La guerre en cours dans le NOSO puise son origine dans la forme de l’État camerounais et dans la forme de son gouvernement. Dans la forme de l’État parce que le régime nomme les titulaires du pouvoir de manière très opaque sans tenir compte de leurs compétences. Dans la forme de son gouvernement parce que le pouvoir de Yaoundé concentre tous les pouvoirs. Les tenants de ce pouvoir deviennent incontrôlables et mettent à mal les structures de l’État.
Le mode actuel de gouvernance n’est pas adapté à une paix sociale. Le pouvoir ouvre un boulevard à un système clientéliste qui met à mal la déconcentration et la décentralisation des actions prioritaires d’un développement des régions.
Certaines régions voient ainsi les administrateurs de l’État (Préfets et Sous-préfets) assombrir souverainement leurs avenirs. Ces derniers s’enrichissent au détriment des populations livrées à elles-mêmes. Il en résulte une grogne sociale que le pouvoir étouffe brutalement par des arrestations arbitraires et par des intimidations.
Cette brutalité de l’État connait aujourd’hui ses limites. Les régions anglophones, lésées et livrées à elles-mêmes ont choisi la voie de la révolte et de la sécession. Avaient-t-elles d’autres choix face à un régime aveugle, sourd, muet et imbu de sa force ? Le pouvoir actuel porte la responsabilité du climat suicidaire face à la résilience de ceux qui ont choisi la voie des armes pour internationaliser leur cause.
Cette tentation identitaire est une forme de repli nationaliste qui ne résout pas le problème des injustices subies. Mais elle permet aux sécessionnistes d’exprimer haut et fort leurs légitimes revendications.
Face aux échecs récurrents de tous les projets en cours, le problème du Noso vient nous rappeler que le Cameroun est mal gouverné. La concentration de tous les pouvoirs par une équipe rompue à la corruption n’offre plus au citoyen l’espoir, la détermination et l’ambition d’oser. Les hommes d’affaires sont soumis à la loi du fonctionnaire qui dicte le tempo du développement économique, politique et social.
Les évènements récents dans le OSO sont insupportables par leur cruauté et leur brutalité. Tuer des enfants, tuer des innocents entre les murs d’une école relève d’une barbarie inqualifiable. Notre devoir collectif est de mettre fin à ce climat incontrôlable. Et seule une volonté politique peut alterner le jugement des irréductibles convaincus que la force reste la solution ultime pour la paix.
Essayer un fédéralisme participatif
Ce mot ne fait plus peur. Le fédéralisme est aujourd’hui la seule solution pour mettre fin à la guerre fratricide qui déchire le NOSO. Le fédéralisme est la meilleure solution à de vastes étendues territoriaux dont l’administration serait difficile dans le contexte d’un pouvoir centralisé issu du colonialisme. Il est la solution pour les États multiétatiques où les identités des différentes communautés doivent être exprimées.
En effet, un enseignement ressort avec évidence les causes de la guerre du NOSO : l’État autoritaire et centralisateur est déphasé. Il n’a pas su apprécier le décalage de sa gestion calamiteuse dans les provinces en souffrance. Les rapports des préfets et sous-fifres sont naturellement tronqués. D’où la question récurrente : Paul Biya contrôle-t-il ses hommes ? A-t-il un indicateur contradictoire pour l’éclairer ?
La guerre au NOSO ne prendra pas fin avec les armes. Une négociation rntre les deux camps est recommandée. Le pouvoir doit prendre en exemple les conflits dans le monde où les négociations jugées impossibles ont fini par rallier les camps ennemis. Tout ceci pour la paix des braves.
Arrêter de couler le sang de ses semblables est une solution de raison. Une solution qui peut encore crédibiliser un pays exsangue et incapable de renoncer aux avantages des dirigeants voraces, corrompus et sans vision. Car l’avenir s’assombrit sur leurs têtes.
Une vision à long terme d’un Cameroun nouveau éviterait les écueils qui ternissent la réputation d’un pays où les perspectives de développement inclusif étaient citées en modèle. Aujourd’hui, le Cameroun ne fait plus rêver. La dictature en place brise les rêves d’une jeunesse qui veut oser et qui veut encore croire qu’elle peut se réinventer.
Le choix du fédéralisme participatif permettra aux États fédérés de participer activement à la gestion de l’État fédéral car tous les États fédérés seront placés sur un même pied d’égalité. Ce choix mettra fin à la guerre absurde en cours.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant