La paix et la sécurité en Afrique subsahélienne sont devenues la principale priorité dans une région où le djihadisme s’est installé pour durer et pour imposer des régimes politiques qui s’appuieraient sur la charia. Toute l’Afrique noire est concernée par ce péril savamment orchestré.
La lutte contre le djihadisme a été menée jusqu’ici sous l’égide de l’Onu, de la France et de l’Union Européenne. S’il est vrai que les USA influent indirectement sur le terrain, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils suivent de près les actions de ses alliés. L’Afrique Centrale est prise dans le même engrenage. En plus des djihadistes, elle est confrontée en République Démocratique du Congo à des terroristes se réclamant du mouvement M23 sous l’influence du Rwanda et de l’Ouganda.
La décision de la CEDEAO, réunie dimanche 4 décembre 2022 à Abuja au Nigéria pour créer une force militaire régionale permettrait-elle de lutter efficacement contre le djihadisme entretenu par les pays du Golf ? Certes, en mutualisant ses forces militaires, l’Afrique peut venir à bout des tueurs bien implantés sur son sol. Cette démarche est un premier pas de la création d’une force mutualiste et souveraine qui mettrait fin aux bases militaires étrangères décriées sur le continent.
La réunion d’Abuja serait un premier pas vers l’harmonisation des forces militaires africaines pour enrayer une machine de guerre bien implantée depuis la déstabilisation calculée de la Libye. Cette nouvelle force ne saurait s’appuyer sur nos prétendus alliés. Elle doit être autonome et financée par tous les pays membres.
Mais, une fois encore, cette belle réunion de crise a péché. Elle a mis à l’ordre du jour deux sujets incompatibles avec la souveraineté des états et le respect des constitutions : les coups d’états militaires et le sort des militaires ivoiriens emprisonnés au Mali.
Il est urgent de définir les coups d’états. Ils sont, soit l’œuvre des militaires, soit les modifications de constitutions par les régimes corrompus en place. Les deux provoquent les mêmes effets. Ils maintiennent au pouvoir des dictateurs et des militaires zélés. On ne saurait les différencier.
Pour mettre fin à des régimes politiques au services des puissances exogènes, l’Union Africaine devrait aborder, sans délai, la légitimité des pouvoirs politiques en Afrique.
Si ces deux préalables sont acquis, l’Afrique peut regarder avec fierté son avenir et envisager un développement sans les influences néfastes des dictateurs patentés au service de leurs affidés extérieurs.
Mais revenons aux décisions prises par la CEDEAO. Cette réunion de chefs d’états et des gouvernements est prise en otage par certains de ses membres influents qui reçoivent les ordres des forces extérieurs qui ont toujours la main mise sur quelques dictateurs de service. Ainsi, les injonctions de la CEDEAO de libérer les militaires ivoiriens sont totalement fantaisistes. Le président ivoirien, Alassane Ouattara doit impérativement répondre de ses actes. Au lieu de cela, il prend en otage la CEDEAO fatalement discréditée auprès de l’opinion africaine.
Quoi qu’on dise, la réunion de la CEDEAO est une bonne initiative. Elle a permis un débat. Ces réunions doivent se poursuivre. Elles permettront un dialogue fraternel pour une Afrique déchirée par des intérêts égoïstes et irresponsables. La jeunesse africaine est disposée à s’affranchir et à apporter une contribution à sa souveraineté et à son développement.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant