Éditorial
Faute de succès économiques tant miroités, le pouvoir politique camerounais présente aujourd’hui l’image d’un régime qui s’auto détruit. Il a choisi, contre vents et marées, de broyer tous ceux qui osent encore se lever pour dénoncer son apathie chronique.
Est-ce la cause de son usure ou l’incompétence décriée de ceux qui continuent, en guise de désespoir, de tirer les dernières cartouches d’un fusil rouillé ?
Yaoundé est devenu un gouffre qui tire vers le fonds tous ses enfants. La lutte pour sa survie est déclarée. Ceux qui continuent à se caser dans un wagon qui se décroche désespérément seront fatalement condamnés.
Trois catégories de pensionnaires alimentent aujourd’hui les geôles :
- Les fossoyeurs économiques ;
- Les opposants politiques
- Les fous.
Certains fossoyeurs sont passés en jugement. Ils ont été reconnus comme de vulgaires voleurs des deniers publics dans un exercice où ils excellent. D’autres attendent la sentence des juges aux ordres. Une autre catégorie de prisonniers ignore les véritables griefs dont ils sont l’objet.
C’est le cas de ce fou de Banganté, dénommé Dieuh Le résistant, qui alimente, sans le savoir, l’espace médiatique. Mais, comme vous le savez, le Cameroun, c’est le Cameroun. Même les fous sont responsables de leurs actes dans un système où le droit se dit avec une poignée d’argent. Exit la vérité psychiatrique.
Une autre catégorie de prisonniers politiques croupit dans les prisons nauséabondes. Leur tort ? Avoir osé contester les résultats des élections sur mesure des dernières présidentielles.
On ne dira jamais assez que pour présider aux destinées d’un pays, il faut avoir au moins trente-six ans d’expérience. Peu de citoyens auront cette expérience, même si l’espérance de vie s’améliore. Dès lors, nous comprenons pourquoi seul Paul Biya est le seul et unique candidat à accéder à la magistrature suprême.
Exit les autres candidats ! Ils présentent tous des faiblesses insurmontables : ils sont trop jeunes, sans expérience, tribalistes. Cherchez l’erreur !
Le pouvoir politique de Yaoundé est voué à un cul-de-sac. Par ces arrestations arbitraires et aveugles, il donne son aval à la fracturation de la société. Cet assaut du désespoir ouvre la porte à des luttes fratricides et tribalistes dont les issues sont redoutées. A qui profitera le crime ?
N’oublions pas la crise rwandaise. Elle a failli se reproduire en Centrafrique. Nos ennemis n’attendent que cela pour se présenter en sauveurs et piller nos richesses. Ressaisissons-nous !
La sagesse qu’on dit africaine s’est-elle grippée au Cameroun ? Les prémices d’un dégagisme sauvage sont réunies. Faisons preuve de vigilance pour un pays qui nous donne tant et qui mérite mieux.
Par Michel Lobé Etamé
Journaliste