines de villages… On y parle désormais de GÉNOCIDE!
GÉNOCIDE HUMAIN ET GÉNOCIDE CULTUREL
L’entreprise génocidaire contre les anglophones du Cameroun connaît donc deux déclinaisons: les massacres massifs en cours, s’accompagnent de la destruction de leur mode de vie, par le nettoyage des territoires de leurs habitants ou leur éloignement durable dans le but de les désorganiser. Il s’agit d’un GÉNOCIDE CULTUREL, ou ETHNOCIDE. Les populations déplacées, désorganisées, se réinstallent dans d’autres parties du pays, afin que s’impose à elles, le modèle dominant francophone, quand elles ne choisissent pas simplement de se réfugier à l’étranger.
Ces crimes suscitent beaucoup d’indignation et d’émoi, tant à l’intérieur du Cameroun, qu’à l’extérieur. Le régime de Yaoundé, sourd aux appels au dialogue, réagi avec plus de violence encore, avec l’ambition d’écraser définitivement toute forme de résistance dans le NOSO. Mais, cet objectif est loin d’être atteint, malgré l’indicible boucherie qui s’y déploie.
DILUER LES RESPONSABILITES DES CRIMES DE GUERRE
Le bilan humain devient de plus en plus lourd et donc difficile à assumer en tant que choix politique. Les officiels camerounais, qui refusent toute visite d’observateurs dans cette partie du pays, redoutent particulièrement les accusations de génocide qui se font de plus en plus véhémentes. C’est alors, qu’ils se souviennent des appels au dialogue qu’ils ont ignoré depuis deux ans. L’objectif de ce « dialogue » dont sont exclus les principaux protagonistes de la crise politique au Cameroun est triple: à l’international, donner de l’oxygène à ce régime en fin de vie, à l’intérieur, isoler politiquement les anglophones ambazoniens, le MRC de Maurice KAMTO et ses alliés et surtout, bâtir une alliance politique autour de la gestion criminelle de cette crise, laquelle suscite écœurement et révulsion. Le but étant d’en sortir avec la mise à l’index des anglophones radicalisés et ainsi diluer la responsabilité personnelle du régime, dans cette guerre qui a engendré le génocide en cours, en donnant à postériori, à cette option, une onction nationale voire internationale.
En clair, il s’agit de faire valider après coup, des crimes de guerre et de la mal-gouvernance du régime BIYA
Me Amédée TOUKO
Ancien conseiller Juridique du SDF
Ancien secrétaire Provincial du SDF-OUEST
Analyste Politique