L’esclavage et la colonisation ont causé chez le sujet dominé de nombreux ravages. Le plus pernicieux de tous, me semble être l’idée que l’ancien esclavagisé ou colonisé se fait de sa personne dans ses rapports avec l’esclavagiste ou le colon d’hier.
La séduction du pouvoir dominant, de sa puissance induit chez l’assujetti fragile, l’aspiration à ressembler au Maître, y compris physiquement…
C’est ainsi que le modèle caucasien ou caucasoïde qui englobe en général les phénotypes physiques des populations d’Europe, du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord, de la Corne de l’Afrique, du sud de l’Asie centrale, et du nord de l’Asie du Sud est plébiscité par des individus de type négroïde, de formation philosophique élémentaire et en crise d’identité.
Si ce phénomène se révèle être un problème de santé publique, un problème économique, il l’est davantage dans la construction philosophique, intellectuelle, culturelle et spirituelle des Peuples.
UNE QUESTION ÉCONOMIQUE ET DE SANTÉ PUBLIQUE
Parlant de la santé, beaucoup réduisent la compréhension qu’ils ont de cette question à une dimension individuelle, en ce sens qu’on serait libre de faire de son corps ce que l’on veut, de choisir la couleur de peau que l’on veut. Ils devraient aller plus loin en disant qu’on est libre de vendre et consommer la drogue que l’on veut…
Plus sérieusement, la politique de santé publique est du domaine de l’État, qui définit et met en œuvre une politique qui protège le citoyen. À ce titre, il veille sur les risques sanitaires menaçant les populations, fait la promotion de la santé et la réduction des risques. Dans le cadre de cette mission, les médicaments et alicaments font l’objet d’une vigilance particulière. Leur mise sur le marché est conditionnée par une autorisation spéciale ou un contrôle strict. L’idée ici étant de veiller à la bonne santé des citoyens et de protéger le consommateur parfois perdu au milieu de la jungle des allégations santé.
Dans le cadre de cette mission, les pouvoirs publics, par une démarche expertale, évaluent le bénéfice risque de tout produit, aliment, dont l’autorisation de mise sur le marché lui est soumise. Dans cette démarche, le principe de précaution qui a pour but de mettre en place des mesures pour prévenir des risques, lorsque la science et les connaissances techniques ne sont pas à même de fournir des certitudes, principalement dans le domaine de l’environnement et de la santé, voudrait l’on n’autorise que la mise en circulation des produits dont on a la garantie scientifique, en l’état de l’évolution de la science, de leur qualité. Il implique donc l’interdiction à priori des produits douteux.
Un produit dangereux ne l’est pas que pour le consommateur. Il ne s’agit pas simplement d’une question de liberté individuelle, mais de santé publique et même d’économie de la santé. Le coût pour des familles, pour l’État, donc pour la société entière du traitement de pathologies qu’une bonne politique de santé publique aurait permis d’éviter est dans ce sens très éloquent.
LA DÉPIGMENTATION DE LA PEAU : UN PROBLÈME DE SANTÉ MENTALE ET UNE CRISE IDENTITAIRE
Le problème de la dépigmentation de la peau n’est pas qu’un problème de santé physique, c’est davantage un problème de santé mentale, une crise d’identité.
Vendre dans une société l’idée que l’on serait beau ou éligible à quelque chose, selon la couleur de sa peau, est une véritable tragédie. Se construit par cette idée, une société de sous-personnes, en attente de se réaliser dans une peau plus claire, une société racialisée, dans laquelle l’identité qu’on se donne détermine notre existence. Une société décapée, fausse…
S’éclaircir la peau, c’est donc promouvoir la « sacralité » du caucasien.
L’EXEMPLE DE L’AFRIQUE DU SUD
De tous mes voyages qui m’ont conduit dans la quasi-totalité des continents de ce monde, mes voyages en Afrique du Sud furent d’un grand enseignement :
j’y ai rencontré les plus belles créatures que compte cette terre. Pourtant, la dépigmentation y est interdite, la commercialisation des produits éclaircissant y est assimilée et punie au même titre que le trafic de drogue. Depuis l’année 2019, un jeune camerounais y purge une peine de 10 années de prison, pour y avoir introduit frauduleusement, la merde fabriquée au Cameroun .
Dans ce pays de la fierté culturelle africaine, l’immigrée camerounaise, congolaise, nigériane, se reconnaît à ses faux cheveux, à sa fausse couleur de peau, à sa superficialité, finalement à son insignifiance.
Me Amedee Dimitri Touko Tom Expert en Droit de la Santé