L’odieux massacre d’enfants à KUMBA, donne lieu comme c’est devenu de tradition, à des concerts de condamnations et d’indignations bruyantes. Pourtant, tout observateur objectif sait que le NOSO est depuis 4 années, un brasier où il est déraisonnable de faire pousser une plante.
L’ECOLE, OTAGE DE LA GUERRE CIVILE AU CAMEROUN
Dans cette guerre civile entre les séparatistes anglophones et le régime BIYA, l’école est devenue l’otage des belligérants. Pour les ambazoniens, « l’école morte » imposée depuis le début du conflit, est un moyen de pression et d’expression de leur toute puissance, de leur ascendant dans cette guerre. Pour le pouvoir de Yaoundé, imposer dans ce chaudron, le retour à l’école, est la démonstration du retour à la paix, de l’efficacité de l’option militaire qui est la sienne depuis le début de ce conflit.
Voilà le contexte dans lequel, certains de nos enfants, dans les contrées en guerre, prennent le chemin de l’école : ils sont, pour les séparatistes, objets de chantages et pour le pouvoir, boucliers politiques, objets de communication.
Pendant ce temps, ce conflit fratricide, jette à la face du monde ses horreurs : des enfants massacrés, des femmes mutilées, égorgées, violées, assassinées, des jeunes estropiés, tués, des soldats enlevés, humiliés, égorgés, fusillés, des dizaines de villages incendiés… Ceci sans aucune possibilité d’enquête indépendante quant sur les responsabilités des auteurs de ces crimes pour l’instant.
On est désormais réduits à égrainer le chapelet macabre de ces drames dont nous nous sommes rendus coauteur, par notre silence, par notre complicité active, par notre hypocrisie, par nos égoïsmes…
Au delà des responsabilités individuelles, qui doivent être établies en temps utiles, si le régime de Yaoundé, a la prétention de gouverner le Cameroun, tout le Cameroun , il est au moins responsable de la sécurité de ces victimes, et surtout du contexte politique.
LA RESPONSABILITE JURIDIQUE ET POLITIQUE DU REGIME BIYA
La stratégie bien connue de la dilution de responsabilité est celle utilisée par les communiquants du pouvoir politique de Yaoundé et ses satellites.
On ne doit jamais perdre de vue, que cette guerre est la conséquence d’arrestations, d’incarcérations arbitraires, de meurtres de manifestants pacifistes, qui en situation de légitime défense ou de provocation, ont décidé de prendre des armes contre un pouvoir barbare, sans foi ni loi.
A cette résistance, le régime de Yaoundé, s’est arrogé le droit d’exercer en tant qu’Etat, le monopole de la violence légitime, qui dans le contexte du NOSO, est le droit de tuer d’autres camerounais. Il a déclaré la guerre à son peuple en colère, renonçant du même coup à l’intelligence politique pour régler un problème politique. Cette stratégie depuis 4 années a fait étalage de ses limites : elle coûte d’énormes pertes humaines, elle a un coût financier gigantesque et une facture politique cataclysmique.
Le gouvernement camerounais sait qu’il n’a pas les moyens de garantir la sécurité des biens et des personnes dans le NOSO, mais il a choisi, alors qu’il n’a pas terminer sa guerre, d’y envoyer à l’école les enfants des pauvres anglophones, utilisés ici comme boucliers humains, à la merci de tous les seigneurs de la violence qui sévissent tant du coté du pouvoir, que des bandes armées des groupes séparatistes.
Obsédé par l’idée de valider son option militaire, BIYA fait feu de tout bois pour agréger une certaine opinion à l’idée qu’on ne saurait négocier avec « des terroristes », y compris en organisant une concertation pompeusement baptisée de GRAND DIALOGUE, dont tout le monde savait qu’il n’en sortirait rien d’efficient… Mais pour des intérêts inavoués, des camerounais, y compris ceux se réclamant d’une certaine opposition, ont donné leur caution à cette mascarade. Ils en sont d’autant plus coupables qu’ils n’ont pas l’honnêteté intellectuelle d’opérer un repentir quand éclate au grand jour la supercherie.
Prospèrent donc au Cameroun des industriels de la guerre, alliés objectifs des industriels de la haine et de l’exclusion. L’eldorado du sang, le business de la violence et de la division est une niche qu’il faut pérenniser pour en tirer des dividendes politiques et financières.
L’INELUCTABLE EMBRASEMENT GENERALISE
La démonstration de force, l’étalage de sa capacité de violence, est pour le pouvoir politique de Yaoundé, l’unique mode d’affirmation et d’expression politique et la brutalité l’unique mode de gestion des contradictions ou des conflits.
Le Cameroun vit donc des convulsions graves en rapport avec l’exercice des libertés politiques: manifestants pacifiques réprimés dans le sang, embastillés…
Face à cette impasse politique, des camerounais de plus en plus nombreux, raillant la démarche pacifiste de l’opposition, pensent qu’il faut, face à la violence imposée par le régime BIYA, adapter, ériger, proportionner la réponse politique à la hauteur celle de la dictature camerounaise. Ils envisagent sans complexe désormais, une démarche qui se veut militaire. Il y a à craindre que l’arrivée à maturité d’une telle démarche ne rende l’équation plus compliquée encore…
Ne pas le relever procède de cette conspiration intellectuelle contre la vérité.
Quand demain, éclateront ces nouveaux fronts, comme se réveillant d’un sommeil profond, on réécoutera ces mêmes indignés des circonstances.
Aimer son pays, ce n’est pas se mentir à soi-même, mentir à autrui, occulter la réalité.
Maître Amédée Dimitri TOUKO TOM
Analyste Politique