L’Afrique subsaharienne est un laboratoire où l’impérialisme se complait à déverser, en terrain conquis, sa perversité après l’esclavage et la colonisation. Aujourd’hui, l’Occident, gardien de la bienséance universelle impose à l’Afrique son nouvel ordre moral. L’Afrique se voit ainsi réduite à un mimétisme batésien pour satisfaire les exigences de ses maitres.
De quoi s’agit-il réellement ? L’occident décide, avec une arrogance non contenue et sa condescendance affichée de ce qui est bon ou non pour l’Afrique. Elle lui impose en conséquence ses mœurs perverties et sociales qui heurtent, à ne pas s’y tromper, la morale traditionnelle africaine. L’Afrique doit se résoudre à célébrer les mariages homosexuels et à ouvrir un large espace culturel pour les LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).
Cette nouvelle campagne permissive est choquante. Elle conditionne désormais les aides au développement entre l’Occident et l’Afrique noire. Depuis peu, nous sommes confrontés à une cabale qui fait la une de tous les journaux, des télévisions et de toutes les sensibilités politiques. Avec un discours arrogant et hautin, les débatteurs ont choisi de clouer sur le pilotis un homme dont le seul tort est d’être noir et qui n’a pas le droit de penser par lui-même. Dans un langage feutré, les débatteurs sont tous unanimes : il faut sanctionner ce gugus qui évolue dans un grand club français et qui ne se soumet pas à la « morale universelle ». Comment définirons-nous cette morale qui rencontre aujourd’hui des contradicteurs aux Etats-Unis ? Le mariage homosexuel se voit banni dans certains Etats américains, au nom de la sacro-sainte liberté.
Que reproche-t-on à Idrissa Guèye ? Il a refusé de porter le maillot arc-en-ciel de la journée contre l’homophobie imposée par son club, le Pars Saint Germain. Un véritable crime de lèse-majesté dans un pays où la liberté individuelle n’est reconnue qu’à son appartenance raciale. Ces attaques publiques fusent de partout.
Et si on regardait la vérité en face ?
L’hypocrisie collective de l’Occident trouve ici une opportunité à catégoriser froidement les races et à propager sa « morale universelle ». Les footballeurs noirs, en Europe, dans tous les stades de football et tous les weekends, subissent, en silence, des insultes et sont soumis à des actes de racisme intolérables. Les gardiens de la morale collective se gardent toujours de sanctionner ces « cris de singes » nauséabondes qui visent les joueurs noirs.
Une campagne de presse a décidé de jeter en pâture, sur la place publique, un homme de conviction et d’honneur. Mais la vérité est tout autre. Ce n’est pas Idrissa Gueye qui est visé. Le message est adressé à toute l’Afrique noire pour qu’elle mène une campagne de « libéralisation des mœurs » selon le modèle occidental. Un véritable chantage.
Le message est clair et net. L’Afrique doit « évoluer ». Elle demeure une serpillière, un lieu de défoulement où l’Occident a choisi de déverser ses crasses.
La campagne actuelle de diabolisation d’Idrissa Gueye peut surprendre quand on sait que le Qatar qui organise la prochaine coupe du monde interdit des couples non mariés sur son royaume. Il ne tolère aucune campagne des LGBT. Curieusement, l’Occident reste passif. Ces « Agents moralisateurs » ne défraient aucune chronique.
Pourquoi donc s’étonner de la campagne anti-française en cours actuellement en Afrique francophone ? Les tenants de l’ordre et de la morale portent-ils des œillères qui masquent la vérité instantanée ?
Trainer dans la boue un homme est la marque de ceux qui se croient tout permis et qui sont convaincus que le temps n’a pas bougé depuis l’époque coloniale. Cette campagne médiatique pour démolir Idrissa Guèye vise l’Afrique noire. Elle n’aurait pas eu lieu si ce dernier était un français bon teint dont la liberté de citoyen n’est pas négociable.
La cabale médiatique montée contre Idrissa Gueye est insoutenable. Elle est honteuse et avilissante dans le pays des droits de l’homme. Elle continue à élargir le fossé béant qui sépare l’Afrique francophone et la France réactionnaire.
Il faut sanctionner Idrissa Guèye, entend-on ici et là. La presse et les plateaux de télévision où « la parole est libérée » sont unanimes pour broyer un nègre malfaisant, bien rémunéré par son club et qui n’est pas reconnaissant.
En Afrique, ce débat est tout simplement médiocre, intolérable et abject. Dans un contexte postcolonial où la France est montrée du doigt pour ses turpitudes en Afrique, il est temps de regarder la vérité en face. Plus rien ne sera comme avant. Les dirigeants africains coptés par Paris n’ont plus la côte face à une jeunesse et à un peuple résilient qui se bat quotidiennement pour recouvrer sa souveraineté. L’universalisme prôné en Occident doit respecter le particularisme des autres civilisations. Si ce n’est pas le cas, les maitres du monde ne devrait pas s’étonner du rejet massif de leur morale hors de leurs frontières.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant