Abaisser la qualité de l’éducation d’un peuple revient à le condamner au sous-développement chronique et irréversible. Cette acculturation provoquée permet aux dictatures de se maintenir au pouvoir. Dès-lors, toute velléité d’affranchissement estudiantin provoque l’ire des gouvernants. Le Cameroun n’échappe pas à ce conflit existentiel.

 Lors d’une descente musclée à l’Université de Ngaoundéré le 18 avril 2019, le Ministre d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur, Mr Jacques FAME NDONGO, a confondu sa posture de Ministre à celle d’un agent de la GESTAPO à la Camerounaise, menaçant les étudiants de l’école vétérinaire (ESMV) en grève. « Le Chef de l’Etat vient de relever l’ancien directeur. S’il apprend que les étudiants sont encore descendus dans la rue, s’ils lui dictent leur loi, lui Président de la République élu au suffrage Universel direct, c’est à lui que vous en voulez » lança-t-il aux étudiants apeurés.

Les étudiants de cette Université camerounaise ont commis le crime de ne réclamer que des conditions plus humaines pour apprendre leur futur métier. Pour ce faire, ce ministre leur a brandi la fameuse rhétorique de l’ennemi tapis dans l’ombre qui les téléguiderait : “Vous avez un plan. Vous voulez déstabiliser le Cameroun. Vos commanditaires tapis dans l’ombre veulent des troubles le 27 mai prochain. Vous voulez mettre le chao. Nous n’allons pas accepter cela“. Monsieur Fame Ndongo n’a pas manqué de demander au gouverneur de l’Adamaoua et ainsi qu’aux responsables des forces de maintien de l’ordre de prendre des dispositions pour “démanteler le réseau des ennemis du Cameroun” qui s’est installé à l’ESMV.  Cette fameuse “hostilité à la nation” que la commission africaine des droits de l’homme, le parlement européen, la haut-commissaire des nations unies pour les droits de l’homme (Mme Michelle BACHELET) et le congrès américain demandent de bannir du débat social camerounais. Bon sang que ce Ministre en poste depuis plus de quinze ans oubli qu’on est à l’université et non à l’armée ! Il suffit d’un bon management de la chancellerie universitaire pour qu’il nait plus la phobie de l’ennemi de la nation tapis dans l’ombre, voulant renverser le pouvoir de son créateur.

Ces étudiants sont simplement à la quête du droit élémentaire à devenir de vrais diplômés, toute ambition devenue extraordinaire dans ce pays vampirisé.  Et ils ne sont pas les seuls à constater la gabegie institutionnalisée dans le département ministériel de ce ministre d’Etat. En effet, le syndicat des enseignants a organisé de nombreuses grèves pour la même cause. Le personnel d’appui des universités est dans la même dynamique. Bref tout le monde grève.

Certes ces étudiants ne rêveront jamais des conditions qui ont été celles de ce ministre à l’université de Lille (France) lorsque qu’il y était étudiant, bien qu’il ait largement à sa disposition les moyens d’offrir à la jeunesse apprenante camerounaise ce droit d’acquisition du savoir dans de bonnes conditions.

Mais bon Dieu qu’est ce qui justifie qu’un Ministre élevé bizarrement (pour ne pas dire arbitrairement) au rang de Ministre d’Etat face usage de barbarie pour opprimer ses petits-enfants en quête juste de bien-être ?   Pourquoi la vampirisation de la jeunesse est-elle son mode de fonctionnement ? Pourquoi ce ministre veut-il condamner le Cameroun à l’obscurantisme qui s’appui des sectes maléfiques fréquentées par beaucoup de nos gouvernants ? Pour rappel, le décret organisant l’institution universitaire camerounaise dans un de ses articles interdit l’accès des forces de l’ordre au campus universitaire pour y déloger les étudiants et les enseignants.

Ce Ministre s’obstine à vouloir rentrer dans l’histoire de l’enseignement supérieur camerounais comme un mauvais exemple.  L’histoire des ordinateurs ne l’a pas fait prendre conscience de ce que sa gestion est très discutable. Il refuse de constater l’état de putréfaction avancée de TOUTES les universités camerounaises et n’en a que cure de ce que son départ de ce poste (que je n’espère pas pour Kondengui comme le prédit l’auto-proclamé fils de celui dont il réclame être la créature) ne suscitera que soulagement et point de nostalgie.

Monsieur le Ministre d’Etat, il vaut mieux que vous vous préoccupiez de l’enregistrement audio qui circule dans les réseaux sociaux et qui clairement indexe votre secrétaire comme étant le cerveau d’un réseau mafieux de marchandage des concours d’entrée aux grandes écoles de notre pays. Dans un pays à gouvernance normale le procureur de la République se serait déjà saisi de cette affaire d’hostilité avéré à la nation tant est-il vrai que le Cameroun est globalement mal administré à cause de tous ces fonctionnaires aux diplômes douteux.

J’appartiens à une université où il n’y a ni bureaux pour enseignants, ni toilettes pour assouvir ses besoins naturels. Il est vrai que beaucoup de mes collègues enseignants se sont accommodés de cette animalisation de l’être humain et me traite de fou, un fou qui refuse de vivre dans la merde ben voyons ! Le Cameroun est un pays qui brûle, et ses pyromanes ne sont pas ces étudiants de l’université de Ngaoundéré ou toute autre composante de la société civile réclamant simplement de vivre dans un pays où votre fameux “vivre ensemble” cessera d’être un slogan creux, une sorte de « feymania » où les voleurs de la fortune publique nous font croire qu’il est normal que la misère s’accommode (sans rechigner) de l’opulence insolente.

Pr Aimé BONNY

FMSP de l’Université de Douala

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