L’actualité économique au Cameroun est marquée par l’inauguration successive de plusieurs supermarchés dans la ville de Douala : CARREFOUR, SUPER U, CASINO, MAHIMA et SANTA LUCIA. L’ouverture de ces magasins est un pas supplémentaire vers la modernisation de la distribution des biens de consommation avec pour conséquence : la stabilisation des prix, la réduction de la spéculation dans le commerce et l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages camerounais. Ces supermarchés sont des débouches stable pour les très petites entreprises (TPE), les petites entreprises (PE), les moyennes entreprises (ME) camerounaises ainsi que les branches locales des grandes entreprises étrangères.
La préférence de ces investisseurs pour les villes de Douala et Yaoundé s’explique par l’urbanisation et la proximité des entreprises locales tel que l’indique l’Institut National de la Statistique dans le recensement général des entreprises de 2009.
(Source : INS/Recensement Général des Entreprises 2009)
Selon la même étude, l’essentiel des entreprises locale sont les très petites, les petites et les moyennes entreprises, ce qui laisse penser que les petits entrepreneurs camerounais devraient être les principaux bénéficiaires de l’essor de la grande distribution.
(Source : INS/Recensement Général des Entreprises 2009)
Les enseignes des centrales d’achat européennes, SUPER U, CASINO, CARREFOUR, s’installent au Cameroun et affichent leurs ambitions : devenir leader sur le secteur de la grande distribution. Leur engouement s’explique par une combinaison des facteurs tel : l’urbanisation (la Banque Mondiale estime que 42% de la population de notre pays vivra en zone urbaine en 2050), la concurrence du commerce électronique en Europe, en Amérique du Nord et en Asie (Alibaba, Amazon), la difficulté à obtenir les nouveaux permis d’ouverture de magasins en Europe. Selon la revue française CAPITAL, l’enseigne Carrefour par exemple voit ses ventes dégringoler « le chiffre d’affaires sur un an de la branche regroupant les hypermarchés et supermarchés intégrés de l’Hexagone est passé de 16,65 à 16,04 milliards d’euros, soit une baisse de 611 millions d’euros. » et poursuit « Déjà en baisse de 36% au premier semestre 2017, le résultat opérationnel courant de Carrefour France devrait encore chuter au second. » (Source Capital du 23 Décembre 2017 : Carrefour, les ventes dégringolent en France, vers un retrait de la Chine). Pour faire face à la mauvaise performance due au rétrécissement du marché, ces enseignes doivent désormais trouver de nouvelles débouchées. Ces investissements marquent également l’attractivité du marché domestique camerounais pour les distributeurs européens.
L’opinion publique camerounaise s’interroge néanmoins car la construction et l’exploitation de ces supermarchés intervient peu avant ou après la signature par notre pays des accords de libre-échange avec l’Union Européenne. En effet, le 28 juillet 2014, le Cameroun ratifiait l’accord de partenariat économique avec l’Union Européenne, qui prévoit une suppression progressive de 80 % des droits de douanes à l’importation pour les produits manufactures dans l’espace communautaire sur une période de 15 ans.(Source : Commission Européenne) A terme, cela permettra à ces supermarchés de s’approvisionner auprès des centrales d’achat en Europe sans s’acquitter du paiement de la totalité des droits de douane initialement dues à l’importation. La conséquence est l’augmentation du déficit budgétaire puisque notre pays voit son budget ampute d’une partie de ses recettes. Si les accords de partenariat économique se focalisent uniquement sur l’importation de produits manufactures d’Europe, la conséquence pourrait être la déstabilisation de notre tissu industriel et l’augmentation du déficit de notre balance commerciale.
Pour nourrir et soigner sa population, le Cameroun importe plusieurs produits de grande consommation dont il ne produit pas ou peu sur place. Le tableau suivant du ministère français du commerce extérieur recapitule les grands postes d’importation classes par catégories.
(Source : Ministère français de l’économie et des finances Mars 2016)
Selon les données de l’Institut National de la Statistique, la dépendance excessive du Cameroun vis-à-vis des importations a pour conséquence de maintenir un déficit permanent de notre balance commerciale, surtout la balance hors pétrole.
(Source : INS/Statistiques du commerce extérieur 2011)
La balance commerciale de notre pays pourrait rester déficitaire assez longtemps si nous ne changeons pas la structure de notre commerce extérieur. En effet, la transition énergétique en cours en Europe et en Asie va augmenter la part des énergies renouvelables, entraînant une baisse de la demande de pétrole brut. L’essor du recyclage des matières premières va également provoquer une baisse de la demande à l’export et une chute durable des cours. Or notre pays tire ses revenus d’exportation de la vente du pétrole brut, de l’aluminium, du bois et autres produits de base agricoles.
(Source Ministère des finances France. Tableau des principaux produits d’exportation du Cameroun,2015)
L’ouverture des supermarchés représente un risque pour notre pays si ces magasins vendent principalement des produits importes d’Europe dans leurs rayons, au détriment des produits fabriques par les industries camerounaises. Notre pays risque de creuser son déficit commercial et surtout endommager sa balance de paiement. Cela veut dire que nous ne disposerons plus à terme, de devises pour couvrir ou financer nos importations. Partant, nous allons recourir a des prêts en devises auprès du Fond Monétaire International, pour soutenir le déficit de notre balance de paiement.
