Les camerounais sont habitués aux séjours prolongés de leur président en Suisse tous les ans. Il se fait accompagner d’une pléthore de fonctionnaires pour assurer le moindre de ses désirs, de sa femme et de ses enfants. Le contribuable camerounais est mis à contribution pour couvrir les frais ubuesques d’un président aveuglé par l’usure du pouvoir. Mais depuis les dernières élections « démocratiques » qui ont reconduit Paul Biya au pouvoir, des voix osent enfin s’élever pour dénoncer un régime opaque.

Paul Biya a-t-il besoin de séjourner tous les ans en Suisse où il passe plusieurs mois ? Seul un régime aveugle ne peut se déjuger. Le Cameroun ne saurait se développer avec un intermittent alors que le pays a besoin d’une dynamique permanente pour relever les défis, à l’instar des dragons d’Asie.

Éviter ce tohu-bohu qui nuirait à notre image si écornée

L’image du Cameroun n’est pas luisante à l’étranger. Elle est aussi largement ternie par le comportement de ses dirigeants qui sapent, consciemment, tous les projets qui concourent à l’épanouissement du citoyen et au développement économique. L’assiduité de Paul Biya dans le Canton helvétique en est la preuve. Le pays est dirigé par ordonnances.

Les séjours prolongés de Paul Biya en Suisse témoignent de l’immobilisme du pouvoir politique et de son inaction. Un pays jeune et ambitieux a besoin d’un dirigeant présent, dynamique et qui s’interroge. Paul Biya ne remplit pas ces qualités.

Au moment où le Cameroun vient de se voir retirer l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), le pays a besoin de faire une introspection pour se remettre en cause et trouver des solutions pour rebondir. Les fonctionnaires véreux à l’origine de tous ces échecs sont toujours en place. Ils poursuivent allègrement leur exercice de vol à la tir des deniers publics.

Le Cameroun est toujours en guerre. Au Nord, Boko Haram tue aveuglement. Au Sud-Ouest, les séparatistes opèrent face à une armée qui commence à douter.

Paul Biya a-t-il besoin de s’offrir des vacances de luxe alors que son pays est en surchauffe ? Certes, nous condamnons avec véhémence tous ceux qui se sont introduits à l’Hôtel Continental de Genève pour le déloger. Cette brutalité outrancière est insupportable car elle écorne un peu plus l’image d’un pays exsangue où les prisonniers politiques croupissent dans les mouroirs surchauffés de leurs geôles.   

Arrêtons ce tohu-bohu au moment où notre pays traverse une période d’incertitude qui peut se révéler néfaste pour le pauvre citoyen déjà en souffrance chronique. L’usage de la force et la brutalité incontrôlée des hommes du pouvoir en territoire neutre ne sert pas nos intérêts communs. Le Cameroun a besoin d’une paix durable pour s’émanciper des siècles d’esclavage, de colonisation et de néo colonisation pour s’extirper de la longue nuit qui nous couvre.  

Nous avons tout à perdre en nous exhibant en Suisse pour déloger un président en fin de règne. Le devoir nous incite aujourd’hui à regarder droit devant nous et à trouver des solutions pour tous nos combats communs :

  • La fin des hostilités dans le Sud-Ouest ;
  • La libération des prisonniers politiques ;
  • De nouvelles élections enfin transparentes…

L’image du Cameroun est tristement écornée par nos règlements de compte à l’extérieur du pays. Le pouvoir en place en porte la responsabilité car il est autiste. Il ne peut continuellement enfermer tous ceux qui aspirent à la liberté, qui manifestent pour dénoncer les abus de pouvoir et qui réclament de nouvelles élections.

Le Cameroun a besoin de tous ses enfants. Le pouvoir en place a tort de marginaliser ceux qui dénoncent ses dérives.  
 
 
Par Michel Lobé Etamé
Journaliste

Related Posts