Le Niger aurait pu entrer dans l’histoire en faisant tandem avec la Guinée Conakry. Il se serait distingué comme l’une des deux colonies qui ont osé opposer un « Non » au projet de constitution de la Communauté franco-africaine.En vérité, le Sawaba avait fait campagne pour le « Non », mais le « Oui » du PPN-RDA – soutenu par l’administration coloniale – obtint la victoire.Si le « Non » avait triomphé au référendum du 28 septembre 1958, le mot célèbre de Sékou Touré : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté, à la richesse dans l’esclavage » aurait mieux sonné dans la bouche de Djibo Bakary, vice-président du Conseil de gouvernement qui dirigeait le Niger, puisque la colonie du Niger était considérée comme la plus pauvre des possessions françaises.Le 28 septembre 1958, l’Histoire avait frappé à la porte du Niger. Le Niger s’est contenté de répondre Oui, mais n’a pas ouvert la porte. Ce fut une occasion ratée d’aller au-devant de l’Histoire.Soixante-cinq années se sont écoulées. Le Niger est toujours réputé pauvre, la liberté est encore à conquérir. L’Histoire frappe à nouveau à la porte du Niger. Il y a encore un choix à faire :Dire « Oui » à la France, c’est accepter la présence sur le territoire nigérien de ses bases militaires et de ses troupes dont l’inefficacité dans lutte contre le terrorisme n’est plus à démontrer, c’est servir de base arrière à partir de laquelle, la France humiliée se retranche pour régler ses comptes avec le Mali et le Burkina Faso; c’est se mettre en porte à faux avec des pays africains frères et avec le mouvement de libération qui parcourt le continent. Dire « Oui » à la France dans cette atmosphère aux relents colonialistes, c’est accepter volontairement la servitude.Le « Non » du Niger à la France signifierait le démantèlement de ses bases et le départ ses troupes, le refus de déstabiliser le Mali et le Burkina Faso à pâtir du territoire nigérien. Dire « Non »c’est être en phase avec les deux États formant le Liptako Gourma avec le Niger, pour vaincre le terrorisme, c’est protéger la vie des populations et les fabuleuses ressources qui excitent les convoitises étrangères. Dire « Non » à la France, c’est s’inscrire dans le sens du mouvement irréversible de la libération de l’Afrique. Dire un « Non » retentissant à la France, c’est, au demeurant pour le Niger, obéir à l’Histoire en prenant sa juste revanche.Au moment où le terrorisme était encore jeune, et que la France prétextant le combattre, vint s’installer chez nous avec hommes, armes et bagages, avant que ce débarquement ne dévoile ses intentions véritables, avant que ce déferlement ne dise son vrai nom : occupation colonisatrice, j’écrivais déjà que si la France était – comme elle le prétend – notre amie, elle pouvait rester chez elle, et au nom du sentiment d’affection qu’elle éprouve pour nous, nous donner, dans la limite de ses capacités, les moyens dont nous avons besoin, pour combattre nous-mêmes, le mal qui dévaste nos contrées depuis plus d’une décennie.N’est-ce pas ce qu’elle fait en Ukraine ? Pourquoi ne le fait-elle pas au Mali, au Burkina Faso et au Niger ? Est-ce parce que l’Ukraine est une République caucasienne blanche, et que le Mali, le Burkina et le Niger qui ne lui ressemblent pas, sont des Républiques africaines, noires ?Allons donc ! La France par ses dires, par ses actes, montre suffisamment que nous ne devons attendre d’elle que leurres et subterfuges. L’approvisionnement en uranium qu’elle sécurise par des bases et par ses armes est plus important que la vie de nos populations déplacées, celle des innocents assassinés, celle de nos vaillantes FDS sacrifiées.La débâcle française, j’allais dire le déclin, étape normale qui suit l’apogée – se produit sur un axe ouest-est ; Bamako-Ougadougou-Niamey-N’Djamena. Niamey est dans une position médiane, N’Djamena est à l’extrême. La résistance de la France en ces deux derniers points sera grande, mais sera vaincue par le tumultueux mouvement de la libération.Le Niger devrait s’instruire de tout ce qui précède, avant se rendre au rendez-vous de l’Histoire, car il est peu probable que l’Histoire frappe une troisième fois à sa porte.Farmo M.