Les crises en cours affectent un peu plus la stabilité politique, économique, sécuritaire et sociale de l’Afrique. Ces crises peuvent être résolues si l’Afrique a des institutions fortes et des organisations régionales souveraines. Ce n’est malheureusement pas le cas. L’Union Africaine qui devrait chapeauter tous ces organismes régionaux voit ses prérogatives réduites sous l’influence des chefs d’Etats qui la prennent en otage.
Ces crises se traduisent par une pauvreté ambiante, l’expansion du djihadisme, les guerres fratricides, la banalisation des troisièmes mandats présidentiels, les coups d’état, les successions monarchiques, etc.
Les organismes panafricains peuvent apporter des solutions pérennes aux maux qui déchirent le continent. Mais ces dernières ne sont rien d’autre que des boites aux lettres qui ne se réveillent que pour jouer les pères fouettards.
Pour qu’une organisation fonctionne, elle a besoin de financement. Or l’Union Africaine ne perçoit pas les cotisations financières des états membres. Ces derniers affichent une faillite chronique.
Les organisations régionales panafricaines (CEDEAO, CEMAC, SADC…) brillent des mêmes maux. Leurs rôles sont pourtant bien définis : intégration économique, médiation dans les conflits, etc.
Une faillite morale généralisée
La guerre en Ethiopie cause des morts par centaine. Pour nous, ces actes barbares sont bien éloignés et ne nous affectent pas directement. Mais nous nous trompons. Ces guerres ont un impact direct ou indirect sur tout le continent. C’est ici que l’Union Africaine devrait intervenir et imposer une solution qui mettrait fin à des exactions sauvages. Cette fin de récréation incombe aux états membres et à leurs présidents. Ici encore, nous constatons que le mutisme des chefs d’état est révoltant. Au Cameroun, une guerre longtemps étouffée brise les cœurs. Les soldats loyalistes perdent leurs membres. Chez les insurgés, les pertes humaines se comptent par centaine.
Les organismes régionaux brillent par leur silence. Ces conflits ruinent les pays concernés et affichent au grand jour une Afrique infantilisée et incapable d’apporter des solutions à ses problèmes.
Mais, qu’est-ce qui justifie l’incapacité de l’Union Africaine et des organismes régionaux panafricains à arbitrer les conflits ? Ne nous voilons pas la face. L’Afrique est incapable de financer ses propres organisations pour en assurer le fonctionnement.
L’Union Européenne, l’Onu, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International sont conscients des faiblesses de nos organisations panafricaines. Ces organismes financent en conséquence ces dernières pour leur fonctionnement et les salaires. Elles en prennent le contrôle et interviennent d’office pour tous les engagements internationaux du continent. L’Afrique s’offre ainsi aux rapaces et perd sa souveraineté. Et comme le dit un proverbe : la main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit.
Pour les conflits régionaux, les organismes cités en référence ne brillent que par leurs engagements déconcertants. Ils sont incapables de suivre l’opinion publique qui manifeste, malgré les brutalités policières. Au Mali, la CEDEAO condamné le coup d’état militaire. Pour déstabiliser les putschistes maliens, cette institution, sous les ordres des chefs d’état de la région, a soumis un blocus économique à un pays qui souffre d’une pénurie alimentaire. Cette décision est-elle sage ? Elle a été sévèrement commentée et condamnée par la jeunesse et la société civile africaine de plus en plus éveillée.
La CEDEAO n’a pas fini de briller par ses prises de position loufoques et condescendantes. Cet organisme s’est transformé en un syndicat des présidents mal élus de la sous-région. Voici qu’elle prend position dans le conflit en cours en Guinée où le professeur dictateur, Alpha Condé a été destitué. La CEDEAO exige la libération immédiate de leur confrère qui a ordonné le massacre de ses concitoyens qui protestaient contre son troisième mandat.
La CEDEAO a mieux à faire. Ce syndicat de dictateurs en exercice pourra-t-il éternellement briller contre une jeunesse assoiffée de liberté et résiliente ? La prise de position de la CEDEAO scelle la faillite morale de nos organisations prises en otage par des chefs d’états accrochés à leurs privilèges.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant