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Le franc CFA est créé le 26 décembre 1945, date de la déclaration de sa parité au FMI par la France. Cette parité est de 1 FCFA = 2 Francs français (FF) en 1948. Après nombre de péripéties, en 1994, cette parité devient, étrangement, 1FF = 100 FCFA.
Avec l’avènement de l’euro cette parité demeurée fixe établit 1 euro = 655, 957 FCFA.
Aux origines, cette monnaie est créée afin de favoriser les transactions économiques et financières entre la France et ce que l’on peut globalement considérer comme ses colonies. On parle très clairement de Franc des colonies françaises d’Afrique. En dépit des modifications dénominationnelles et simplement artefactuelles ultérieures, la fonction de drainage des ressources de la périphérie africaine vers le centre métropolitain français demeure.
CE QUE LE FRANC CFA FAIT AUX PAYS AFRICAINS MEMBRES DE LA ZONE DITE FRANC (PAZF)
Le FCFA entretient sous-emploi massif, chômage et pauvreté à grande échelle
Il ne favorise pas la création monétaire, le financement adéquat des activités économiques par le système bancaire des États de cette zone demeuré répressif.
En conséquence, il ne favorise pas le développement du système infrastructurel, lequel devrait découler du développement de l’épargne locale, elle même conséquence d’un accroissement satisfaisant de la masse monétaire consécutive à une offre de crédits plus audacieuse et non discriminatoire.
Il maintient les PAZF en situation de vassalité et d’absence de souveraineté monétaire, l’euro-franc actuel fonctionnant selon les mêmes logiques de subordination des banques centrales BEAC et BCEAO non pas à la Banque de France, mais pire, au Trésor français…..
Ce faisant, il demeure l’un des derniers leviers les plus essentiels de la francafrique et du néocolonialisme français.
Les conséquences politiques de cette vassalité néocoloniale ne sont plus à établir : collusions multiformes avec des pouvoirs PAZF presque partout autocratiques voire à prétention dynastiques. La vie sociopolitique et socioéconomique y semble structurellement bloquée et sans grande perspective…
En realité, la perpétuation de cette captivité monétaire, culturelle et politique est le fait d’une subtile mécanique de servitude philosophique grâce à laquelle l’élite africaine classique est enrégimentée et incapable de se défaire.
Par sa mécanique fondamentale, il maintient les PAZF en situation de perfusion monétaire, qui après bientôt 80 ans atteste de son incapacité ontologique à susciter et produire le développement.
La parité fixe entre FCFA et euro-franc laisse une illusion de stabilité qui ne permet aux PAZF ni de grandir en matière de gouvernance monétaire ni de développer des politiques économiques expansionnistes susceptibles de fixer la jeunesse en Afrique et atténuer ainsi le phénomène des migrations vers l’Occident.
APERCU DES BENEFICES POUR LA FRANCE
La France profite des excédents des comptes d’opérations ainsi que des plus-values financières générées par ces comptes d’opérations auprès des marchés financiers européens pour financer son déficit budgétaire structurel et criard.
Sous le prétexte d’une supposée garantie de convertibilité illimitée qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, la France a établi un mécanisme selon lequel les réserves de change des PAZF détenues au Trésor français passe successivement de 100% à 65% et aujourd’hui à 50%. Ces avoirs africains liés aux exportations doivent ainsi être domiciliés dans les livres du Trésor français.
La France tire également un immense prestige géopolitique et d’innombrables autres avantages économiques à travers l’édifice néocolonial du FCFA sur la base duquel est fondé son pré carré. La disparition du FCFA est perçue comme un facteur inéluctable d’accélération du déclin socioéconomique et de l’abaissement de son pouvoir réputationnel sur l’échiquier diplomatique mondial.
La garantie de la France sur cette monnaie est le prétexte souvent invoqué pour justifier cette parité fixe alors même qu’aucune garantie n’est nulle part requise pour des pays battant librement monnaie. Il s’agit d’un argument spécieux n’ayant aucune justification économique et scientifique.
CONCLUSION
Les PAZF ne figurent point dans tous les classements des 10 à 15 meilleures performances macroéconomiques en Afrique. Les pays du peloton de tête sont plutôt souvent du coté de ceux qui, à l’instar du Botswana, Maroc, Nigeria, Afrique du Sud et autres, battent librement et vertueuse ment monnaie.
L’Afrique des PAZF doit s’affranchir sans délai des fourches caudines anti- développementalistes du FCFA. Elle doit avoir l’ambition de découvrir ce que Mohamed Diawara appelle les virtualités dynamisantes ( et emancipatrices) de la conduite souveraine de la politique monétaire.
C’est, sans plus le moindre conteste, la voie du salut pour les PAZF.
Pr Olivier BILE
Les Liberateurs