Il ya quelques jours, dans une indescriptible solitude et dénuement sanitaire, le père d’une amie est décédé à son domicile, dans son village, d’une suspicion de covid-19, sous les yeux impuissants des siens. Trois jours après ce décès, l’oncle de cette brave femme et son frère, se mirent à présenter des symptômes d’infections au covid-19 et sont à ce jour dans un état très critique… Pour l’un d’eux, le pronostic vital est d’ailleurs « très réservé ».
Il ya quelques semaines, sont décédés, deux avocats et deux médecins que j’ai personnellement connu, du covid-19. On remarque qu’ici on ne parle pas de suspicion de covid-19 , car ces derniers ont pu bénéficier d’un test de dépistage, mais ont été piégés par l’incurie criminelle et le délaissement du système de santé camerounais : impossibilité de bénéficier d’une assistance respiratoire pour des malades souffrant de pathologie pulmonaire.
Si je peux à l’infini, multiplier des exemples comme ceux-ci, ceci signifie que nous sommes un nombre incalculable de camerounais qui voient tous les jours, des gens mourir de coronavirus ou d’un soupçon de coronavirus, car très peu sont ceux qui ont accès à des tests de dépistage. Ce qui de toutes évidences, renseigne sur le caractère fallacieux et mensonger des statistiques du Cameroun sur la prévalence de cette pandémie.
C’est dans ce contexte sanitaire que l’on voit le gouvernement camerounais, s’embourber dans un juridisme charlatanesque, pour faire obstacle à une initiative de solidarité de Maurice KAMTO sous l’appellation, Cameroon-Survival Initiative. Dans cet ordre d’idées, poussant son effronterie à la limite d’une démarche génocidaire planifiée, le ministre camerounais de la Santé Publique, Mamaouda MALACHIE, refuse un don de Maurice KAMTO, d’une valeur de 100 millions de francs CFA, composé de 10 000 masques barrières, de 6 800 masques chirurgicaux et de 950 tests de dépistage du Covid-19,
Des esprits malins prétendront qu’on est en politique et que sur ce terrain, tous les coups sont permis. La politique, la vraie, se veut avant tout noble, elle renvoie à la civilité, à la responsabilité… La concurrence saine et loyale est le carburant de la politique. Si on part du postulat selon lequel la générosité de KAMTO, adversaire politique du régime BIYA dans toutes ses déclinaisons, n’est pas dénuée d’intention politique (ce qui est une lapalissade), on devrait pouvoir lui opposer une démarche concurrente pertinente qui, tout en prenant en considération le don mis à disposition du gouvernement, offre au peuple camerounais davantage de garanties quant à sa capacité à faire face à la crise du COVID-19.
La politique, la vraie est celle qui met l’homme au centre de ses préoccupations. Elle ne doit plus être le réceptacle de la voyoucratie morale et intellectuelle. Faire de la politique veut dire autre chose que mentir.
Le Cameroun de demain ne peut donc pas faire l’économie d’une connexion à une forte exigence éthique, dans une société gangrenée par la corruption, dont le corollaire est l’extrême relativité de la vérité et de la morale.
Mais en attendant ce monde nouveau, les Camerounais, bien au-delà de ce que présentent les statistiques officielles, sont massivement arrachés à la vie par le coronavirus, qui dans la réalité, ferait au moins autant de morts que la guerre dans le NOSO.
Va t-on longtemps se contenter de cette paix des cimetières, de cette paix de ceux qui sont à table pendant que le peuple meurt de faim , de cette paix de ceux qui sont protégés dans des bunker aseptisés et ordonnent la réouverture des bars et autres lieux de loisirs, afin d’enfoncer le peuple dans une insouciante éthylique qui l’éloigne des réalités de l’incurie managériale du régime BIYA ?
Ce peuple qui sait désormais, que la malgouvernance et son corollaire de pauvreté, coûtent plus de vies au Cameroun que tous les génocides perpétrés dans ce pays, assurément rumine sa colère.
Maître Amédée Dimitri TOUKO TOMMilitant – Analyste Politique