Alors que la guerre fait rage en Ukraine, les habitants de ce pays ont délibérément choisi de se réfugier en Europe et aux Etats-Unis en attendant des jours meilleurs. Tous les pays frontaliers de l’Ukraine ont ouvert leurs frontières pour accueillir les sinistrés. Ce geste de solidarité est noble et mérite d’être cité. Mais dans ce contingent de réfugiés, les étudiants africains ont tous été déclarés persona non grata dans tous ces pays de transit.
Cette discrimination aurait dû soulever des protestations. Les pays d’accueil n’en démordent pas. Ils ne veulent pas de ce contingent noir. Pire encore, ces derniers n’ont pas eu droit d’emprunter les bus affectés à ces trajets.
Ces étudiants africains ont malgré eux fait la une de certains journaux objectifs et neutres pour dénoncer la discrimination subie par ces derniers en Ukraine et dans tous les pays frontaliers. Les moyens de transport mis à la disposition des réfugiés ne prenaient en charge que les ukrainiens. Mais les bombes font-elles la différence entre les autochtones et les étrangers ?
Le Secrétaire Général des Nations Unies, informé des pratiques discriminatoires d’évacuation des populations a fait part de sa préoccupation aux autorités ukrainiennes du sort réservé aux étudiants africains. Ces derniers, après moult efforts pour quitter le pays, ont pu trouver refuge dans les pays frontaliers tels que la Pologne, la Moldavie, la Slovaquie, la Hongrie. Mais ils ont été déclarés persona non grata dans tous ces pays.
Certains étudiants africains, en désespoir de cause ont trouvé refuge en France pour mettre temporairement fin à leur calvaire. Mais ce choix de circonstance vient créer la confusion, surtout en période d’élections où chaque voix compte.
Sommés de quitter la France
Les étudiants africains francophones qui ont fui l’Ukraine pour trouver refuge en France sont sommés de la quitter rapidement. La raison invoquée répond aux exigences juridiques. Pour séjourner en France, leurs pays d’origine doivent être en guerre. Ils bénéficieraient alors des mêmes protections juridiques que les exilés ukrainiens.
Que diraient-on alors des maliens, des nigériens et des burkinabés dont les pays sont plongés depuis des dizaines d’années dans une guerre où la France est partie prenante ? Les étudiants africains ne peuvent prétendre bénéficier d’un titre de séjour, même temporaire. Le Préfet de l’Ardèche où se trouve une forte délégation de ces étudiants vient de trancher sur leur sort. Ils ne peuvent ni demander l’asile politique, ni prétendre au titre de séjour exceptionnel accordé aux ukrainiens fuyant l’invasion russe.
Pour le Préfet de l’Ardèche, Thierry Devimeux, ils ont vocation à rentrer chez eux. La Préfecture leur laisse jusqu’au 20 mai 2022 pour quitter le territoire français.
Certaines organisations ont fait part de leur étonnement sur cette décision jugée discriminatoire. Pour Hervé Giot, président du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), cette décision est arbitrage, injuste et insupportable. Elle remet en cause les liens historiques et en cours de la prétendue « Francophonie » si chère à la France.
Les étudiants ukrainiens sont déjà en cours avec des aides substantielles pour poursuivre leurs études dans l’hexagone. Ils ne parlent pas un mot français au contraire des étudiants africains francophones dont l’intégration à l’université ne pose aucun problème.
Le récit des étudiants africains ayant fui la guerre et qui ont atterri en France est très glaçant. Certains ont été parqués comme du bétail dans les wagons par les autorités françaises, sans chauffage alors que les ukrainiens occupaient des voitures normales. A la frontière polonaise, on les frappait pour les empêcher de passer. Ils ont subi une violence raciste inacceptable dans notre siècle qui prône la mondialisation.
La discrimination envers les étudiants africains ayant fui la guerre en Ukraine doit interpeller toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant