Les pays du bassin du Lac Tchad et du Golfe de Guinée vont connaître en 2019 et les années suivantes de nouvelles agitations sur le plan géopolitique et géostratégique. Cette zone sera le nouveau champ de bataille des grandes puissances à savoir, la Chine, les États-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne, la grande Bretagne et Israël.
Jusqu’ici, les dirigeants africains étaient branchés sur Paris, Londres ou Washington oubliant ou ignorant les préoccupations essentielles de leurs populations et les priorités de leur pays. Maintenant, les choses vont se compliquer pour eux. Il faudra gérer toutes les carences accumulées sur les plans politique, économique et social en même temps que les exigences des anciens et des « nouveaux partenaires » que sont la Chine et la Russie. Ceux qui comptaient sur leurs « amis » d’hier pour régler leurs problèmes vont devoir se remuer assez s’ils veulent survivre car la guerre entre puissances a déjà commencé pour la prise des parts de marché et pour la conquête de positions d’influence en Afrique.
Les anciennes et les nouvelles puissances ont entamé la lutte dans le Golfe de Guinée et en Afrique Centrale pour des raisons économiques ou géostratégiques. C’est le sens de l’implantation des bases militaires chinoise et américaine à Djibouti, créant dans ce pays un embouteillage militaire franco-américano-chinois. La présence militaire de la Russie en République Centrafricaine participe aussi de cette nouvelle bataille. Les États-Unis n’entendent pas rester en retrait contrairement à ce que pourrait laisser croire la politique étrangère du président Donald Trump.
Sous couvert de la lutte contre le terrorisme, plusieurs unités d’élites de l’US army ont effectué ces derniers temps des missions spéciales en Afrique sous la supervision du Pentagone. Le commandement américain des opérations spéciales dépendant d’Africom est très actif dans la zone du Golfe de Guinée et dans le bassin du lac Tchad en particulier au Nord Cameroun et aux frontières du Niger et du Nigeria. Tout se joue pour l’instant dans la clandestinité et surtout la discrétion des conseillers militaires russes, chinois, israéliens, allemands, britanniques et américains. Personne ne se dévoile vraiment mais chacun pousse ses pions et se positionne. Les Africains, peu préparés à cette nouvelle distribution de cartes, n’ont pas cherché à se saisir très vite de cette réalité. Résultat : ils gèrent très mal à l’intérieur et à l’extérieur la faiblesse ou les difficultés des régimes de RDCongo, du Gabon, du Cameroun ou de la Côte d’Ivoire. Les pays du Golfe de Guinée et ceux du bassin du lac Tchad doivent se préparer à une nouvelle bataille des puissances actuelles, pas très différente de celle d’hier, qui risque cependant de toucher tout le continent.
Si de nombreux autocrates ont longtemps profité d’un système de privilèges et d’une longévité aberrante, certains seront sans doute confrontés à de vraies difficultés car ils entrent dans une nouvelle ère avec de nouveaux enjeux et une nouvelle configuration de la politique internationale. Il va donc falloir réfléchir à cette nouvelle donne pour ne pas être dépassé par les événements en 2019. En attendant, meilleurs vœux à tous et que l’espoir l’emporte sur la tristesse et le désespoir de 2018.
Charles ONANA
Politologue