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Que doivent faire les Africains – imiter ce que font les Arabes et les Israéliens avec la Chine.

(“La différence entre un optimiste et un pessimiste tient au fait que le pessimiste est habituellement mieux informé”)

Clare Boothe Luce, est née le 10 mars 1903 à New York et morte le 9 octobre 1987 à Washington D.C., était une femme américaine, journaliste, femme politique, et diplomate (première femme américaine Ambassadrice d’une grande ambassade, notamment en Italie.

Elle laisse une fortune de 50 millions de dollars sous forme de bourses d’études pour les femmes américaines qui choisissent les secteurs scientifiques et technologiques).

“La différence entre un optimiste et un pessimiste tient au fait que le pessimiste est habituellement mieux informé” Clare Boothe Luce

Pendant que les pays africains demandent à la Chine, les autoroutes, les hôpitaux, les Emirats Arabes Unis ont demandé et obtenu ce que la Chine n’a jamais fait jusqu’alors : la Construction à l’étranger avec les fonds publics chinois, d’une école qui pendant 12 ans forme les enfants du cours préparatoire à 6 ans, jusqu’au baccalauréat à 18 ans, avec une scolarité comme en Chine, gratuite.

Et quand l’enfant a le bac qu’est-ce qu’on en fait ?

Pas de soucis, la principale université de la Confédération est jumelée avec la plus prestigieuse Université Tsinghua de Pékin.

Les premiers 200 élèves le jour de l’inauguration en 2020 étaient tous des enfants de la diaspora chinoise dans le Royaume, mais l’école qui a aujourd’hui 800 élèves, est revenue à la normale, avec les enfants du Royaume.

Ceci est possible parce que les Emirats Arabes Unis partagent l’idéologie principale du Parti Communiste Chinois enseigné dans ses écoles : le capitalisme étatique.

Du côté d’Israël, allié inconditionnel des Etats-Unis, vous lirez dans cette leçon un extrait des mémoires du premier Ministre Israélien Netanyahou qui se défend des offensives de Washington les accusant de naïveté avec Pékin, qu’ils ne le sont pas et que chacun voit d’abord ce qui va contribuer à le développer.

La vérité est contenue dans cette leçon, d’un rapport de la Banque Centrale d’Israël, qui montre clairement qu’il y aura d’ici 2035 un déclin des Etats-Unis et de l’Union Européenne, alors que la Chine va monter en gamme.

Cela a suffi aux dirigeants israéliens pour décider le lâchage de Washington au profit de la Chine.

Dans le quotidien économique français Les Echos du 2 mars 2020, la journaliste française, Catherine Dupeyron nous apprend que :

« En plein coeur de Tel-Aviv, à Sarona – l’un des quartiers d’affaires les plus modernes de la ville -, un panneau est écrit en hébreu, en arabe et en chinois. »

C’est-à-dire, même pas en anglais, mais en Chinois pour les nombreux investisseurs chinois dans le pays.

Elle écrit :


Des échanges en plein boom

Les échanges bilatéraux entre la Chine et Israël, sont passés de 51 millions de dollars en 1992 – début des relations diplomatiques – à 14 milliards en 2018.

« Mais le commerce n’est pas l’essentiel », remarque Daniel Haber, professeur d’économie spécialiste de la Chine à l’université de Haïfa.

«L’enjeu est technologique, à travers leurs investissements dans des sociétés israéliennes – et plus particulièrement des start-up -, l’implantation de centres R&D, la participation dans plusieurs gros chantiers d’infrastructures, et la coopération scientifique universitaire. »

https://www.lesechos.fr/monde/chine/israel-nouveau-champ-de-bataille-entre-chinois-et-americains-1181018

La China Harbour Engineering Company, l’entreprise qui a construit le port de Kribi avant de découvrir que Bolloré était mieux préparé qu’elle pour la gestion du port a assuré la construction d’une nouvelle partie du port d’Ashdod, ville située à proximité de Gaza.

Pendant que, le Shanghai International Port Group l’entreprise de la municipalité de Shanghai qui gère le plus grand port du monde, celui de Shanghai a é choisi pour la gestion du nouveau port de Haïfa, mis en service en septembre 2021, malgré les protestations de Washington, parce que c’est à Haïfa que mouillent les bateaux de guerre de la US Navy.

Si Israël était un pays africain, combien de temps pensez-vous qu’il aurait mis sous la pression des Etats-Unis, pour remplacer le Shanghai International Port Group à la gestion du port de Haïfa ?

De son côté, le Magazine, « Les Clés du Moyen-Orient », confirme les mêmes informations. Dans son édition du 11 aout 2023, dans la 3ème et dernière partie de l’analyse intitulée :

“Le Moyen-Orient, nouveau terrain d’expansion de la Chine (3/3). Les échanges commerciaux, fer de lance de l’influence chinoise dans la région”, son auteur Emile Bouvier écrit :


En 2017, Pékin et Tel Aviv nouaient ainsi un « partenariat global de l’innovation » qui, outre la meilleure coopération économique, se spécialise sur l’échange de techniques, technologies et produits de la recherche.

De 2015 à 2019, les entreprises chinoises auraient ainsi investi plus de 1,5 milliards de dollars dans environ 300 sociétés israéliennes travaillant dans divers secteurs technologiques.

De nombreux centres de coopération sont par ailleurs créés afin de faciliter les échanges.

Un « parc de l’innovation Chine-Israël » basé à Changzhou, sur le territoire chinois, a ainsi été créé afin de favoriser les échanges scientifiques et technologiques entre Tel Aviv et Pékin.

Fin 2021, le directeur adjoint de ce centre expliquait que ce dernier avait permis, depuis sa création, de favoriser la fusion/acquisition de 155 entreprises israéliennes et chinoises et facilité quarante projets de coopération scientifique et technologique sino-israélienne.

Dans la même optique, un « Centre d’innovation Chine-Israël » a été créé en 2019 à Shanghai afin, là encore, d’encourager les échanges entre sphères scientifiques et technologiques israéliennes et chinoises

Source: https://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-Moyen-Orient-nouveau-terrain-d-expansion-de-la-Chine-3-3-Les-echanges.html

On apprend ainsi que la Chine finance pratiquement toutes les universités israéliennes, qu’elle verse des milliards de dollars à 300 entreprises israéliennes, dans le domaine technologique créées par la jeunesse israélienne restée au pays.

Mais cela dépend de ce que les politiciens israéliens ont demandé à la Chine, contrairement aux dirigeants africains qui ne sont pas très fertiles en nouvelles idées, surtout se rapportant aux solutions aux problèmes de leurs jeunesses, de leurs populations.

QU’EST-CE QUI N’A PAS MARCHE EN AFRIQUE DANS SA RELATION AVEC LA CHINE ? L’IDEOLOGIE !

Si vous posez aux dirigeants des pays africains une question aussi simple :

Qu’est-ce qu’il y a en commun entre eux et la Chine, qu’est-ce qui motive leur décision d’adhérer à la coopération avec la Chine ?

Je suis certain que beaucoup d’eux ne sauraient répondre à cette question.

Vous qui courez 53 chefs d’état africains jeunes comme vieux à Pékin, qu’est-ce qui vous plait des thèses du Parti Communiste Chinois qui gouverne le pays, depuis 1949 ?

Certains répondront qu’ils aiment la Chine, parce qu’elle donne l’argent sans interférer dans les affaires internes des pays africains.

D’autres répondront que les conditions d’octroi de l’aide et des prêts financiers chinois sont plus intéressantes que celles pratiquées par l’Occident.

On appelle cela des opportunistes, des arrivistes, des gens qui se croient malins.

Et qui croient naïvement que la Chine ne les voit pas venir. Ils demandent les hôpitaux à la Chine et le lendemain, toutes leurs familles vont se soigner en France ou au Royaume Uni, sans à aucun moment se demander ce que cette Chine-là pense d’eux.

