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triomphe au Nigeria du capitalisme de Casino – l’exemple de Tesla
Lorsqu’on dit que Dangote est l’homme le plus riche d’Afrique, les gens croient en bonne foi qu’il dispose 14 milliards de dollars gardés quelque part dans une banque.
Ce qui est faux naturellement. Sa richesse n’est en réalité que la valeur de ses actions dans ses entreprises, telles que définie par la bourse de Lagos à une date donnée.
Le modèle financier américain appliqué par le Nigeria est le modèle américain de la loterie boursière.
Dangote ne gagne pas de l’argent avec ses cimenteries, mais en crée tous les jours dans d’autres pays et devient de plus en plus riche ?
Question : Comment quelqu’un qui ne réalise pas de bénéfice avec ses entreprises surendettées, peut-il malgré tout gagner de l’argent ? me demanderiez-vous à raison.
Réponse : parce que nous sommes au Casino !
Dangote est ce qu’on appelle dans le langage boursier : une bulle spéculative. Tu perds dans le réel, mais tu gagnes à la bourse. C’est un peu ce que Jack Ma PDG de Alibaba voulait introduire en Chine. Mais il a été stoppé net par les autorités chinoises.
Mais comme le Nigéria se veut démocratique, libéral comme les Etats-Unis, personne ne peut stopper Dangote, sauf l’explosion de sa bulle.
Installez-vous bien dans votre chaise de raphia, je vais tout vous expliquer comment ça marche, de comment tu peux être pauvre, mais on déclare que tu es riche, très riche.
Question : C’est quoi un Casino ?
Réponses :
1) Selon Henri Barbusse” dans l’ouvrage intitulé “Russie”, publié par Ernest Flammarion, à Paris en 1930, “Les casinos ne sont que de gigantesques pièges, vers lesquels le client riche est rabattu, d’abord par le snobisme, ensuite par la publicité du mercantilisme de l’élégance, et enfin par des agents ou des agentes, subtils et caressants.”
2) Alexis Lacroix dans un article intitulé : “Quand la justice sociale redevient une idée neuve”, publié dans l’hebdomadaire français Marianne, n°665, du 16 janvier 2010, écrit : “Après trois décennies d’hégémonie idéologique néolibérale et de pari sur la main invisible du marché, les retombées délétères du capitalisme de casino et l’effilochage du lien social qu’il entraine semble redonner, […], une nouvelle actualité à ce souci. (…) le Casino est un Jeu des financiers, qui boursicotent, au lieu de financer l’investissement économique productif.”
Oui, vous l’avez bien compris, le casino est avant tout un piège et le capitalisme de casino est un jeu des financiers qui préfèrent boursicoter, au lieu de financer l’investissement économique productif.
Allons faire un tour aux Etats-Unis, pour rencontrer celui qui représente en ce moment le meilleur exemple de ce modèle de capitalisme de Casino : Tesla !
Selon des documents judiciaires rendus publics vendredi le 14/06/2024, Tesla affirme que “Elon Musk a gagné sa bataille juridique concernant sa rémunération de 56 milliards de dollars parce que les actionnaires ont voté en faveur de cette rémunération”, même si un juge l’avait annulée en janvier 2024, sur la base de la plainte présentée par les actionnaires qui considéraient cette appropriation des actions inopportune. Et ce communiqué du document juridique par Elon Must, sert plutôt pour influencer la décision de la justice dans l’appel qui aura tôt ou tard lieu.
On a donc à faire à un capitalisme de tribunal que d’usine.
Le problème est qu’en ce moment, Tesla, fait face à un ralentissement des ventes et à une très forte concurrence inattendue des constructeurs chinois.
Mais qu’importe, Elon Musk a menacé que si les actionnaires ne lui concèdent pas cette rémunération de 56 milliards de dollars, sous forme de participation au capital de Tesla, il quitte la société pour aller développer certains produits en dehors de l’entreprise.
Dans une économie réelle, si Elon Musk, PDG de Tesla se verse une telle rémunération de 56 milliards de dollars, cela voudrait dire que l’entreprise se porte plutôt bien, très bien même et que les bénéfices de la boite sont bien entendu largement supérieurs à ce montant.
Eh bien dans le modèle financier en vigueur dans le monde occidental, conduit par les Etats-Unis, il n’en est rien. On est avant tout devant une économie basée sur le bluff, sur l’image positive qu’on paye les journaux spécialisés pour faire dégager de soi, afin d’inciter les possesseurs d’épargnes à croire en toute bonne foi qu’ils profiteraient beaucoup s’ils achetaient des actions de cette société dont tout le monde en parle.
Pour bien comprendre comment ça marche ce casino, faisons un tour en arrière de 7 ans, en 2017, pour retrouver à New York, Stéphane Lauer, le correspondant du quotidien français Le Monde, dans un article du 04 avril 2017, intitulé :
“Tesla double Ford en termes de valeur boursière”
Sous-titre : “Malgré le peu de voitures vendues et un bilan en déficit, le constructeur de voitures électriques capitalise sur sa vision futuriste.”
Stéphane Lauer écrit :
“Certains diront qu’il s’agit d’une énième bulle spéculative, d’autres d’une étape symbolique qui illustre la métamorphose en cours de l’industrie automobile. Lundi 3 avril 2017, la valeur de Tesla à la Bourse de New York a dépassé celle de Ford. Avec une capitalisation de 48,68 milliards de dollars (45,7 milliards d’euros), le constructeur de voitures électriques, créé il y a seulement treize ans, est désormais la deuxième capitalisation boursière du secteur automobile américain devant Ford, qui est à 45,55 milliards. General Motors (GM), qui pèse 50,96 milliards, est désormais en ligne de mire.
Au regard des fondamentaux de chacun des deux constructeurs, la performance a de quoi étonner. Tesla n’a vendu que 76 000 voitures en 2016, contre plus de 6 millions pour Ford. Le premier réalise un chiffre d’affaires vingt fois moins important que le second. Enfin, tandis que la firme d’Elon Musk n’a jamais gagné un seul dollar jusqu’à présent, Ford, créé en 1903, a engrangé plus de 10 milliards de profits en 2016.
« Je ne sais pourquoi des gens intelligents ne sont pas capables de voir ce qui se passe. Tesla perd de l’argent sur chaque voiture, ils accusent des pertes d’exploitation de façon continue et, pourtant, tout le monde en parle comme si c’était le constructeur automobile le plus miraculeux de tous les temps », s’étonne l’ancien dirigeant de GM Bob Lutz, dans une interview accordée lundi au Los Angeles Times.”
Source : https://www.lemonde.fr/entreprises/article/2017/04/04/tesla-double-ford-en-termes-de-valeur-boursiere_5105340_1656994.html
Oui, vous l’avez bien lu :
« Tandis que la firme d’Elon Musk n’a jamais gagné un seul dollar jusqu’à présent, Ford, créé en 1903, a engrangé plus de 10 milliards de dollars de profits en 2016. »
L’importance d’une entreprise est la valeur de ses actions cotées en bourse, cela prend aussi le nom de « capitalisation boursière ». Ce montant est calculé en multipliant le nombre d’actions en circulation par le cours de la bourse le jour même.
Cette valeur boursière d’une entreprise change constamment à la hausse, mais aussi à la baisse, en fonction de la demande que les investisseurs en font ou de la vente que les possesseurs des actions feront. Plus une action est demandée en bourse et plus elle monte de prix et donc de valeur.
Et plus les gens s’en séparent en la vendant et plus son prix baisse, donc elle perd de sa valeur.
(…)
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Jean-Paul Pougala
Mardi le 02 juillet 2024