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Le retour des coups d’État militaires: un scénario que l’on voit se répéter dans différents pays d’Afrique noire francophone..

(Texte) en photo le nouvel Homme fort du Gabon

Quel sera le prochain?

La “légitimité” des chefs d’État voulus “démocratiquement élus” ne peut indéfiniment être dictée aux peuples depuis l’étranger, notamment par l’ancienne puissance coloniale avec la complicité de la communauté dite internationale, au terme de processus électoraux biaisés comme au Gabon, de successions dynastiques comme au Tchad, ou de confiscations monarchiques du pouvoir sous une répression systémique, etc….

Sur cette lancée, la France pourrait dans quelques années voire mois, perdre toute sa zone d’influence en Afrique noire francophone; et ce n’est pas faute d’avoir longtemps tiré la sonnette d’alarme sur son appréciation à géométrie variable de la légitimité présidentielle en Afrique noire francophone en fonction uniquement de ses intérêts.

En effet défendre ses intérêts stratégiques dans une région n’implique pas nécessairement la maintenir sous une chape de plomb totalitaire et militaire d’inspiration néo-coloniale.

Il faut urgemment changer de logiciel diplomatique en Afrique, à défaut d’être obligé bientôt de fermer les dernières bases militaires françaises sur le continent.

Sans en aucune manière soutenir cette spirale régressive des coups d’État en Afrique noire francophone, nous ne devons pas non plus être dans un narratif Françafricain consistant à avoir une conception à géométrie variable de la légitimité populaire, en fonction uniquement des intérêts stratégiques des puissances étrangères.

Le Gabon dont le processus électoral vient d’être pris en otage par un dictateur largement vaincu par l’opposant Albert Ondo Ossa ne peut en aucune manière représenter un modèle de légitimité démocratique en Afrique. C’est en partie ce que dénoncent nombre d’intellectuels et activistes panafricains opposés à la persistance de la Françafrique.

Ne pas l’entendre se ramène à s’enfermer dans un déni officiel en faisant le dos rond, alors même que les années d’influence paternaliste de la France dans cette partie du monde sont désormais comptées. Parce qu’elle s’est essentiellement adossée à une illégitimité systémique, sur laquelle s’engouffrent précisément tous ces putschistes avec le soutien de populations trop longtemps frustrées.

Voilà!

Joël Didier Engo, CL2P

Au Gabon, des militaires proclament l’annulation des élections après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo
A la tête du pays depuis quatorze ans, Ali Bongo venait d’être réélu président pour la troisième fois. Des militaires, dont des membres de la garde républicaine, ont annoncé la dissolution des institutions et la fermeture des frontières.

Le Monde avec AFP

Des militaires gabonais annoncent à la télévision l’annulation des élections et la dissolution des institutions du pays sur la chaîne Gabon 24, le 30 août 2023. Des militaires gabonais annoncent à la télévision l’annulation des élections et la dissolution des institutions du pays sur la chaîne Gabon 24, le 30 août 2023. Des militaires gabonais annoncent à la télévision l’annulation des élections et la dissolution des institutions du pays sur la chaîne Gabon 24, le 30 août 2023. CAPTURE D’ECRAN X @MMALEKOU / GABON 24
La confusion règne au Gabon où, à peine la victoire d’Ali Bongo Ondimba à présidentielle du 26 août connue, des militaires sont intervenus sur la chaîne de télévision publique Gabon 24 pour annoncer l’annulation des élections et la dissolution des institutions. « Nous mettons fin au régime en place », ont affirmé un groupe d’une douzaine de militaires gabonais mercredi 30 août à l’aube, précisant que « les frontières sont fermées ».

Parmi ces militaires figuraient des membres de la garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence, reconnaissables à leurs bérets verts, ainsi que des soldats de l’armée régulière et des policiers. La déclaration a ensuite également été diffusée sur la télévision publique Gabon Première.

Après avoir constaté « une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos (…), nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », a déclaré un militaire à la télévision, disant s’exprimer au nom d’un « Comité de transition et de restauration des institutions ».

Tirs d’armes automatiques à Libreville
Selon des journalistes de l’Agence France-Presse présents sur place, des tirs d’armes automatiques ont été entendus pendant cette déclaration dans la capitale gabonaise, Libreville.

Au pouvoir depuis quatorze ans, le président Ali Bongo Ondimba venait tout juste d’être déclaré réélu, mercredi matin, pour un troisième mandat, avec 64,27 % des suffrages exprimés.

Selon l’autorité nationale chargée des élections, M. Bongo avait battu, dans un scrutin à un seul tour, son principal rival, Albert Ondo Ossa, qui n’a recueilli que 30,77 % des voix, ainsi que douze autres candidats qui n’ont récolté que des miettes. Le président du Centre gabonais des élections (CGE), Michel Stéphane Bonda, avait annoncé les résultats à l’antenne de la télévision d’Etat Gabon Première. Le taux de participation a été de 56,65 %.

Albert Ondo Ossa avait dénoncé des « fraudes orchestrées par le camp Bongo » deux heures avant la clôture du scrutin samedi et revendiquait alors déjà la victoire. Son camp a exhorté lundi M. Bongo à « organiser, sans effusion de sang, la passation du pouvoir » sur la base d’un comptage effectué selon lui par ses propres scrutateurs, mais sans produire de document à l’appui.

Les résultats officiels ont été égrenés en plein milieu de la nuit, à 3 heures (4 h 00 à Paris), sur la télévision d’Etat sans qu’aucune annonce de l’événement n’ait été faite préalablement. En plein couvre-feu donc, et alors qu’Internet est coupé dans tout le pays, deux mesures décrétées par le gouvernement samedi avant la fermeture des bureaux de vote, afin de parer selon lui à la diffusion « de fausses nouvelles » et à d’éventuelles « violences ».

Le communiqué des militaires lu à la télévision
Voici le verbatim du communiqué d’un groupe d’une douzaine de militaires gabonais, lu sur la chaîne de télévision Gabon 24 abritée au sein de la présidence.

« Notre beau pays, le Gabon, a toujours été un havre de paix. Aujourd’hui, ce pays traverse une grave crise institutionnelle, politique, économique et sociale.

Aussi, force est d’admettre que l’organisation des échéances électorales, dites élections générales du 26 août 2023, n’a pas rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonaises et les Gabonais. A cela s’ajoute une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos.

Ce jour, 30 août 2023, nous, forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), au nom du peuple gabonais et garant de la protection des institutions, avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place.

A cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés. Les frontières sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Toutes les institutions de la République sont dissoutes, notamment le gouvernement, le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique, social et environnemental, le Centre gabonais des élections.

Nous appelons les populations, les communautés des pays frères installées au Gabon ainsi que les Gabonais de la diaspora au calme et à la sérénité. Nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon vis-à-vis de la communauté nationale et internationale.

Peuple gabonais, c’est enfin notre essor vers la félicité. Que dieu et les mânes de nos ancêtres bénissent le Gabon. Honneur et fidélité à la patrie. Je vous remercie. »

Le Monde avec AFP

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