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Rarement dans l’histoire de l’humanité, des dirigeants dont la mission première est de travailler pour le bien-être des populations, n’ont semé dans leur peuple autant de souffrance, de maux et de désolation.
De cette République des marasmes dont Paul BIYA est l’architecte et le bâtisseur depuis 42 années, le tribalisme est le ferment. Il oriente tout, il régente tout.
Désormais, avec un aplomb déconcertant, des hommes politiques, des intellectuels, en viennent à n’imaginer le devenir du Cameroun que comme une Nation composée de groupes ethniques, fragmentés, superposés, qu’on protégerait des autres… C’est dans ce contexte que prolifèrent des concepts en réalité xénophobes tels qu’allogenes, autochtones, que sont consacrées des inepties managériales telles que “l’équilibre régional”, que germent des idées qui figent des peuples dans leur essence comme le “Fédéralisme Communautaire” de Cabral LIBII.
Renonçant à l’ambition nationale, les dirigeants camerounais ont savamment inoculé dans le peuple, l’idée de l’élection et de la sélection par la tribu, laquelle a aujourd’hui embrasé le Cameroun.
En réalité, celle-ci n’a qu’une seule finalité, aider à la conservation du pouvoir. Le projet national ne s’accomodant pas des règnes sans fin, on a choisi au Cameroun de s’en éloigner.
On a construit un pouvoir essentiellement mono-ethnique et on a recruté dans certaines autres, des éléments pour en faire le vernis. C’est pourquoi des esprits naïfs ou simplement manipulateurs diront ou penseront que cette prédation d’État serait en réalité la résultante d’une composition ethno-politique. À vrai dire, que représente un Niat Njifendji ou un Cabaye Yeguie dans la moelle substantielle du pouvoir au Cameroun ? En effet, rien qui soit en rapport avec l’ordre protocolaire qui est le leur dans la hiérarchie institutionnelle. Ils ne représentent que leur part dans le système, mais ils ont la lourde mission d’être des faire-valoir ethniques.
Cet establishment mafieux qui travaille main dans main à la conservation du pouvoir, se protège essentiellement avec les matériaux de l’ethnicité qui sont leur seul outil🔧 de management.
C’est ainsi que toute démarche politique ambitionnant de prendre le pouvoir sera rapidement présentée comme l’agression d’une ethnie contre la République. La République ici étant le pouvoir dominant, mono-ethnique.
Pour ce faire, en amont, au moyen des fraudes électorales, de la communication de propagande et de manipulation, on travaille à cantonner dans les esprits et sur le terrain, le rayonnement des organisations politiques, à la région d’origine de leur leader. De facto, le projet porté est présenté comme procédant des ambitions d’un groupe ethnique contre les autres.
SORTIR DU PIÈGE DE L’ETHNICITÉ
Piégé par ce succès de l’arme de dissuasion ethnique, des partis politiques de l’opposition donnent l’impression de vouloir se défaire de la réalité politique et sociologique du fief à partir duquel ils construisent leur ambition nationale. Dans un exercice de communication, ils s’empressent de vendre au monde la diversité ethnique de leurs responsables. Ce faisant, ils se soumettent au diktat de la primauté de la tribu, ils utilisent le logiciel de gestion du RDPC, parti au pouvoir.
Si notre diversité et richesses culturelles sont ce qui fait le charme unique de ce pays, l’identité ne saurait avoir une certaine primauté sur la vie, sur la citoyenneté. C’est sur cette unique base que se construit une majorité politique en démocratie. Une voix toupouri, n’est pas moins importante qu’une voix bamiléké, Beti ou anglophone et inversement.
On doit être capable dans ce pays, émancipé de ce carcan ethnique dans lequel le colon nous a enfermé, de penser que pour être élu, on doit simplement pouvoir réunir la majorité des suffrages exprimés. Un élu ayant obtenu 55% des suffrages constitués essentiellement des voix des régions du grand Nord a bel et bien battu celui qui vient en deuxième position avec 45% des suffrages exprimés d’électeurs répartis dans les 7 autres régions.
Si on veut construire une Nation, on doit en avoir l’ambition et le courage. On doit pouvoir faire rêver les camerounais, on doit se donner l’ambition de sortir du modèle colonial et néocolonial de la confrontation ethnique du “diviser pour régner”.
L’intelligence managériale et politique de dirigeants démocratiquement élus, sur la base d’un Projet National ambitieux, doit permettre de conjuguer l’extraordinaire ressource de nos identités plurielles.
Ma conviction, c’est qu’on ne peut, sur le chantier de la construction nationale faire pire que ce qu’à fait le régime BIYA.
Il faut donc sur ces sujets, arrêter de faire peur aux camerounais.
Le suffrage et l’alternance au pouvoir assurent la sanction des mauvais ou la récompense des bons dirigeants.
Amedee Dimitri Touko Tom