A tort ou à raison, la constitution des pays africains est à l’image des femmes et des hommes en charge de l’appliquer. Elle est au service du pouvoir absolu. Or les manuels nous définissent la constitution comme un ensemble de textes juridiques qui définit les institutions de l’Etat et qui organise leurs relations. Elle constitue la règle la plus élevée de l’ordre juridique.
Cette constitution devrait soulever des espoirs. Ce n’est pas le cas. Elle est soumise à des politiciens peu vertueux qui en font un instrument à leur service. A la fin d’un mandat, la pauvre constitution est violée pour de nouveaux challenges sans fin. Les espoirs suscités par les populations s’évanouissent tels des châteaux de cartes. L’appétit du pouvoir et la peur d’être jugés par son peuple poussent les gouvernants, avec la complicités explicites des multinationales et des néo colonisateurs à piétiner le droit.
Nul ne saurait aujourd’hui définir un modèle politique en Afrique. En Afrique Centrale, la situation est plus claire : les dictateurs en exercice n’ont plus recours à leurs constitutions. Ils se représentent continuellement. Seule la mort les éloigne du pouvoir qui est aussitôt repris par leurs enfants. Cette nouvelle forme de monarchie s’est installée. Elle est encouragée par les puissances occidentales qui y trouvent un moyen de prolonger leur mainmise sur les richesses du pays.
Ces gouvernants controversés sont reçus avec tous les honneurs quand ils se déplacent en Occident. Ils sont considérés comme des alliés sûrs et fidèles. Ils règnent et se moquent de leurs populations soumises à la violence quotidienne, à l’arbitraire, à la pauvreté, à la maladie, etc.
Au Tchad, un fait majeur est venu rappeler aux populations que la Constitution s’applique au gré du colonisateur. Le fils Déby a été installé au royaume du Tchad. Celui qui l’a intronisé n’est rien d’autre que le président français, Emmanuel Macron. Ce fils servile vient de prolonger le mandat que lui a octroyé son maître. Le pauvre peuple est sorti dans la rue pour manifester sa colère. Il y a eu un carnage. Des jeunes, ayant pour seules armes leurs slogans, ont été froidement abattus. Comme des lapins dans un pays adoubé par la France. Des morts par dizaine ont rempli les morgues du pays dans l’indifférence de la communauté internationales. La chasse aux sorcières se poursuit.
En Afrique de l’ouest, les marches pacifiques ont eu raison des dictateurs en place. Qualifiés de coups d’Etats ici, les militaires, sous la pression de la rue, ont eu raison des pouvoirs civiles moribonds incapables de répondre aux urgences sécuritaires qui déstabilisent le Mali, le Burkina-Faso et le Niger. Ces soulèvements sociaux ont conduit à la confusion politique qui alimente les débats.
Ces coups d’Etats militaires sont dénoncés par la communauté internationale. Il est juste de dénoncer les hommes en treillis qui ne sont pas préparés à gouverner. Mais il faut aussi dénoncer l’hypocrisie de l’Occident qui installe des dictateurs qui piétinent leurs propres constituions. Ces derniers s’installent au pouvoir par des élections faussées d’avance.
Pour les populations africaines dans la tourmente, les coups d’Etat militaires sont condamnables. Mais les coups d’Etats constitutionnels le sont encore plus. La jeunesse africaine est plus que jamais résiliente. Elle est prête à arracher sa liberté et à favoriser un climat de confiance et de paix civile. Mais ce qu’elle réclame en particulier, c’est que chaque pays puisse choisir librement ses dirigeants et jouir de ses richesses pour un développement autocentré.
Cette liberté est réclamée par tous ceux qui se font appeler « africanistes » et qui se battent au péril de leur vie. Cette force ne saurait s’arrêter. Elle est mature. Les intimidations en cours pour les pousser à la clandestinité ne les indisposent pas. Leur cause est juste et elle est bien accueillie par une jeunesse qui s’organise de mieux en mieux pour proclamer haut et fort ses droits.
Cette jeunesse ne se reconnait pas dans la soumission de leurs dirigeants. Elle a désacralisé la mort et elle veille au respect des droits humains. Comme nous pouvons le rappeler, les échecs constitutionnels sont à l’origine de la pauvreté ambiante qui déstabilise l’Afrique noire. Les présidents en exercice, très souvent taxés de laxistes, voire de serpillières, portent la responsabilité des échecs sociaux, économiques et de développement d’un continent soumis à la mendicité. Ces pays regorgent de richesses inestimables pour promouvoir ses richesses tant convoitées.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant