Ce qui n’était jusqu’ici qu’une rumeur a été confirmé par Maurice Kamto. Le MRC, après avoir mûrement pesé sa détermination, a bien programmé une marche de protestation le 22 septembre 2020 sur toute l’étendue du territoire, pour dénoncer la piètre gouvernance de Paul Biya qui, en quarante années de pouvoir, a conduit le Cameroun au fond des abîmes.
Le bilan de Paul Biya, politiquement indéfendable en pleine crise sanitaire et économique, pourrait atteindre des niveaux records d’ici à la fin d’année.
Le gouvernement aurait tout à gagner en faisant le bilan de sa gestion. Au lieu de cela, le ministre de l’administration territoriale monte au créneau. À coup de métaphores, il promet de briser la marche pacifique par la brutalité réputée des forces de l’ordre.
Dans un pays où le monologue est la propriété de l’État, nous aurions tout à gagner à lire le dernier manifeste de Maître Yondo Black Mandenguè qui invite les militaires et toutes forces de l’ordre à protéger les manifestants. Ce pamphlet de Maître Yondo Black Mandenguè est un acte courageux et citoyen qui nous invite tous à réfléchir sur les droits et les devoirs civiques. C’est une invitation au dialogue pour sortir le Cameroun de la très longue nuit qui continue à s’épaissir.
Où sont donc passés les opposants du régime RDPC ?
L’inaction des opposants au régime RDPC du Cameroun nous a laissés jusqu’ici pantouflards. Le régime en est conscient et en profite pour continuer à dilapider la fortune publique. Il a cependant réussi une chose : corrompre les opposants affamés. Pour cela, le pouvoir de Yaoundé à jusqu’ici continué à régner sans se soucier de l’alternance démocratique dans un monde où nul n’est indispensable. Les constitutions ont été régulièrement adaptées pour pérenniser un pouvoir corrompu, méprisant, arrogant et sournois.
Ne dit-on pas souvent que le Cameroun, c’est le Cameroun ? Cet adage est pourtant lourd de sens. Il est le triste bilan d’un pouvoir qui n’évolue pas, qui ne se renouvelle, qui ne s’invente pas et qui ne s’adapte pas.
Pour perdurer, Paul Biya a mis en place un système clientéliste qui touche toutes les couches de la population. Il a su donner une nouvelle posture aux chefs coutumiers par des titres ronflants. En contrepartie, ces derniers constituent un rempart pour le pouvoir. Ils sont salariés de l’État, et forment un trait d’union entre les populations et le parti RDPC chargé de bourrer les urnes lors des élections truquées.
La politique clientéliste du pouvoir ne s’arrête pas là. Tous les partis de l’opposition sont régulièrement servis au moindre soubresaut et deviennent des agents de liaison du pouvoir.
Maurice Kamto, qui a loyalement collaboré avec Paul Biya, n’a pas accepté de jouer ce rôle. En claquant les portes du gouvernement, il a recouvré sa liberté. Peut-on lui reprocher d’incarner une vraie opposition ? Le pouvoir de Yaoundé ne le supporte pas. Il a envoyé des loups vociférer sur les plateaux de télévision pour présenter Maurice Kamto dans un jour sombre. Et qui est chargé de cette triste mission ? Les pseudos opposants qui crachent, à longueur de journée, sur les plateaux de télévision, des arguments fallacieux.
Nous observons ici que l’opposition camerounaise est la seule en Afrique qui s’oppose entre elle. Elle est incapable de se réunir autour d’un leader. Cette opposition a faim. Le pouvoir le sait. Il s’en réjouit et la manipule à coup de billets de banque. La déchirure et la discréditation de cette dernière lui est fatale. Mais peu importe ! Elle se satisfait des rogatons et des miettes. Le sens de l’honneur, de la dignité et du patriotisme n’a plus aucun sens chez ces « idéologues » au ventre creux.
La marche du 22 septembre 2020 initiée par Maurice Kamto est un acte citoyen qui met à l’épreuve le pouvoir politique de Yaoundé. Nul n’a le droit de l’interdire. Cette manifestation pacifique est le fruit de très longues réflexions pour un changement de paradigme. Elle interpelle tout le monde sans oublier les camerounais de la diaspora dont l’influence est grandissante et constructive.
Soyons tous mobilisés le 22 septembre 2020 pour une marche pacifique qui inaugure une nouvelle ère de liberté et de fraternité pour le Cameroun.
Michel Lobé Etamé