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C’est dans cet hôtel 5 étoiles que le premier président de la République Populaire de Chine, Mao Zedong, avait pour habitude de venir pour se rappeler de comment toute cette aventure avait commencé ici en 1921.
Ici il y a une tradition que le président a débuté et qui a gagné tous les hôtels de luxe de toute la Chine.
En effet, on sert la même nourriture que le président chinois exigeait de manger : la même nourriture que le peuple, que les plus pauvres de Chine.
Comme vous pouvez voir des photos, que j’ai prises ce matin du lundi 21 août 2023, au petit déjeuner, il y a comme il y a 60 ans, sur la table du petit déjeuner de Mao, la patate douce, le taro, le maïs et le melon. Ils sont tous cuisinés à la façon du peuple démuni : bouillis à la vapeur sans autre complication.
Voilà la raison officielle, je crois personnellement que Mao voulait aller au delà pour passer un autre message qu’on constate largement diffusé dans les comportements des chinois : l’humilité généralisée.
Quand on a lu ses œuvres et suivi, comme je l’ai fait ces jours, les traces qui l’ont porté avec ses camarades à la création du Parti Communiste dans cette région, fuyant la police coloniale française à Shanghai qui venait de découvrir qu’une réunion clandestine était en cours, dont le but était de combattre la colonisation française et britannique et leurs suppôts chinois (je reviendrai dessus avec une série de leçons), je crois qu’il voulait aussi signifier que les résultats espérés de la route prise pour atteindre la prospérité ne devait jamais leur faire confondre les moyens et les résultats.
En d’autres mots, que la prospérité, lorsqu’elle viendra, ne devra pas faire oublier la sueur et le sang versés pour y arriver, et ce, même dans les plats de nourriture.
L’abondance ne devra pas faire oublier la pauvreté de laquelle on est parti.
Être rassasié aujourd’hui, ne doit pas faire oublier que dans ce pays les gens sont morts de famine et que justement c’est l’engagement et la détermination qui ont permis de retourner la situation de drame et que rien n’est tombé du ciel.
J’y vois donc une leçon d’humilité envoyée aux générations futures de chinois.
Mao voulait, à mon avis, dire que ce n’est pas parce que vous êtes capable de manger le crabe ou le caviar tous les jours que vous devez oublier que les circonstances de la vie, peuvent vous faire vous retrouver un jour à manger de nouveau la nourriture des pauvres qui vous a nourri quand vous étiez pauvre durant votre enfance.
Le fait que vous possédez et les autres pas ne doit pas vous faire croire que vous êtes si différent ou si exceptionnel de ces autres, que vous êtes vacciné à jamais des maux de pauvreté qui les accablent.
Vous pouvez dormir dans le plus somptueux des luxes, mais c’est extérieur à vous. La nourriture que vous mangez est en vous. La richesse vient mais va aussi. La nourriture c’est votre patrimoine.
Ce que vous mangiez quand vous étiez pauvre ne doit jamais vous quitter pour le moins, vous rappeler d’où vous venez et rappeler à l’ordre de toujours respecter ceux qui y sont encore, car si vous avez pu changer votre classe sociale en mieux, c’est bien la preuve qu’eux aussi ne sont que momentanément pauvres, pour beaucoup d’entre eux.
Et tout cela se résume selon moi en une seule phrase :
Ne toisez personne, ne méprisez personne et surtout, n’oubliez jamais que vous étiez pauvre.
Jean-Paul Pougala