La crise au SDF qui connait une accélération avec l’élection présidentielle de 2018 est à ce jour à son apogée. Elle survient au moment où la lutte pour le changement au Cameroun, se trouve à une période charnière de son histoire, tenaillée entre des partisans de la rupture et ceux de la composition avec une dictature néocoloniale, cleptocratique et barbare.
Le SDF originel, ambitieux, héritant de l’âme politique de l’UPC, qui ne s’est pas privée pendant les années d’indépendance, de recourir à la force armée, pour tenter de s’emparer de son destin et obtenir la libération du Cameroun, avait résolument inscrit  l’action de l’opposition dont il était le moteur, dans la rupture politique avec cette dictature qui gangrène le Cameroun depuis 60 ans.
Dans cette quête, l’élection présidentielle de 1992 fut remportée dans les urnes par Ni John FRU NDI, son leader, porté par l’union pour le Changement. Mais la dictature néocoloniale incarnée depuis 40 années par Paul BIYA, a, par le contrôle qu’elle a des institutions et de l’armée, refusé toute l’alternance en réprimant dans le sang, les tentatives de protestation.
LE SDF IMPUISSANT, PRESSÉ, AFFAMÉ, RÉVISE SES AMBITIONS ET CÈDE À LA TENTATION DES DÉLICES DU POUVOIR
Par la violence, la fraude, le régime de BIYA a insidieusement inoculé, dans l’opposition et dans le subconscient du peuple camerounais, l’idée d’une impossible alternance au Cameroun. Ceci a eu comme conséquences pour le peuple, un désintéressement, un éloignement, une désaffection de la chose politique et donc des urnes, et pour une partie de l’opposition, une profonde révision de ses prétentions politiques, à défaut de pouvoir envisager vigoureusement, la démarche insurrectionnelle populaire qui semblait de facto, être la seule réponse à la violence politique qui s’abattait sur elle.
Par des renoncements successifs donc, le SDF, sous la houlette de John FRU NDI, s’est donné une nouvelle ambition, exister, se planquer, obtenir les strapontins politiques que le pouvoir de Yaoundé veut bien lui concéder, finalement céder à la tentation des ors du pouvoir.
A l’épreuve du jeu institutionnel, ce parti s’est atrophié, a perdu du terrain et est finalement devenu un gadget institutionnel entre les mains du régime dictatorial de Yaoundé, sans aucune aptitude à influer sur le jeu politique.
Les élus du SDF, désormais constitués en une aristocratie politique, se sont embourgeoisés, ont établi avec le pouvoir, de véritables corridors de la corruption (pots de vin à l’Assemblée, Marchés Publics…), sont entrés en intelligence avec l’oppresseur, entraînant dans cette démarche le parti qui progressivement, est devenu la principale caution politique et démocratique d’une des plus vieilles dictatures au monde.
LE SDF DIT DE LA LÉGALITÉ RÉPUBLICAINE CONTRE LE SDF DE LA RUPTURE
Ce positionnement politique et institutionnel dont John FRU NDI est directement le principal artisan et bénéficiaire, fait qu’il apparait désormais comme génétiquement hostile à tout ce qui renvoie à ce SDF originel ou tout autre parti nouveau ou émergent, qui se réclame de l’opposition, et surtout qui ambitionne non pas simplement d’entrer dans le jeu institutionnel, mais de prendre le pouvoir. Dans cet ordre d’idées, on peut citer des cadres de premier plan, sans qui le SDF n’existerait simplement plus, que sont Jean Michel NINTCHEU, Etienne SONKIN, John KUMASE, Emmanuel YOYO, Emmanuel NTONGA, Joseph Lavoisier TSAPY, NDIVA KOFELE KALE, Evariste FOPOUSSI FOTSO, Siroma ABOUBAKAR, Paul NJI TUMASSANG, Chantal KAMBIWA, Evaritus NJONG…,  ou le MRC et son leader, Maurice KAMTO.
En réalité, l’action de John FRU NDI et de son lieutenant Joshua OSHI, c’est de faire dans l’intérêt du pouvoir, régner dans l’opposition, un cafouillage et une confusion qui induisent une absence de clarification, qui plombe et stérilise l’action politique des forces de l’alternance, tant à l’intérieur du SDF qu’en dehors. 
LA POLITIQUE N’A DE SENS QUE SI ELLE PUISE SON ESSENCE DANS LA VIE DES GENS
Pourtant, la ligne politique du SDF dont la question anglophone fut l’une des principales motivations lors de la création de ce parti, doit pouvoir se définir au regard des enjeux qui sont ceux d’un Cameroun écrasé par une dictature sauvage, endeuillé par le génocide le plus stupide de l’ère moderne. Ces enjeux ne peuvent se réduire à ceux de partis de positionnement, qui contestent leur place dans le système, et non le système. Ces enjeux ne peuvent se limiter à avoir un ou plusieurs élus, et ainsi donner une caution démocratique à un régime dictatorial.
Dans cet ordre d’idées, le SDF ne peut se satisfaire d’être un comptoir politique dans lequel des personnalités, se réclamant d’une prétendue opposition, qui n’existent désormais que par les égards et les regards du pouvoir de Yaoundé, sont promus, encadrés, protégés, sponsorisés par ce pouvoir. 