Aimer un pays, la Chine, sans adhérer ou même connaître les thèses défendues par le parti au pouvoir dans ce pays, veut dire mettre sur la table et se louper sur la question idéologique.

Et comment peut-on défendre l’idéologie de quelqu’un si on n’en a pas soi-même ?

Les pays arabes que nous allons voir dans cette leçon n’ont aucune difficulté de rappeler dans tous leurs discours publics et officiels devant les autorités chinoises, ce que ne font pas les dirigeants africains, les pays arabes adhèrent à l’idéologie du Parti Communiste Chinois qui porte en avant le modèle du Capitalisme d’Etat.

Hier s’est terminé à Pékin le 9ème forum Chine Afrique, réunissant 53 chefs d’état et de gouvernements africains et le président de la République Populaire de Chine Xi Jinping.

On s’attendrait du fait que s’agissant de la 9ème fois que cette rencontre se fait, les présidents soient déjà capables de tirer des leçons des 8 premiers.

En réalité, je n’ai pas l’impression que les 53 chefs d’états africains présents en Chine ont même compris l’intitulé de cette relation Chine-Afrique.

La Chine leur parle d’une relation Gagnant-Gagnant, oui mais est-ce qu’ils parlent de la même chose ? Je n’en suis pas très sûr.

Ils sont là, tous les 53 chefs d’état africains avec chacun, sa liste de course, comme lorsqu’on va au supermarché.

Chacun attend de la Chine quelque chose.

Mais le plus curieux est qu’ils n’ont rien à proposer à la Chine. Ils ne sont même pas dans cette dynamique.

Pour eux, en toute bonne foi, comme un enfant de 5 ans qui croit devant des adultes de faire tout son mieux pour répondre aux obligations de faire sa chambre qu’on attend de lui, ces chefs d’état croient qu’en retour ils vendent leurs matières premières à la Chine, selon la propagande que l’Occident a martelé pendant des dizaines d’années.

Dans cette leçon, nous allons faire un petit tour dans les pays asiatiques, notamment au Moyen-Orient, pour vous montrer qu’ils ont très bien compris de ce que la Chine entend par Gagnant-Gagnant et que les africains semblent n’avoir toujours pas compris malgré le fait que nous sommes arrivés à la neuvième édition.

La vérité est qu’il n’y a aucun gagnant-gagnant entre la Chine et l’Afrique.

C’est une relation dans laquelle, les africains ne proposent rien pour combler les intérêts chinois.

Ils sont 53, ils s’alignent tous, mais croient au mensonge de la propagande occidentale que la Chine aide les pays africains pour ses matières premières. Ce qui est faux. Pire, même, l’Afrique n’aide pas l’Afrique ou tout au moins, par autant qu’elle le fait pour les pays asiatiques, européens ou américains.

Tout simplement parce que les pays africains n’ont rien à lui apporter et pire, ne se préoccupent même pas sur ce qu’ils peuvent apporter en échange à la Chine.

Résultat des courses : la Chine leur donne des miettes et en échange, ils votent pour la Chine aux Nations Unies et c’est tout. C’est malheureusement à cela que se résume la coopération entre la Chine et l’Afrique aujourd’hui.

Pire, le continent africain est le seul endroit où on tue des Chinois dans l’exploitation d’une mine. L’Afrique est le seul continent où un ancien vice-président (Ruto au Kenya) fait sa campagne pour devenir président avec un seul mot d’ordre : chasser tous les coopérants chinois du pays.

Ce dernier ayant pourtant participé aux négociations et aux largesses de la Chine pour son pays, entre en campagne électorale promettant de révéler au monde, les contrats secrets conclus entre la Chine et son président dont il était le vice-président.

Pour ensuite se rendre compte qu’il n’était secret que pour permettre au pays de bénéficier d’une bonne note des agences américaines de notation qui juge le niveau d’endettement des pays pour les taux d’intérêts des prochains créanciers du pays.

Lorsqu’il est allé voir ses amis occidentaux du FMI, les conditions qu’on lui a imposées ont conduits aux manifestations monstres dans son pays, le Kenya faisant plusieurs dizaines de morts. Il est ensuite revenu à Pékin, sans la moindre honte demander un nouveau prêt de 1 milliard de dollars aux mêmes conditions qu’il devait dévoiler au monde.

Et la Chine lui a donné l’argent, mais essayez un seul instant de vous mettre à la place de Xi Jinping pour imaginer ce qu’il pense de Ruto, comme des autres chefs d’états africains.

Vu de Chine, il n’y a vraiment aucune raison de continuer une certaine coopération avec des individus qui se comportent comme des gamins de la maternelle, c’est-à-dire sans aucune capacité à se poser la plus importante des questions : que gagne l’autre dans notre relation ?

Par exemple, la Chine a investi 106 milliards de dollars en Arabie Saoudite. Jusqu’ici l’information semble comprise par tout le monde. Mais les médias occidentaux vont ajouter une note de propagande qui va faire penser aux chefs d’états naïfs du continent africains qu’ils sont importants pour la Chine.

Et cette suite mensongère sera que si la Chine a investi 106 milliards de dollars en Arabie Saoudite, c’est parce qu’elle est son premier fournisseur de pétrole. Ce qui est faux naturellement.

En réalité, alors que pendant 20 ans, le volume des échanges entre l’Afrique et la Chine était de 262 milliards de dollars, durant les mêmes 20 ans, la Chine a mis un total de 106,5 milliards de dollars d’investissements directs, en Arabie saoudite qui est ainsi devenue la première destination des investisseurs chinois au Moyen-Orient.

Elle devance ainsi le Koweït, petit pays de 4 millions d’habitants sur 17.000 km2 qui a reçu 97,6 milliards de dollars d’investissements directs chinois et les Emirats arabes unis, un autre petit pays de 9 millions d’habitants sur 82.000 km2 qui a reçu 46 milliards de dollar d’investissements directs chinois.

Question : C’est quoi la grande différence entre ces 3 pays arabes et les pays africains dans la relation avec la Chine ?

Réponse : Tous re-investissent en Chine, à travers des co-entreprises publiques.

Par exemple, durant les mêmes 20 ans, l’Arabie saoudite a investi 35 milliards de dollars dans des projets basés en Chine.
Si la Chine s’intéresse à l’Arabie Saoudite, cette dernière répond en faisant comprendre à la Chine, qu’elle aussi est importante pour elle.

Le Gagnant-Gagnant est avant tout du Donnant-Donnant !

Ces 3 pays du Golfe comprennent que tout ce que la Chine leur achète, le pétrole, elle trouve exactement le même pétrole partout sur le globe terrestre. Donc, que ce n’est rien d’exceptionnel que de livrer le pétrole à la Chine.

La Russie est capable de livrer le même pétrole, le même gaz directement par oléoduc jusqu’en Chine et donc, beaucoup moins cher.

Ce que les africains ne comprennent pas est qu’ils ne sont en réalité utiles à la Chine que parce qu’ils se trouvent sur l’une des routes qui portent à un important marché, celui de l’Europe.

Et puis c’est tout.
Je vais ajouter un 4ème pays dans notre analyse, Israël et nous verrons comment ce pays résiste aux pressions des Etats-Unis, pour sceller sa coopération avec la Chine.

Si avant-hier Xi Jinping a promis 50 milliards de dollars aux pays africains sur 3 ans alors qu’elle a investi dans un seul pays 106 milliards de dollars, c’est parce qu’il y a un petit détail que les propagandistes occidentaux qui sont les seules sources d’information des intellectuels africains ne révèlent pas, et c’est qu’il n’y a pas que la Chine qui investit en Arabie Saoudite, mais l’Arabie Saoudite investit elle aussi en Chine et dans ce cas précis, oui, elle a reçu 106 milliards de dollars de la Chine, mais en échange elle a investi 35 milliards de dollars en Chine, très souvent dans des projets communs entre les entreprises publiques saoudiennes et les entreprises publiques chinoises.

C’est cela l’esprit du Gagnant-Gagnant que propose la Chine et que les Africains n’ont toujours pas compris.

Les dirigeants africains commettent une erreur congénitale fatale : croire qu’ils sont déterminants pour la Chine. Ce qui fausse leurs lentilles de vision et donc d’appréciation des relations avec la Chine.

Analysons cette situation de grande naïveté des dirigeants sur la base de 3 sorties du quotidien français Le Monde, pour comprendre l’erreur des dirigeants africains et surtout de comment les pays africains ont réussi à amener la Chine à investir massivement dans leurs pays, pour voir ce que ces dirigeants africains auraient dû faire.

Dans le deuxième quotidien français Le Monde (derrière Le Figaro) du 26 novembre 2021, en marge du forum Chine-Afrique de Dakar, le journaliste français Frédéric Bobin écrit un article intitulé :

« Entre la Chine et l’Afrique, la relation est profondément asymétrique »

Sous-titre : Selon le chercheur Thierry Pairault, le Forum sur la coopération sino-africaine de Dakar s’inscrit dans un contexte de révision des rapports entre Pékin et le continent.

Dans cet article, Frédéric Bobin fait une interview à un économiste français, qui fort heureusement, dit exactement les mêmes choses que je dis depuis des années, et suis pour cela traité d’espion de la Chine.

Ce qui leur épargnait de déployer le moindre effort, pour corriger les politiques et les attitudes africaines erronées vis-à-vis de la Chine.

Le chercheur en question s’appelle : Thierry Pairault, directeur de recherche émérite au CNRS/EHESS et spécialiste de la présence chinoise en Afrique. Dernier livre publié sur le sujet avec Xavier Richet : “Présences économiques chinoises en Méditerranée” (éd. L’Harmattan/Iremmo).


Frédéric Bobin : Comment identifier les intérêts mutuels entre la Chine et l’Afrique ?

Thierry Pairault :

La relation est profondément asymétrique. La Chine est sacrément importante pour l’Afrique.

L’arrivée des Chinois, avec leurs projets et leurs financements, a permis aux Africains de sortir du face-à-face, qui tenait du monologue, avec les anciennes puissances coloniales.

Elle leur offre un moyen de se démarquer de l’Occident, une autre façon d’envisager l’organisation mondiale. Dans l’autre sens, à savoir l’intérêt chinois pour l’Afrique, il faut bien distinguer l’économique du politique.

Au plan économique, l’Afrique n’est nullement une priorité pour la Chine.

La place de l’Afrique dans le commerce extérieur chinois de marchandises est exactement la même que sa place dans le commerce mondial (3 %).

De ce point de vue, il faut envisager les « routes de la soie » chinoises au-delà la rhétorique.

L’Afrique n’est intéressante pour la Chine que dans la mesure où elle borde des routes maritimes vers l’Europe. La Corne de l’Afrique est certes impliquée, mais l’objectif chinois est l’accès au marché européen.

Frédéric Bobin : Pourtant, tout un discours s’est construit sur les investissements chinois en Afrique

Thierry Pairault :

Attention, il faut bien distinguer les investissements réels des prestations de service dans les secteurs de la construction et des infrastructures (stades, aéroports, routes, immobilier… ), qui peuvent être entre dix et vingt fois supérieures.

En 2019, les premiers se sont élevés à 2,7 milliards de dollars [environ 2,4 milliards d’euros] et les secondes à 44 milliards. La réalité est que la Chine est un prestataire de service plutôt qu’un investisseur en Afrique.

A titre de comparaison, les investissements chinois au Laos, petit pays de 7 millions d’habitants, représentent à eux seuls ces dernières années autour de 30-40 % des investissements chinois sur l’ensemble de l’Afrique, continent de 1,2 milliard d’habitants.

Les activités chinoises en Afrique relèvent davantage du commerce – de biens ou de services – que de la production. Car à côté des prestations de service, il y a le commerce extérieur, deux fois plus élevé encore.

On voit clairement que la partie commerciale est bien plus importante que les investissements proprement dits. La Chine ne participe que très marginalement à l’industrialisation du continent.

D’autant que ces investissements sont concentrés sur des activités intensives en main-d’œuvre et peu capitalistiques, comme l’extraction minière ou la maroquinerie, et n’impliquent que peu de transfert de technologies.

Frédéric Bobin : Puisque vous évoquez les mines, la Chine ne dépend-elle pas de ces approvisionnements africains ?

Thierry Pairault :

Absolument pas. La Chine a joué une carte raisonnable en diversifiant ses fournisseurs.

On l’a vu quand la crise a éclaté avec l’Australie. La Guinée l’a aussitôt remplacée comme fournisseur de fer et de bauxite. Pour tous les produits, Pékin a des alternatives.

Sur le pétrole par exemple, l’Angola, qui fournissait 7 % des besoins des Chinois, vient de perdre environ 20 % de ce marché. La Chine s’est ainsi ménagé une grande souplesse. Sur les matières premières, les fournisseurs africains dépendent davantage du client chinois que le contraire.

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/11/26/entre-la-chine-et-l-afrique-la-relation-est-profondement-asymetrique_6103774_3212.html

C’est clair, la Chine ne s’implique que très marginalement dans l’industrialisation du continent africain. Vous ne pouvez pas prendre la Chine pour un centre commercial où aller faire vos courses et avec elle, jouer à la « danse Bafia » (la tête à droite, les pieds à gauche, le ventre ressorti, le bassin de coté) avec à la clé une haine propagée en Modulation de Fréquence (FM), par les radios occidentales, sans aucune mise au point ou correction de votre part et espérer ensuite que cette même Chine s’implique dans vos projets d’industrialisation, c’est-à-dire un projet à long terme.

Avec le commerce, on est dans le court terme et c’est ce que se limite de faire la Chine en Afrique parce que les conditions de sécurité et de garantie du futur ne sont pas remplies, pour un horizon au-delà d’un an ou deux.

Or dans l’industrie, quand vous installez une machine, l’amortissement moyen de cette machine s’établit à environ 5 ans. Et c’est aussi après 5 ans qu’on peut parler de réelle possibilité de réaliser les bénéfices espérés.

Mais si tout le pays est dressé contre la Chine, à quoi bon y investir son argent et y installer des machines pour risquer de tout perdre avant 5 ans ?

Les pays africains ne comprennent pas qu’ils sont marginalisés sur le commerce mondial, à peine 3% du commerce mondial et comme par hasard, la Chine a limité ses échanges avec l’Afrique au pourcentage que cette Afrique représente avec les autres pays du monde : 3%.

Si les dirigeants africains avaient compris cette variable et étaient réellement conscients des enjeux et de l’opportunité que représentait ce nouvel arrivé qu’est la Chine, ils auraient tout fait pour sortir de leur angle de marginalité, pour changer ce pourcentage.

Mais à peine la Chine leur a prêté un peu d’argent qu’ils ont été les premiers à dire que c’était de la dette toxique.

COMMENT AURAIENT DÛ FAIRE LES PAYS AFRICAINS FACE A LA CHINE ?

VOICI LES EXEMPLES DE L’ARABIE SAOUDITE ET DE ISRAEL

En ce moment est en construction à Yaoundé, le nouveau site du parlement du Cameroun.

Lorsque l’ancien a pris feu et que j’ai appris que le gouvernement camerounais s’est adressé à la Chine pour la construction d’un nouvel immeuble, j’avais inutilement suggéré au gouvernement du Cameroun de créer une société commune entre la Chine et le Cameroun qui va associer les Ecoles Polytechniques des deux pays, et ce sont les étudiants et les enseignants de Yaoundé qui seront au cœur de la construction du nouveau palais.

