Le monde bouge. L’Afrique aussi. Mais le regain soudain des pays du G7 envers l’Afrique a de quoi surprendre. Et pour cause : Ces derniers veulent investir 600 milliards de dollars dans les infrastructures du continent au moment où la guerre s’intensifie en Ukraine et qu’un plan de reconstruction de ce pays est à l’étude.
Les Etats-Unis, à l’initiative de ce projet, s’intéresse une nouvelle fois à l’Afrique. Est-ce un acte désintéressé ? Nous pouvons en douter. Pour rappel, l’Amérique d’Obama avait promis l’électrification de l’Afrique. Ce projet salué comme salutaire n’a jamais vu le jour. La nouvelle administration américaine vient à son tour se pencher sur le berceau Afrique. Cette fois-ci, les raisons sont différentes. Ce programme d’investissement est une réponse aux « nouvelles routes de la soie » chinoises.
L’arrivée de la Chine en Afrique a remis en cause un système clientéliste qui a mis hors de combat les dignes fils de l’Afrique qui ont osé résister à cette politique d’asservissement de tout le continent. Le nouveau projet des pays du G7 marque-t-il une rupture avec un passé où la condescendance était la seule réponse aux interrogations d’une relation servile ? L’arrivée de la Chine et de nouveaux partenaires en Afrique ouvre sans doute une nouvelle ère de coopération multipolaire.
Les politiques de développement menées jusqu’ici par les pays occidentaux en Afrique n’ont pas abouti. Celle-ci traverse actuellement une zone de turbulences politiques, économiques et sociales. La mal gouvernance et la corruption en sont les principaux marqueurs.
Le projet du financement des infrastructures de l’Afrique remonte à l’année dernière. Il a pour objet de contenir l’expansion de la Chine en Afrique. Baptisée Build Back Better World (Reconstruire un monde meilleur), cette initiative n’a reçu jusqu’ici que peu de soutien des membres du G7. Ce plan n’a d’ailleurs jamais été validé par le Congrès américain.
Pour relancer ce projet moribond, les américains l’ont rebaptisé « Partenariat mondial pour les infrastructures ». Mais rien ne dit que les dirigeants du G7 mettront la main dans leurs portefeuilles pour mobiliser les 600 milliards de dollars pour l’horizon 2027. Nous le savons tous, la priorité des pays du G7 est la reconstruction de l’Ukraine. Ce vaste chantier est estimé à plus de 750 milliards de dollars. L’Afrique peut-elle s’appuyer sur des partenaires très peu intéressés par son développement ? Nul doute que la priorité est à l’Ukraine.
Les Etats-Unis ont posé des conditions pour la réalisation de ce vaste projet basé sur des « valeurs partagées », telles que la « transparence, le respect des droits des travailleurs, de l’environnement, de l’égalité de genre ».
L’Afrique n’a pas d’amis, mais des partenaires
Le projet d’électrification de l’Afrique avait mobilisé de nombreuses ressources humaines et suscité beaucoup d’espoir. Il avait l’avantage d’être présenté par un de ses illustres fils : Barack Obama. La nouvelle initiative des Etats-Unis avec les membres du G7 aura-t-elle plus de réussite ?
Une chose est certaine : l’Afrique ne doit compter que sur elle-même. Des projets foireux, tels des tas d’immondices, gisent dans les bureaux des ministères en Afrique.
Ces projets n’ont jamais abouti car ils ont été concoctés par des cabinets en Occident pour être pilotés par des femmes et des hommes qui ne connaissent le continent que du nom. Ces échecs prévisibles ne devraient plus se poursuivre.
La conception et la réalisation des projets d’envergure en Afrique devraient impliquer les acteurs africains et répondre à des problématiques spécifiques qui minent le développement du continent. Certains préalables doivent être définis pour éviter les échecs récurrents des projets.
Quels enseignements tirer des féés qui se penchent depuis des siècles sur le berceau Afrique ? Nul ne peut développer l’Afrique que ses propres enfants. Nous avons tort de confier notre avenir à l’Occident. Car une Afrique assistée ne sera jamais libre. Ni l’Occident, ni la Chine, ni la Russie ne permettront à l’Afrique de se développer. Ce combat est le nôtre. Nous ne pouvons confier notre avenir aux autres.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant