Notre société dite avancée regorge d’idées. Elle nous rabâche des néologismes qui conviendraient le mieux à notre environnement qui s’émeut pour tout et pour rien. Pour mieux expliquer ces situations causasses, des courants de pensée sortent de leurs chapeaux des mots où tout le monde s’engouffre. C’est le cas du « Wokisme », de la « Cancel culture » ou des « Lanceurs d’alertes ».
Le wokisme et la Cancel culture ont été au cœur des revendications qui ont bousculé l’ordre établi. Ils ont permis de mettre sur la place publique les mouvements tels que « Black Live Matter », « Me too » ou encore le « Mariage pour tous ». Grâce à ces nouveaux courants de pensée, l’Amérique peut se regarder dans les yeux et reconnaître enfin les injustices infligées depuis la nuit des temps aux minorités discriminées.
Le monde contemporain, plus prosaïquement ce début du vingt et unième siècle, voit s’enrichir tous les jours son espace médiatique. Il s’adapte. Nous observons que toutes ces diatribes viennent des Etats-Unis où les combats pour l’égalité des races et des sexes se poursuivent. La liberté n’a pas de prix. Mais toutes les formes d’expression pour condamner les injustices sont sévèrement critiquées par la bienséance. Le wokisme et la cancel culture s’inscrivent dans cette lutte légitime car ils constituent un rempart contre les discriminations.
Ainsi, nous devons encourager les nouveaux courants de pensée qui libèrent une parole trop souvent confisquée. Le monde a besoin d’un peu plus de liberté. Pourquoi faut-il criminaliser ceux qui revendiquent les droits élémentaires ? Mener des luttes sociales pour dénoncer une injustice est un combat légitime. De grâce, soyons tolérant pour construire une société qui respectent les droits et les devoirs. Ce monde est possible.
Mais, qu’est-ce vraiment le wokisme ? Les définitions varient selon son apparenté politique. Mais revenons sur notre obsession familière qui guide notre fragilité et notre capacité à tout « gober » quand des solutions simples ne suffisent pas à éteindre l’incendie sociale.
Le wokisme est une nouvelle doctrine qui puise ses racines dans les guerres culturelles américaines. La multiplication des médias auxquelles s’ajoutent les réseaux sociaux ont permis à des couches sociales défavorisées de sortir de leurs nuits. La vérité, longtemps étouffée, est au centre de toutes les discussions. Ce n’est pas du gout des classes dirigeantes qui redoutent un éveil des consciences.
Les sujets les plus redoutés refont surface. En toute décontraction, on parle librement de racisme, de discrimination et d’égalité de sexe. Le pouvoir politique américain, assis depuis des générations sur un matelas de velours ne voit pas d’un bon œil cette doctrine qui n’est que la conséquence des politiques discriminatoires.
La vieille Europe hérite donc malgré elle d’une doctrine qui pourrait déstabiliser tout le continent. Les lycées, les universités et les réseaux s’en donnent à cœur joie pour exprimer une liberté longtemps confisquée par les médias traditionnels et impotents.
Pour préserver sa jeunesse, la France aussi redoute le « wokisme ». Le Ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer est monté sur scène. Le sujet cristallise déjà l’establishment. Il a lancé le 13 octobre un « laboratoire de la république » pour combattre la « doctrine » du workisme jugée dangereuse pour la jeunesse.
La droite réactionnaire n’a pas tardé à s’y associer. Pour elle, il faut combattre sans réserve cette menace venue d’Amérique. Le wokisme serait pourtant une doctrine qui revaloriserait la gauche moribonde. Mais la gauche française prend ses distances avec des idées qui ont fait, au nom de la liberté, sa grandeur. Elle perd une bonne occasion de redorer son blason.
Mais que redoutent nos têtes bien-pensantes sur une doctrine qui ne fait que réveiller les consciences ? Le wokisme n’est rien d’autre que la continuité des luttes de classes pour l’épanouissement de l’être. La jeunesse l’a bien compris et s’y engouffre.
La Covid-19 a montré la fragilité matérielle et psychologique de la jeunesse des pays riches. Le wokisme vient s’ajouter à la « cancel culture » qui dénonce les restrictions des libertés individuelles et collectives en Occident. Le wokisme fait-il donc si peur qu’il faut le redouter pour notre jeunesse au point d’en faire une idéologie de l’anathème ? Il en va de l’avenir de la démocratie.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant