Rose-Croix Amorc : les fleurs du mal

Décédé en janvier 2006 en France à l’âge de 74 ans, Raymond Bernard l’ex-Légat Suprême de l’Ancienne et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC) était ‘un ami’ du Cameroun ou il a passé de fructueux séjours a Yaoundé et à Kribi.

Sur place, on a prêté une grande implication de l’Amorc qui a longtemps hanté les cercles du pouvoir avant de se faner progressivement. C’étaient en réalité des seconds couteaux magnifiés par leur positionnement politique.

Aujourd’hui, entre démissions et décès, les rangs sont clairsemés et l’Amorc a perdu de son lustre d’antan, sous l’assaut des églises de réveil et le message de Jésus-Christ sur « le chemin, la vérité et la vie »

De 15 OOO membres revendiqués au milieu des années 80, cette association qui donnait l’impression de détenir une puissance sans égale compte difficilement 2OOO membres. Les ‘loges’, ‘pronaos’ et ‘chapitres’ de Yaoundé et de Douala sont désespérément vides, comme une secte qu’en réalité elle n’a jamais cessé d’être, dopées à l’époque par d’occultes financements africains.

Fruit d’une imagination fertile jouant sur le miraculeux et d’habiles compilations de textes anciens qui en faisait « une organisation philosophique et initiatique visant à transmettre à ses membres un ensemble de choses héritées du passé pour des enseignements susceptibles de les aider matériellement et spirituellement », la Rose-Croix se donnait pour vocation d’initier ses membres à la sagesse primordiale, au mystère de la vie à partir « des lois ‘cosmiques’ qui régissent la création ». Elle entre progressivement dans la phase du silence.

Les temps ont changé. Il faut dire que les luttes d’influences au sommet entre le clan Christian Bernard et celui de son père Raymond, le schisme qui en a découlé avec la création du Cénacle de la Rose Croix SETI et les querelles doctrinales ont fini par éroder le ‘prestige’ attaché à cet ordre. A cela s’ajoute le coût des enseignements dispensés à travers les monographies par l’Amorc, au moment ou le Seti offre gratuitement les mêmes cours sur Internet.

Alors les multinationales de la mystique ne font plus rêver.

Créée en 1909 à San Jose, en Californie, par Harvey Spencer Lewis, l’enseignement de l’Amorc selon des connaisseurs, est un condensé de références disparates : des écoles des mystères d’Egypte, sous le règne de Thoutmosis III, jusqu’à Christian Rosencreutz, légendaire personnage du XVe siècle. Pythagore, Jésus, Mahomet, Bouddha, Spinoza, amalgame syncrétique et sacrilège, à l’ombre du magico-religieux.

Peu avant sa mort, Raymond Bernard a avoué, en postface d’un ouvrage de Serge Caillet publié en 1997, que les figures de commandeur qu’il invoquait du temps de sa splendeur, le « cardinal blanc », par exemple, étaient le fruit de son imagination : « Pour moi qui sais, ce n’est pas vrai, c’est pure invention. Mes récits étaient mythiques, purement allégoriques ! » Les naïfs en ont eu pour leurs frais…la parole, Proverbes 3:18 dit :

Elle est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent, Et ceux qui la possèdent sont heureux.

Edouard Kingue

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