Nous avons tous une certitude : la pandémie en cours sera longue et va affecter les économies les plus fragiles. Si l’origine du virus Covid-19 n’échappe à personne, ses variants imprévisibles vont affecter la santé mondiale pour une période indéterminée. Découverte en Chine, dans la ville de Wuhan, la Covid-19 n’arrête pas de muter. Nous avons subi le variant anglais, le variant brésilien et le variant sud-africain. Nous voilà confrontés au variant indien dénommé Delta. Et ce n’est qu’un début, selon les spécialistes avisés.
Les laboratoires pharmaceutiques sont à pied d’œuvre pour nous offrir des vaccins miracles. La compétition est rude. A cause des variants mutants et médicalement incontrôlables pour le moment, nul n’est à l’abri du virus. Dans ce contexte, l’immunité vaccinale n’est qu’un répit pour les pauvres patients que nous sommes. Un patient vacciné peut transmettre le virus à quelqu’un d’autre. Il n’est donc pas possible, de nos jours, de parler d’immunité complète.
La racine du mal qui prend pied depuis plusieurs mois dans les pays riches se trouve dans la compétition inavouée de l’industrie pharmaceutique. Cette dernière est décidée, sans état d’âme, à augmenter unilatéralement les prix des vaccins. Dans un vocabulaire plus diplomatique, on nous parle d’adaptation des prix. Cette pratique est insensée. Elle n’obéit qu’à une logique commerciale et de profits. Le vaccin ne garantit pas une immunité complète. Pourquoi faut-il donc que son prix augmente alors que le patient n’a pas une garantie d’immunité ?
Les personnes vaccinées peuvent transmettre le virus comme les personnes non vaccinées. Ce constat scientifiquement démontré ne devrait-il pas tempérer l’appétit véloce de l’industrie pharmaceutique ? Alors que nous nous dirigeons vers une multiplication de doses, les profits juteux de l’industrie pharmaceutique ne se justifient pas.
Le virus en cours mobilise les énergies. Il réveille aussi les appétits gloutons d’une industrie incontrôlable dont les bénéfices, au cours des décennies, n’ont fait que croître. Qu’est-ce qui justifie donc cette course effrénée pour des prix incontrôlables ? L’appétit du gain ? Dans les pays riches, la couverture sociale couvre les frais médicaux. L’industrie pharmaceutique rend des comptes aux états. Mais une complicité évidente vient de rompre cet équilibre. L’industrie pharmaceutique n’en fait qu’à sa tête. Elle augmente ses prix sans garantir la guérison. Les pouvoirs publics assistent, de manière implicite, à un chantage outrageant qui fait frémir le camp des détracteurs du vaccin.
Une situation de quasi-monopole
Pfizer et Moderna produisent les vaccins les plus administrés en Europe. Ils viennent d’obtenir une augmentation des prix de leurs vaccins. Le patient peut naturellement se poser la question sur la pertinence et la transparence des prix des médicaments qui s’envolent. Ces deux mastodontes vont engranger 26 milliards et 18 milliards de dollars cette année grâce à leurs vaccins.
Dans une situation de quasi-monopole sur le marché, ne serait-il pas louable que les géants de la pharmacie cèdent leurs brevets aux pays émergents qui ont des structures de production adaptées ? L’augmentation des prix, selon le FT (Financial Times), se justifie par la valeur ajoutée car les deux vaccins ont été adaptés pour offrir une protection plus élevée contre les nouveaux variants.
Cette explication n’est pas rassurante et suffisante. Elle cache la gloutonnerie de l’industrie pharmaceutique. Nous ne pouvons ignorer que malgré cette plus value, les vaccins ne bloquent pas la transmission du virus et l’immunité n’est que de quelques mois. Il va donc falloir que le patient s’habitue à subir des doses vaccinales répétitives tous les six mois. Dans cette hypothèse, rien ne justifie une augmentation des prix qui va encore faire saigner le consommateur.
L’augmentation des prix des vaccins donnent aux antivaccins une occasion inespérée de dénoncer le chantage abject de l’industrie du médicament. Cette augmentation est injuste, absurde et immorale. Mais ce qui est encore plus injuste, c’est l’inaction des gouvernements occidentaux.
Faut-il trouver dans le silence des gouvernements une complicité ou une faiblesse coupable ? La lutte contre la Covid-19 ne se limitera pas à deux doses. Les prévisions sont alarmistes. Nous aurons droit très rapidement à trois ou quatre vaccins dans le meilleur des cas. La vaccination devient ainsi un juteux profit pour l’industrie pharmaceutique.
Le fossé vaccinal entre les pays riches et les pays pauvres va encore s’élargir. L’augmentation des prix des vaccins va durablement donner du blé à moudre aux réfractaires. Mais elle va aussi provoquer des remous sociaux en Occident. En effet, l’incapacité des gouvernements à contrôler les prix face à une menace sanitaire de grande envergure est un aveu de faiblesse des dirigeants du monde complices des géants de la finance.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant