(texte)

Je suis content chaque fois que je reviens ici, à notre base des Nouveaux Industriels Africains où nous avons passé ensemble un mois en Octobre et en Avril, de chaque année, de découvrir que les jeunes africains sont toujours de plus en plus nombreux à revenir ici et investir les lieux, pour cheminer par eux-mêmes, sans plus m’attendre.

Je suis heureux de constater aussi que vous avez compris la différence qu’il y a entre vous, dépositaires d’un certain savoir de Guerre économique et les autres, et tous ces africains qui vont tous vers Xiaobei.

La différence entre vous et eux tient substantiellement en un constat : les africains, sans notions de guerre économique, sont les seuls peuples à qui personne n’a donné le manuel d’instruction du monde dans lequel ils vivent.

Ils montent et descendent comme des fourmis, sans raison apparente, et semblent perdus dans un monde qu’ils ne maîtrisent pas.

Ils sont des millions à se précipiter ici dans le sud de la Chine, chaque jour, pour soi-disant faire les affaires, et ils sont incapables de regarder autour d’eux et se poser les bonnes questions :

1) Pourquoi il n’y a que les africains qui débarquent dans une ville de 25 millions de chinois faire les affaires de cette manière la ?

2) Pourquoi des jeunes européens, asiatiques ou sud-américains ne courent pas eux aussi ici pour charger de nombreuses valises de pacotilles ?

3) Pourquoi de nombreuses familles pakistanaises, péruviennes ou moldaves n’envoient pas leurs enfants étudier ici, pour a la fin des études ouvrir des entreprises d’import-export dans l’espoir de devenir riches elles aussi ?

La vérité est beaucoup plus amère : l’africain semble décidément avoir moins de bonnes informations que les autres.

Ils ne savent pas que dans un marché ouvert, on ne devient pas riche en vendant les produits de basses qualités juste parce qu’ils sont moins cher.

Ils ne savent pas que personne ne devient riche en se listant à vendre les produit où le client trouvé avec difficulté ne revient pas de lui-même, une deuxième fois, une troisième fois et perpétuellement. Et qu’ils faut à chaque fois redéployer les sacrifices pour trouver le prochain client, le nouveau.

Voilà pourquoi, ils reviennent et reviennent encore et encore ici, pour les mêmes pacotilles.

Quand je vends un sachet de lait à un enfant à 50 francs CFA, cette somme est négligeable à première vue, mais le secret du succès réside dans le fait que cet enfant reviendra de lui-même à la boutique le le demain me redonner ses 50 francs.

L’effort pour l’avoir comme client, je le fais une seule fois. Le reste de temps, c’est lui qui se déplace pour faire tourner mes machines à l’usine.

C’est cela le monde merveilleux de l’industrie que ne connaissent pas les africains, parce qu’il a ses codes et ses secrets qu’il faut maîtriser et apprivoiser. Effort que homme africain ne veut pas déployer, se contenant de l’artisanat comme produire le miel, le savon pour s’appauvrir davantage.

C’est tout de même incroyable toutes ces rues de Guangzhou avec tant d’africains qui montent et descendent avec 3 ou 5 pacotilles dans des énormes sacs, avec une transpiration au rendez-vous mais avec une question en moins, pourtant cruciale :

Est-ce qu’il n’y a pas une meilleure manière de procéder pour gagner de l’argent et surtout, beaucoup plus d’argent ?

Entre les frais de visa, les frais de billet d’avion, pour venir ici vivre comme des rats dans des hôtels pourris à 10 dans une chambre et tout cela pour espérer devenir riches, on a envie de se demander :

Qu’est-ce qui n’a pas marché chez l’africain ?

J’ai récemment vu au Canton Fair d’avril 2024, des télévisions africaines envoyer leurs journalistes filmer une foire pour expliquer à leurs téléspectateurs les opportunités à saisir.

Je dis bien : faire 20.000 km de vol depuis l’Afrique pour venir à Guangzhou, filmer une foire, soi-disant pour montrer les opportunités.

Il y avait aussi la télévision publique de mon pays, le Cameroun, la CRTV.

On n’a pas pris la peine de leur expliquer qu’une foire, c’est une foire, c’est-à-dire, une manifestation commerciale où des vendeurs proposent leurs produits à des potentiels acheteurs. Et puis c’est tout.

Et jusqu’ici, je ne vois rien de spécial, qui puisse expliquer qu’on vienne à des milliers de km, braquer des caméras de télévision pour expliquer une activité somme toute banale.

J’ai du temps pour comprendre une telle incohérence : quand beaucoup me lisent parler du Canton Fair, ils doivent se dire que si de nombreux jeunes viennent avec moi ici pendant 30 jours, il doit y avoir forcément ici à Guangzhou, un miracle, une chose spéciale, pour les sortir de la pauvreté sans effort.

J’ai même vu d’autres naïfs venir ici comme influenceurs pour faire des directs et expliquer à d’autres naïfs comme eux, ce qu’ils ne peuvent pas comprendre car ‘e système capitaliste est par définition, très complexe à comprendre pour les colonisés, pire encore pour des colonisés qui ne veulent faire aucun effort.

J’ ai vu d’autres encore proposer même à la vente, les adresses des exposants.

Ce qu’ils ne savent pas est que nous ne venons pas ici pour trouver les fournisseurs, il y a le site Alibaba et bien d’autres sites officiels pour cela.

Le voyage en Chine rentre dans un processus de passage de l’ancien système sous l’hégémonie américaine au nouveau sous les Brics avec à sa tête, la Chine et la Russie.

Ce duo impose un nouveau logiciel dans un nouveau monde à venir où il vaut mieux être parmi les premiers pour se faire sa place et y devenir des vrais protagonistes.

Nous ne venons pas ici faire les Bayam-Sellam de pacotilles, mais nous exercer dans un nouveau rythme de industrielle, avec des nouveaux codes, de nouveaux partenaires pour sortir de l’angle de discrimination où l’Afrique des affaires était confinée depuis 2 siècles.

Nous venons ici pour nous exercer à ne plus courrir dans le sac, mais d’avoir pleinement notre place autour de la table où l’avenir du monde se décidera dans 10 ou 20 ans.

Nous sommes ici, pour nous donner les moyens matériels et intellectuels, pour porter le flambeau d’une deuxième révolution de la résistance africaine.

Les révolutionnaires africains du 21ème siècle seront avant tout ceux qui auront pris le temps d’analyser pour comprendre les erreurs d’appréciation et le manque d’alliances stratégiques des premiers révolutionnaires africains, pour se préparer à construire une nouvelle page des politiques africaines à venir, dans un monde lui-même devenu évolutif, révolutionnaire par le fait de deux acteurs incontournables, la Chine et la Russie.

La chance à voulu que les bourreaux occidentaux de l’Afrique soit en difficulté idéologique.

Comme africains, Sommes-nous assez futés pour en tirer profit avant leur réveil, leur regain de vitalité qui ne manquera pas à refaire surface ?

Nous ne pouvons pas louper de prendre ce train de l’histoire qui va bientôt s’arrêter devant notre porte, en Afrique.

Jean-Paul Pougala

Mardi le 18 juin 2024

Related Posts