Deux tragédies viennent de frapper l’Afrique. Au Mozambique, le cyclone Idai a balayé toute la région côtière jusque dans les terres les plus reculées du Zimbabwe. Il s’en est suivi de grandes inondations qui ont provoqué des centaines de morts et des dégâts considérables. Une fois encore, une calamité naturelle a eu raison de l’homme.

Nous avons tous suivi à la télévision les secours qui s’organisent pour venir en aide aux populations sinistrées. Aucun contingent africain ne s’est manifesté pour secourir les populations désemparées. Les organisations non gouvernementales venant d’Occident sont intervenues rapidement, tout comme les travailleurs humanitaires des Nations-Unies.
 
L’Afrique n’a eu que de l’émotion en signe de solidarité avec les populations sinistrées. Coupables, nous le sommes tous.

L’autre tragédie est le massacre au Mali des centaines de peuls. Cette fois-ci, c’est la bêtise humaine qui a triomphé.

Ces événements tragiques ont tous un dénominateur commun : le silence coupable des États africains. On pouvait s’attendre à des décisions rapides de l’Union Africaine pour des actions concertées. Nous n’avons eu droit qu’à des tergiversations maladroites et irresponsables.

Le silence et l’indifférence de nos hommes politiques du continent, des intellectuels, des entreprises et de la société civile trahissent, une fois de plus, notre inconscience collective.

Si la calamité naturelle qui a frappé le Mozambique était imprévisible, les massacres perpétrés au Mali engagent le gouvernement de ce pays qui n’ignore rien des relations tumultueuses entre les communautés dogons et peuls. L’année dernière encore, des violences communautaires entre les dogons et les peuls avaient causé la mort de plus de 200 personnes. Ces violences avaient été dénoncées par Human Rights Watch (HRW). Ce n’était donc un secret pour personne que la moindre étincelle pouvait raviver le feu qui couve dans cette région du Mali.

Que dissimule le silence des chefs d’états africains ?

Nous avons toujours en mémoire les actes et les déclarations des chefs d’états africains lors des tristes évènements de l’attaque du journal satirique français Charly Hebdo. Beaucoup d’entre eux ont déclaré leur indignation face à cette tragédie. D’autres ont déclaré un deuil national sur leur territoire.

Pour affirmer leur solidarité avec la France amie, certains ont participé à la marche républicaine organisée par François Hollande pour dénoncer une barbarie qui met en péril la liberté de la presse et la liberté individuelle.

En signe de solidarité internationale, le monde entier a cautionné ce gigantesque défilé qui servait de modèle et de solidarité universelle.
Aujourd’hui, le Mali se retrouve tout seul face à son destin. Que sont devenus ces présidents africains solidaires de Charlie Hebdo ?

Pourquoi ce silence des intellectuels africains qui gribouillent à longueur de journée des proses calculées pour dénoncer le manque de charisme de leurs dirigeants ? 

L’Afrique est bien malheureuse de ses enfants. Elle est orpheline de ses vrais héros, de ses vrais enfants qui doivent se retourner dans leurs tombes. 

Le silence coupable des chefs d’États africains, face à la tragédie malienne, dissimule leur niaiserie à l’égard de la communauté internationale. Elle montre, une fois de plus, qu’ils ne sont que des pantins dont le seul rôle, est de plaire à leurs amis occidentaux.  

 
Par Michel Lobé Etamé
Journaliste

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