Les révélations de l’auteur de «Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise» ont enflammé la toile. Au micro de Sputnik, Charles Onana démonte la thèse officielle sur le génocide rwandais et le rôle de l’armée française dans ce pays. Entre-temps, le licenciement à Dakar du journaliste de BBC Afrique, qui l’avait interviewé, suscite l’indignation.
Licencié sans préavis le 7 février dernier pour faute grave, le journaliste congolais Jacques Matand Diyambi, qui travaillait au service BBC Afrique à Dakar (Sénégal), a réalisé en novembre 2019 un entretien avec le politologue, essayiste et journaliste d’investigation Charles Onana à l’occasion de la sortie de son livre (Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise*), dont le but est de disculper l’armée française dans le génocide rwandais.
Celui-ci, un proche de Pierre Péan (décédé en juillet 2019) qu’il a «initié à la tragédie rwandaise», aime-t-il à rappeler, est un spécialiste des conflits en Afrique, notamment ceux de la région des Grands Lacs. Ce Franco-Camerounais, qui a aussi beaucoup écrit sur les tirailleurs sénégalais, vient de terminer un livre sur Bokassa 1er et l’affaire des diamants qui sortira fin mars 2020.
Dans un entretien accordé à la BBC, Charles Onana avait dénoncé, comme il le fait systématiquement depuis la sortie de son brûlot sur l’opération Turquoise –du nom de l’opération militaire organisée par la France au Rwanda et autorisée par la résolution 929 du 22 juin 1994 du Conseil de sécurité de l’ONU–, ce qu’il appelle la «doxa» imposée par Kigali. Cette thèse officielle des raisons du génocide de 1994 au Rwanda veut que le gouvernement hutu de l’époque ait planifié les tueries, en amont, et que l’armée française ait été impliquée dans l’exécution de ce génocide en armant les Hutus.
Deux thèses qu’il conteste parmi beaucoup d’autres grâce à «une lecture différente des archives disponibles et de celles, inédites» auxquelles il a eu accès ainsi qu’à une analyse de la stratégie militaire des acteurs présents sur le terrain «car l’action militaire finit par trahir la prescription politique», affirme-t-il. Diffusé le 20 novembre 2019 et disponible en ligne jusque-là, l’entretien de Charles Onana a été supprimé le 10 février dernier du site de la BBC, montrant combien le sujet reste extrêmement sensible 25 ans après le génocide rwandais.
Par Christine H. Gueye (sputniknews)