Propos recueillis par Kafoun Barry
« Terre à terre, le bracelet électronique de l’Afrique ». Ainsi s’intitule l’ouvrage de Gloria Dellau, née en Angola, d’une mère portugaise et d’un père congolais. C’est un essai de 98 pages publié le 26 août 2021, aux éditions Edilivre. Dans un ton direct, cru, simple, terre à terre, elle y retrace les différences de traitement dont sont régulièrement victimes les Africains lorsqu’ils veulent voyager, se soigner, vivre librement. Pour en savoir davantage, l’une de nos équipes est allée à sa rencontre.
Peut-on mieux vous connaître ?
Je m’appelle Gloria Dellau. J’ai un parcours un peu éclectique, c’est-à-dire que j’ai commencé diplômée en actions commerciales, pour ensuite poursuivre une formation afin de devenir dessinateur en bâtiment, métier que j’ai exercé pendant un peu plus d’une dizaine d’années dans mon agence au Congo Brazzaville. Quelques années plus tard, je suis revenue au commerce en ouvrant un point de vente d’articles médicaux. Je m’intéresse à tout. Apprendre de nouvelles choses me tient en haleine. J’adore les challenges, car je suis dopée à l’adrénaline, les épisodes fades et insipides inévitablement présents dans un quotidien, me mettent dans un état de pure frustration, j’ai besoin de solliciter et d’exciter ma créativité en permanence. Voilà comment je me suis découverte cette nouvelle passion qu’est l’écriture.
Justement vous venez de sortir votre premier livre sur la différence de valeur entre les passeports occidentaux et africains. De quoi s’agit-il, exactement ?
Il s’agit de « Terre à terre, le bracelet électronique de l’Afrique » édité chez Edilivre, fin août 2021. J’ai ressenti, suite à des conversations avec des proches, un besoin urgent d’expliquer que les déplacements des Africains étaient laborieux et relevaient quelquefois de la croix et de la bannière ; que de ce fait, ces derniers se trouvaient contraints de mettre en place des stratégies douloureuses afin d’accéder à une circulation fluide autour du monde.
Source:Notrevoix
Quels sont vos constats factuels ?
Les constats sont là, quand un Africain a besoin de se déplacer urgemment pour répondre à des besoins sanitaires, professionnels ou de loisirs, il doit se plier à des démarches administratives longues et complexes, auxquelles n’est pas forcément confronté un Occidental. Il me fallait également faire ressortir que les déplacements des Africains ne sont pas essentiellement forcés ou motivés par la fuite de pays instables et/ou de la misère, oui c’est bien le cas pour certains, mais cela ne l’est pas pour tous : une certaine classe moyenne et/ou aisée manifeste le désir de s’établir ailleurs ou simplement d’aller et venir librement, comme pourrait fleurir le même désir chez un Occidental. J’ai, avec le Covid 19 et ses restrictions inhérentes, trouvé l’expérience qui illustrerait parfaitement le confinement et l’infantilisation continuelle des Africains par leurs propres dirigeants, mais également par les pays Occidentaux.
Pour les Africains, il faut une « vraie » raison pour souhaiter s’établir dans ces pays. Une simple envie n’en constitue pas une, pourquoi donc ?! Quand je mets en scène une situation de vie analogue dans les deux communautés, le déséquilibre saute aux yeux.
Que propose cet essai pour corriger cette situation ?
Sincèrement, dans cet essai, ma démarche a été essentiellement l’aide à la prise de conscience. Je n’ai pas souhaité y émettre des propositions de solutions, peut-être le ferai-je dans un prochain ouvrage, néanmoins, ce à quoi je pense c’est que tout problème doit commencer à se résoudre chez soi et par soi. Les Africains doivent commencer à s’aimer et se respecter et leurs dirigeants être les dignes représentants d’une certaine fierté d’appartenance en négociant au mieux leurs intérêts à l’étranger notamment dans certains accords internationaux.
Dans un second temps, j’appellerai tout un chacun à se poser la question de savoir : si les pays Africains durcissaient ou calquaient les politiques d’accueil migratoires sur l’Occident, quelle serait la face du monde ?
Comment l’ouvrage a-t-il été accueilli ?
Positivement ! Dans l’ensemble, je suis assez satisfaite des retours, notamment chez le lecteur Européen lambda, car les Africains, eux, savent déjà de quoi il s’agit. Les commentaires des lecteurs et des journalistes relèvent principalement de l’étonnement. « Ils ne se rendaient pas compte », disent-ils, c’est déjà en soi une petite victoire pour moi. Quant aux dirigeants, je ne sais pas s’ils en ont pris connaissance, j’espère néanmoins les aider à le faire et idéalement en discuter avec eux de vive voix.
Où le trouver et à quel prix ?
« Terre à terre, le bracelet électronique de l’Afrique » est vendu en précommande sur le site de l’éditeur Edilivre, mais également sur les autres plateformes spécialisées de vente en ligne, notamment à la Fnac, sur Amazon, etc. La version brochée est vendu au prix de 12,50€ et l’e-book à 4,99€.
Quels sont vos prochains projets littéraires ?
J’en ai pas mal à vrai dire. J’ai commencé un essai sur les relations homme-femme de nos jours, un recueil de poèmes et j’ai un album pour enfants qui doit sortir au mois de juin 2022, si tout se passe bien.
Avez-vous un dernier mot ?
Il va à mes frères et sœurs de tous horizons : même si cela parait inaccessible, il faut se donner les moyens de vivre la vie que l’on a envie de vivre.