Le SDF qui regorge encore d’excellents talents politiques, ne peut se borner à être un parti de positionnement opportuniste, qui se contente d’exister par tous les moyens, y compris en s’opposant aux forces qui dans l’opposition incarnent de manière plus pertinente cette opposition, et dont le rayonnement et les ambitions sont en adéquation avec les enjeux du changement au Cameroun.
La politique n’a de sens que si elle puise son essence dans la vie des peuples. Elle doit cesser au Cameroun, d’être le champ d’expression de roublards et d’escrocs internationaux qui, comme des charognards, vivent de la misère et du sang des opprimés. Ce propos peut paraître excessif si on ne le met en rapport avec la renonciation aux voies et moyens, dont disposait le SDF pour faire plier le pouvoir dans ses dérives dictatoriales et notamment, dans la boucherie humaine en cours au NOSO : l’option de la non-participation aux élections ou la sortie du jeu institutionnel de BIYA sont de puissants leviers que FRU NDI a refusé d’envisager.
 Il a fait exactement le contraire de cette démarche, en aidant le régime RDPC à bâtir une alliance politique autour de la gestion criminelle de la crise anglophone, en soutenant la dictature dans un pseudo-dialogue de dilution des responsabilités du régime dans des crimes de guerre, en donnant son onction à l’option militaire (génocidaire).
Ces choix successifs ont contribué à installer un vrai clivage dans la politique du SDF : le camp extrêmement minoritaire incarné par John FRU NDI et Joshua OSHI, de ceux disposés à accompagner le régime dictatorial de Yaoundé dans sa quête d’oxygène pour sa survie, et le camp « écrasement » majoritaire, de ceux revendiquant un ordre politique et social nouveau, plus juste, incarné par les signataires de la « DECLARATION DES CADRES DU SDF» du 22 juin 2022.
L’OPPOSITION N’EST PAS CETTE MIXTURE INSTABLE DE TOUT CE QUI N’EST PAS OUVERTEMENT RDPC
La question qui importe hic et nunc d’être posée, est celle de savoir comment ce SDF dit de la légalité républicaine, qui jusqu’ici n’a pas eu l’honnêteté de dénoncer la supercherie honteusement baptisée « grand dialogue », au regard des résultats chaotiques obtenus sur le terrain, peut avec ses 3 députés sur 180, influer significativement sur les crises multiples au Cameroun. La réponse à cette question est des plus simples. Ce « SDF du décret de Paul BIYA », n’a aucun moyen légal d’impulser dans un sens ou dans un autre la marche des affaires du Cameroun. C’est simplement un SDF « d’accompagnement démocratique », mieux, de collaboration qui en réalité ne s’oppose plus à rien du tout. Un SDF qui sous le prétexte de divergences stratégiques avec le parti qui incarne le mieux l’opposition au Cameroun, notamment le MRC, affiche des orientations plus proches du pouvoir RDPC que de ce qui devrait être de l’opposition, tout en se réclamant quand même de l’opposition. C’est simplement un SDF de l’imposture politique, de la tricherie intellectuelle et morale.
Non ! L’opposition n’est pas cette mixture instable de tout ce qui n’est pas ouvertement RDPC. Cette démarche au nom de l’opposition est un crime contre la démocratie, un crime contre le peuple camerounais. L’idéal de liberté, de démocratie, de paix et de prospérité ne passera pas par le RDPC. Faut-il encore le prouver ? Les intérêts de ces « institutionnels » sont désormais aux antipodes de ceux du Peuple camerounais.
L’IMPOSSIBLE CONCILIATION DES INSTITUTIONNELS DE L’OPPOSITION, FRU NDI ET OSHI ET DES PARTISANS DE LA RUPTURE : CHASSER FRU NDI POUR LIBERER LE SDF
Il ressort de ce qui précède, que FRU NDI et OSHI tiennent de leur positionnement politique, leur changement personnel, et n’ont aucun intérêt au CHANGEMENT. Isolés qu’ils sont au sein du SDF dans leur imposture, ils ont cru devoir par des cooptations-nominations totalement anti-statutaires, reconstituer une caste de cadres collabo d’un SDF-BIS qui leur seraient inféodés. En clair, impuissant, FRU NDI a opté pour la partition du SDF en essayant de garantir à Paul BIYA son « opposition » qu’il bichonne et qu’il continuera d’utiliser dans sa stratégie rodée, d’isolement de la vraie opposition. 
Tel est le nouveau chantier politique de ces alliés illégitimes, qui tiennent leur changement personnel, et font désormais tout pour que rien ne change.


Me Amédée Dimitri TOUKO TOMAncien

Conseiller Juridique SDFAncien Secrétaire Provincial SDF- OuestMembre

Fondateur de la LIGUE DES DROITS ET LIBERTESAncien représentant Ouest

de HUMAN RIGHTS WATCH (Albert MUKON)Conseiller Juridique de la Fondation

MOUMIE Membre Fondateur et Secrétaire Général de RESPONDERE ADVOCATUSAnalyste Politique

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