Ma proposition a été balayée d’un revers de main et pourtant c’est exactement ce que fait en ce moment l’Arabie Saoudite avec la Chine. Ce ne sont plus les entreprises chinoises qui viennent construire les routes ou les villes, mais des entreprises publiques conjointement créées par les deux pays, exactement sur le modèle que j’avais inutilement proposé à Yaoundé.

Le 03 mai 2023, la Direction générale du Trésor Français rédige une note intituléé :
“La stratégie d’investissements de Saudi Aramco à l’international”

Voici ce qu’on peut y lire sur les investissements saoudiens en partenariat avec les entreprises publiques chinoises en Chine dans le secteur de la raffinerie du pétrole saoudien : 12,2 milliards de dollars d’investissement.

La Direction générale du Trésor Français écrit :

Selon le rapport annuel de Saudi Aramco, la capacité totale de raffinage de l’entreprise s’élevait à 4,1 millions de barils par jour (Mb/j) en 2022, dont 63% en Arabie saoudite.

En 2022, 26% de la production de pétrole d’Aramco a été traitée dans les raffineries saoudiennes. La capacité de raffinage détenue par Saudi Aramco à l’étranger est de 1,5 Mb/j, soit plus du tiers de sa capacité totale.

Saudi Aramco a investi dans deux projets stratégiques en Chine. Un premier accord avait été signé en 2017 à l’occasion de la visite du Roi Salman à Pékin, portant sur la construction d’une raffinerie et d’un complexe pétrochimique dans la province de Liaoning.

La réalisation des projets avait été interrompue en 2020 suite à la pandémie de Covid-19. Les négociations ont été relancées en 2022 et en mars 2023, la reprise de la construction du complexe de Liaoning a été annoncée.

La décomposition de l’actionnariat est la suivante : Saudi Aramco (30%), China North Group Corp (Norinco Group) (51%) par l’intermédiaire de sa filiale North Huajin Chemical, et Panjin Xincheng Industrial Group (19%). Le coût total des investissements est de 12,2 Mds USD.

La raffinerie aura une capacité de traitement de 300 000 b/j et le complexe pétrochimique une capacité de production annuelle de 1,65 million de tonnes (Mt) d’éthylène et de 2 Mt de paraxylène. Aramco fournira jusqu’à 210 000 b/j de pétrole à la raffinerie.

L’entrée en production des deux sites est attendue pour 2026. Depuis 2017, les exportations saoudiennes de pétrole vers la Chine ont augmenté en volume de 75%. Premier client de l’Arabie saoudite, la Chine représentait en 2022 près de 24% des exportations saoudiennes de pétrole.

Sources :
1) https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2023/05/03/la-strategie-d-investissements-de-saudi-aramco-a-l-international
2) Pour aller plus loin : https://www.aa.com.tr/en/energy/general/saudi-aramco-to-co-build-10b-refinery-in-china/23587

C’est cela une sacrée différence avec les états africains, qui restent en attente que la Chine investisse chez eux et eux-mêmes ne font rien.

On pourrait objecter que les pays africains n’ont pas les moyens qu’a l’Arabie Saoudite. Mais cette objection ne tient pas debout, puisqu’il aurait suffi de commencer petit et comme dans le cas de la construction du Palais servant de Parlement au Cameroun, de créer une entreprise conjointe, où le Cameroun y investit une partie d’argent que le pays emprunte d’habitude sur les marchés.

On ne peut pas emprunter juste pour financer les besoins de fonctionnement du pays, mais ce serait plus efficace de penser à employer l’argent emprunté sur la création des entreprises conjointes productrice de revenus. C’est à ce niveau que se situe le probable transfert de technologie.

Restons en 2023, toujours en Arabie Saoudite.
(…)
(…)
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Jean-Paul Pougala

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