Communiqué de la Commission Afrique LFI du 14 févr. 19
Animée par un quarteron d’officiers réservistes proches du Président Macron et par un ministre des
affaires étrangères socialiste en retraite, la politique africaine de la France n’en finit pas d’être
calamiteuse, pourvoyeuse de sentiments anti-français et au final contre-productive pour les
quelques intérêts économiques à court terme qu’elle se targue de défendre.
L’actuelle intervention militaire au Tchad en est l’illustration la plus éloquente et la plus cynique.
Mis en place par la DGSE en 1990 en remplacement d’ Hissène Habré qui ne remplissait plus le
contrat, Idriss Déby , l’un des dictateurs les plus brutaux du continent africain fait face à une
contestation politique de plus en plus prégnante sur fond de crise économique et sociale profonde.
Après 28 ans de règne sans partage et de tyrannie, Déby appelle la France à la rescousse au prétexte
d’une rébellion armée qualifiée de terroriste dans le Tibesti.
Le 3 février 2019, Paris a envoyé ses Mirages bombarder les dits rebelles qui progressaient sur
N’Djamena engageant notre armée dans une guerre qui ne concerne pas la République française.
Le 13 février, Jean-Yves Le Drian forçait le parallèle avec l’intervention au Mali en 2013 ! “C’est la
même démarche (…) faite par le président Traoré en janvier 2013″
Dans la foulée, lors des questions au gouvernement à l’assemblée Nationale, Nathalie Loiseau,
ministre chargée des affaires européennes déclarait : « Défendre nos valeurs, c’est respecter
l’Afrique, ne pas décider à sa place mais se tenir à son côté. Lorsque le chef de l’Etat tchadien nous
appelle à l’aide pour faire face à une intrusion armée depuis la Libye, nous répondons présent »
De quelles valeurs parle-t-on lorsqu’il s’agit de mettre en place ou de maintenir au pouvoir des
dictateurs en Afrique lorsque dans le même temps on encourage la sédition au Venezuela ? De
quelles valeurs parle-t-on lorsqu’au Tchad on négocie une place de dictateur contre la garantie que
les troupes supplétives du pays iront régler les comptes de la France avec la Russie en République
Centrafricaine ? De quelles valeurs parle-t-on lorsqu’au Gabon on punit le Président Jean Ping, élu
par le peuple, d’avoir dénoncé en son temps la faute de l’intervention française en Libye et de
l’assassinat de Kadhafi à qui on cirait les babouches quelques semaines auparavant ? !
A ce jeu, les intérêts de la France font long feu ! Partout en Afrique l’influence française recule, sur le
plan diplomatique (le délire du soutien Français à la présidence Rwandaise à l’OIF, les attaques
européennes contre la politique française sur fond électoraliste , les dénonciations légitimes des
soutiens aux dictateurs et aux attaques systématiques contre les progressistes, etc…)
Sur le plan économique, ces politiques sont évidemment désastreuses. Le baromètre AFRICALEADS
est sans appel. Rendu public le 8 février par le Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian) lors
de son Forum annuel organisé à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Paris, il démontre le
net recul de l’influence de la France de par son entêtement à considérer les pays Africains comme
son pré-carré. Distancée à la cinquième place en termes d’image, la France se trouve propulsée au
7
ème rang du classement des pays les plus bénéfiques pour le continent derrière la Chine, le Japon,
l’Allemagne, la Turquie, les Etats Unis et l’Inde, et supplantée par l’Allemagne en 2017 comme
principal fournisseur européen du continent.
L’image de la France est de plus en plus négative en Afrique du fait de ses interventions militaires à
outrance et de l’ingérence politique de Paris jugées de plus en plus insupportables par les jeunes
générations.
A cela quelle réponse ? La tête dans le mur on prend les mêmes et on continue à pousser !
Un attelage militaro industriel sous le haut patronage du Medef, de la DGSE et de l’AFD (aide
française au développement, sic) met en en place « une réserve opérationnelle spécialiste » dans le
cadre d’une stratégie globale de sécurisation des investissements français en zone de conflit. En clair,
une fois notre armée déployée dans tel pays africain au prétexte de sécuriser la région, les
entreprises françaises envoient leurs cadres réservistes faire des affaires aux frais du contribuable
hexagonal et au sacrifice des populations locales qui restent sous le joug de dictateurs corrompus par
l’ancienne puissance coloniale.
Ces politiques doivent cesser !
La France Insoumise réclame la mise en place d’une commission parlementaire suite à
l’intervention militaire illégitime au Tchad !
La France Insoumise se bat pour une réforme en profondeur des relations entre la France et les pays
d’Afrique, pour une diplomatie vertueuse et des accords de coopération transparents et
exclusivement négociés dans l’intérêt des peuples
La France Insoumise s’engage sans réserve à demander des comptes au gouvernement par tous
moyens parlementaires et institutionnels sur sa politique qui relève au mieux de l’amateurisme, au
pire de la trahison de l’intérêt de la nation !
Patrice FINEL, conseiller spécial Afrique de JL Mélenchon
David CHINAUD, commission Afrique LFI