Le coronavirus en cours devait rassembler tout un peuple afin de contenir une pandémie aux effets imprévisibles dans le temps. Mais, tel n’a pas été le cas. Nous avons assisté à un déni politique orchestré par les thuriféraires du régime. Une brigade s’est mise en marche pour broyer tous ceux qui osent remettre en question sa gestion sanitaire et le long et languissant règne d’un président moribond et absent de la scène.
Le Cameroun est à un moment charnière de son histoire. C’est l’heure du renouvellement de la classe politique grabataire et gérontologue. La nature a raison de cette peuplade de sicaires qui a plongé le pays dans les abîmes insoupçonnables. Le Cameroun, exsangue aura du mal à relever les défis de l’après coronavirus.
C’est le moment que le clan Biya a choisi pour mettre en place des mécanismes de transmission de pouvoir de gré à gré. Or, le jeu démocratique, c’est d’avoir accès aux débats et de faire des propositions. Le peuple camerounais doit s’interroger, surtout au regard du bilan catastrophique du vieux monarque.
La politique de l’autruche
A trop vouloir contrôler l’information, le pouvoir RDPC s’empêtre dans une arène qui expose au grand jour sa vulnérabilité et ses faiblesses. Le pouvoir est réduit à différer ses plans diaboliques de succession de gré à gré. Les informations sortent du palais et sont livrées discrètement aux médias. C’est le signe d’un pouvoir en déconfiture.
En attendant, ce pouvoir livre une bataille perdue d’avance contre toutes celles et tous ceux qui osent critiquer un pouvoir moribond, à bout de souffle et qui manque aujourd’hui d’initiatives. Un pouvoir réduit à attaquer la moindre action d’une opposition sereine et organisée autour de son chef, Maurice Kamto.
La machine RDPC est grippée. Elle n’arrive plus à contenir la colère et la révolte des citoyens. Elle s’empêtre dans des querelles qui la fragilisent et qui annoncent la fin d’un règne usé par la corruption, le népotisme et la soif du pouvoir.
La fuite en avant des mercenaires payés pour broyer toutes les oppositions et tous ceux qui remettent en cause leur « pouvoir divin » ne saurait masquer les échecs accumulés au fil des décennies. Paul Biya a échoué lamentablement. Et que l’on se le dise. Trente-huit ans de règne sans partage de pouvoir ont éprouvé l’homme de l’inaction et de fausses promesses.
Les luttes internes prennent de plus en plus des allures de pugilat au palais où des camps s’affrontent. La succession de l’homme lion est ouverte. Certains prestidigitateurs du palais sortent de leur chapeau tantôt le fils Biya, tantôt le Secrétaire général de la présidence, deux inconnus de la politique habitués aux soirées festives. Ce plan diabolique mène le pays vers un transfert de pouvoir de gré à gré. D’autres, décidés à garder leurs avantages matériels, transgressent l’ordre et font valoir leurs ambitions dans les officines débordées.
La vérité est pourtant là. Le pouvoir n’est pas une affaire de famille. Le Cameroun ne peut être pris en otage par des énergumènes qui ont vilipendé depuis quatre décennies les espoirs d’une jeunesse sacrifiée. Ces projets d’un âge révolu sont d’avance condamnés à l’échec dans un pays en éveil où la jeunesse aspirent au bien-être par l’effort et le mérite.
Yaoundé et le Cameroun ne méritent pas un embrasement. La folle course en avant d’un pouvoir exsangue est d’avance condamnée. La raison doit l’emporter. Le Cameroun est jeune. Il a besoin de tous ses enfants. Il ne peut être pris en otage par une clique de sicaires irascibles soumis aux maîtres insatiables de l’esclavage et de la colonisation.
Le Cameroun et l’Afrique ne supporteraient plus ces dirigeants frappés d’apostasie. Le temps se prête à une jeunesse ambitieuse, insolente, libérée, insoumise et audacieuse disposée à affronter les grands défis du millénaire qui prend son envol.
Le pouvoir RDPC, frappé d’ostracisme, doit passer le relais. Cet acte patriotique permettra une transition démocratique et pacifique. L’équipe dirigeante actuelle, frappée de cécité, ne peut s’engager vers des sentiers sans issue. La politique de l’autruche a aussi ses limites sous les tropiques.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste