Nous vivons dans un monde dans lequel les puissants montent les uns contre les autres. La guerre en Ukraine en est la parfaite illustration. Nos puissants amis nous demandent de choisir un camp. Evidemment, en mots feutrés, ils nous demandent, pays pauvres, de nous ranger derrière l’Occident qui a toujours œuvré pour la paix, le développement, la démocratie, l’égalité des races, la justice sociale et un Dieu commun. Bref, ils veulent uniformiser le monde.
Dans cette bataille de communication, les pays pauvres sont sommés de se prononcer : la Russie ou l’Occident. Ce choix cornélien est embarrassant et sournois. Il peut être considéré comme une injonction. Mais de grâce, de qui se moque-t-on ?
L’Afrique, depuis la nuit des temps, a connu l’esclavage, la colonisation et la néocolonisation. Elle est soumise à un dictat qui la maintient dans la pauvreté. Contrairement aux démocraties occidentales donneuses de leçons, elle n’a pas la liberté de choisir librement ses chefs d’Etats.
En guise de couronnement, elle est plongée aujourd’hui dans des guerres. Qui sont ses adversaires déclarés ? Al Qaida. Une nébuleuse, un ennemi dont on ignore la nationalité, le pays et ses prétendues revendications. Mais si cet ennemi existe, c’est qu’il est bien implanté quelque part et financé par ceux qui lui livrent des armes et une logistique de poids.
L’Afrique est systémiquement plongée dans une logique guerrière dont le seul but est de la maintenir dans la pauvreté matérielle et mentale. Dans ce désordre organisé, elle est faible et ses dirigeants sont méthodiquement corrompus pour livrer à de vils prix ses ressources.
Nous vivons dans un monde toxique ou le mensonge est devenu l’arme la plus redoutable. Un mensonge qui nous tient en haleine pour nous livrer quotidiennement des informations diverses et variées dont le seul but est de nous intoxiquer.
Aujourd’hui, nous sommes soumis à choisir. Le monde que les puissants n’ont pas réussi à uniformiser à leur image est en guerre. Nous voilà plongés dans une nouvelle guerre froide et à ses sanctions qui vont encore pousser à l’exode les plus affamés.
C’est dans ce contexte que l’Afrique de l’Ouest, sous l’égide de la CEDEAO, veut punir le Mali. Ce dernier a eu tort de crier haut et fort sa liberté de choisir son modèle politique. Une décision qui écorne la léthargie volontairement acceptée par les « Etats souverains » africains.
Les sentences de cette parodie de justice sont bien connues. Le Mali est soumis à un embargo. S’il ne plie pas, il est voué à une mort lente et certaine. Et qui sont les juges qui ont pris cette décision outrageante ? Les chefs d’Etats de l’Afrique de l’Ouest sont-ils devenus les vampires de leurs populations ?
L’Afrique devrait revenir à ses fondamentaux. Elle ne doit pas s’aligner car dans les deux camps, elle est considérée comme une vache à lait qui est fatalement condamnée à enrichir la crémière.
Il y a aussi d’autres voies. Celles de la solidarité interafricaine. Cette voix est la seule qui permettra à l’Afrique de sortir de ses cendres et de regarder la vérité en face.
La vérité ? Oui, celle qui consiste à se décomplexer et à décider pour ses propres intérêts. Car, ne l’oublions pas, le monde n’est plus divisé en deux blocs. Il y a aujourd’hui des puissances émergentes telles que la Chine ou l’Inde.
L’Intérêt de l’Afrique est de garder jalousement sa liberté car aucune puissance n’est disposée à l’aider. Elle ne doit compter que sur elle-même.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant