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Ils exhibent leurs titres de Masters, d’ingénieurs, de docteurs, de professeurs. Ils insistent sur la mention de leurs Bac + 5, 7, 10, ils pérorent à longueur de journée sur leurs compétences supposées, ils écument les plateaux télé et se prononcent sans distinction ni sélection sur toutes les thématiques, de la politique à la diplomatie, en passant par l’histoire, la géostratégie, le football, le cinéma, l’agriculture et le nucléaire, ils sont des experts en absolument tout. Et nos médias, dépourvus de personnalité, se rendent volontiers complices de ce folklore indigeste. On les retrouve à la tête de nos Etats, dans nos Universités, dans nos entreprises et dans nos ministères. Ce sont des hommes et des femmes remplis d’eux-mêmes, insolents et indolents, irritables à la critique et férus d’éloges flatteurs, car ils se savent les plus beaux et les plus grands. Ils sont aussi des mendiants de reconnaissance et des affamés de pouvoir, ce qui les pousse à embrasser toutes les opportunités, quels que soient le prix à payer. Jamais rassasiés et toujours disposés à toutes les formes de compromissions, ce sont des carriéristes bien plus enclins aux appels de la bonne chair qu’aux œuvres de l’esprit. Pourtant, ça ne les empêche pas de se réclamer du clan des intellectuels et de s’arroger le droit exclusif de dire qui en fait partie. Leur accumulation de diplômes ne sert que leurs égos. Pour ce qui est des problématiques de société sur lesquelles ils sont attendus, il faudra repasser. Ils sont trop occupés à écumer les plateaux de télévision, les couloirs du pouvoir et les villages des maîtres de la République pour négocier des postes et positionnements politiques. Leurs parcours académiques ? Ils étaient dans les plus grandes écoles et universités du monde. Ils ont soutenu leurs masters et thèses sur des thématiques qui ne sont d’aucun intérêt dans la réalité contextuelle de leurs pays, mais peu importe, l’essentiel c’est de se gargariser de prestigieux titres académiques et ensuite de chercher le bon tuyau professionnel. Du moment où leurs sacrifices illimités leur assurent leur propre confort et celui de leurs familles, ils ont rempli leur mission sur terre. Ce ne sont pas des intellectuels, ce sont des imposteurs. Ils ne sont d’aucune utilité pour cette Afrique en pleine renaissance. Ce sont des figurants qui constituent de sérieux obstacles au réveil du continent. Ce sont des conformistes sans aucune consistance spirituelle, sans états d’âme et sans aucune vision pour leurs peuples. Ils sont ni plus ni moins, le malheur de l’Afrique.

L’Afrique du 21e siècle a besoin d’intellectuels, et non de diplômés égarés. L’amalgame entre ces deux vocables est un énorme danger pour l’Afrique. Le concept d’intellectuel est plus que jamais galvaudé et son statut usurpé par toutes sortes d’aventuriers. L’imposture des diplômés carriéristes aux intelligences dociles et frivoles est de plus en plus inacceptable, tant elle met en péril les initiatives et actions de restauration de la dignité africaine, face aux oppressions des prédateurs invétérés au service de l’hégémonie capitaliste. La notion d’intellectuel renvoie à l’action en faveur d’une cause noble. L’intellectuel, diplômé ou non, mène un combat déterminé pour changer ou améliorer une situation donnée en faveur de personnes victimes d’injustices, de fléaux ou de toutes sortes d’infortunes. L’intellectuel assume de sortir de sa zone de confort pour dénoncer et sensibiliser. Il n’est pas un conformiste. Il nage délibérément à contre-courants s’il le faut, y compris au péril de sa vie. Il prend fait et cause pour son peuple en assumant les risques que cela engendre. Contrairement au diplômé carriériste, l’intellectuel privilégie l’intérêt général à ses objectifs personnels. L’intellectuel, c’est cette personne qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas, comme l’indiquait Jean-Paul Sartre. Les véritables intellectuels s’inspirent et s’inscrivent dans la lignée des références historiques telles que Um Nyobè, Osende Afana, Félix Moumié, Tchuindjang Pouemi, Mongo Beti, Douala Manga Bell, Ngosso Din, Patrice Emery Lumumba, Steve Biko, Thomas Sankara, Bob Marley, Myriam Makeba, Mouammar Kadhafi, Malcolm X, Martin Luther King, Marcus Garvey, Rosa Park, Gamal Abdel Nasser etc. L’Afrique a plus que jamais besoin de personnes qui marchent dans les pas de ces héros et non pas de charlatans qui font la honte de l’Afrique et la tire vers le bas.

Par Paul ELLA

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