Des idéologues d’une vision manichéenne des Camerounais, partisans d’un Cameroun éclaté, ont cru faire preuve d’ingéniosité en fabricant le substantif tontinard pour stigmatiser les Bamiléké.
À ces entrepreneurs d’une guerre fratricide qui n’aura pas lieu, il convient de greffer dans leur logiciel une évidence: si la tontine n’était pas vertueuse, cette pratique n’aurait jamais été adoptée par les autres communautés de notre triangle national. Si être tontinard était péjoratif, la tontine ne se serait pas imposée comme une véritable alternative à la frilosité des banques et un principe moteur de notre croissance économique. Son succès ne se dément donc pas, et la tontine n’est ni plus ni moins aujourd’hui qu’un élément identifiant des Camerounais à l’Etranger que les autres envient. Sauf à être de mauvaise foi, personne ne peut donc nier que la tontine constitue le patrimoine commun de l’ensemble des Camerounais. Ce succès vient du fait que la tontine repose sur un principe simple à la portée de la compréhension de quiconque: mutualiser les forces d’un groupe de personnes par l’épargne solidaire pour permettre tour à tour à chaque membre de l’investir rapidement dans une activité pérenne ou génératrice de revenus.
Aujourd’hui, c’est encore ceux qui stigmatisent une partie des Camerounais qui voudraient faire croire à l’opinion publique que le terme Sardinard aurait été imaginé en réaction à celui de tontinard afin de stigmatiser cette fois les Beti.
Pourtant, il ne faut pas faire preuve d’une grande vivacité d’esprit pour constater que le substantif Sardinard procède d’une vision globale du Cameroun et participe d’une division de l’ensemble des Camerounais entre élite et masse.
Et contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, les Camerounais se divisent en deux catégories: une élite politique, administrative et économique souvent prédatrice, se recrutant dans toutes les ethnies du Cameroun, les uns par décret, les autres par le parti au pouvoir. Préoccupée à maintenir sa position autour de la mangeoire ou autour du suprême distributeur des richesses nationales, cette élite use de stratagèmes en manipulant une partie des Camerounais dont la condition économique précaire expose à l’achat de conscience par pain et sardine.
Sauf à être amnésique, qui ne se souvient pas que pendant le dernier scrutin présidentiel, les équipes de campagne du président candidat distribuaient à travers le pays, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, du pain et de la sardine à des militants et électeurs affamés en échange de soutien.
On doit donc à la vérité des faits de dire que chaque ethnie possède ses Sardinards: ils sont betis, bamiléké, sawa ou sahéliens, etc.
Ces Camerounais sont toutefois plus à plaindre qu’à condamner. Et pour cause, les détournements récurrents de deniers publics ont
généré une classe d’indigents dans notre pays et ” l’urgence de la panse” à tari chez eux toute pensée et rationalité. Comme quoi, ventre affamé n’aurait point d’oreille!
En définitive, si le terme tontinard à été fabriqué pour stigmatiser une ethnie, le vocable Sardinard désignent tous les Camerounais sans perspective d’ensemble ou d’avenir qui profitent du régime ou se laisse corrompre afin de préserver ou satisfaire leur intérêts égoïstes ou immédiats.