Dans ce contexte, les entreprises camerounaises seront soumises à une compétition à venir qui ne se fera pas à armes égales. En effet, les moyennes entreprises et les grands groupes industriels de l’Union Européenne qui ont désormais accès à notre marche, disposent d’un outil industriel performant, moderne, automatise, leur permettant de produire en grande quantité et avec peu de facteurs de production tel que la main d’œuvre ou l’énergie. A l’inverse, nos très petites, petites, et moyennes entreprises, risquent de ne pouvoir soutenir la concurrence pour plusieurs raisons :
Les équipements industriels, utilises dans nos entreprises sont vétustes (20 à 30 ans d’âge), très peu performant et consomment beaucoup d énergie. Dans certains cas ces machines fonctionnent avec des sources d énergie onéreuses et polluantes pour notre environnement tel que le diesel.
- L’obsolescence du parc de machines dans les industries camerounaises alourdis les charges de maintenance car les pièces de rechange d’origine ne sont plus fabriques. Par conséquent la productivité de nos industries est très faible et les couts de revient très élevés.
- L’abscense de financement a moyen ou long terme pour l’acquisition des immobilisations tels que les machines, les bâtiments industriels, le matériel de transport, les logiciels…
- La non-maitrise de la chaine logistique et d’approvisionnement qui oblige nos industries à constituer des stocks de matières premières sur une longue durée, immobilisant ainsi une partie importante de la trésorerie qui devrait servir initialement à financer le fond de roulement, ou de nouveaux investissements.
Les entrepreneurs camerounais sont donc désarmés pour affronter la concurrence que représente l’ouverture progressive de notre marche domestique aux entreprises industrielles de l’Union Européenne, d’où la nécessite pour le Cameroun d’orienter les accords de partenariat économique vers le développement de nos exportations et surtout l’industrialisation de notre pays.
L’étape fondamentale vers la modernisation de nos industries est de profiter des accords de partenariat économique avec l’Union Européenne pour doter nos usines de machines, d’équipements de production neuf et performant, qui consomment peu d énergie, avec des frais de maintenance faibles, afin d’engranger des gains de productivité, donc de baisser le cout unitaire dans les industries camerounaises. Selon la commission européenne, les accords de partenariat économique ont créé pour la région CEMAC un fonds régional APE en abrégé FORAPE dont la mission « est de coordonner les appuis qui contribueront à financer, de manière efficace, les actions prioritaires visant le renforcement des capacités productives des États de l’Afrique centrale » (Source Décision du conseil de l’Union Européenne du 20 Novembre 2008). Le gouvernement camerounais et les organisations patronales doivent négocier pour obtenir que les ressources de ce fond servent exclusivement à mieux équiper nos industries afin qu’elles se mettent au standard international en termes de performance du matériel industriel.
L’Europe est un grand producteur et exportateur de biens d’équipement tel que la machine-outil ou les lignes de production manuelles ou automatisées destinées à l’équipement des usines. Parmis ces pays figurent l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie qui sont parmis les principaux fournisseurs de notre pays. Toutefois, les biens d’équipement neufs sont plus souvent importés par les filiales locales des grandes entreprises étrangères et assez peu par les entreprises à capitaux camerounais. Ci-dessous les tableaux des exportations des pays de l’Union Européenne vers la CEMAC et les principaux pays producteurs de machines et biens d’équipement en Europe. La part des équipements industriels représente environ le quart des exportations des pays de l’Union Européenne vers la zone CEMAC. Notre gouvernement doit mettre en place une stratégie efficiente pour accroître l’importation ou l’assemblage du matériel industriel au Cameroun, afin de moderniser l’outil de travail de nos industriels et accélérer l’industrialisation de notre pays.
(Source : Commission Européenne. Composition des exportations de l’UE vers les pays CEMAC)
(Source : Eurostat. Base de données statistiques de l’Union Européenne, 2016)
Quelle stratégie le gouvernement doit il adopter pour mettre les accords de partenariat économique au service du développement et la promotion de l’industrie dans notre pays ?
En s’inspirant du modèle de la Tunisie, le gouvernement camerounais doit créer une agence nationale de la promotion de l’industrie et de l’innovation, dont la mission sera de mettre en œuvre sa politique de développement du secteur industriel. (Source : http://www.tunisieindustrie.nat.tn). Elle sera une structure d’appui aux entreprises industrielles et leurs promoteurs. Au Cameroun, les entrepreneurs du secteur industriel doivent se rendre dans plusieurs ministères et collectivités locales pour accomplir la totalité des formalités requises pour le démarrage ou l’extension d’une usine. La norme dans les pays développés ou émergents est de confier le pouvoir de décision a un interlocuteur unique. Cette agence doit acquérir ses ressources humaines par appel à candidature, non seulement des fonctionnaires compétant, mais surtout des ingénieurs, des techniciens de l’industrie, avec une obligation de résultat. Elle remplira plusieurs missions dont : le guichet unique pour « toutes » les formalités de création d’une unité industrielle. Ce guichet unique doit avoir une antenne dans chaque région et la totalité des formalités doivent se faire « online » via son site internet ; la gestion des incitations et des avantages à l’investissement dans l’industrie ; l’assistance et le conseil des ingénieurs ou experts de l’industrie dans l’étude, le montage et la faisabilité du projet industriel ; un centre de documentation, d’information et de veille sur l’industrie locale et internationale ; un centre d’innovation et de développement technologique…
Le gouvernement camerounais doit créer sous la forme d’une banque de développement, un établissement de crédit à capitaux mixtes, dont la mission est de rechercher les financements longs sur les marches financiers régionaux et internationaux ou encore chez les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, afin de financer exclusivement les acquisitions d’immobilisations lors du démarrage ou de l’extension des usines camerounaises. Ces immobilisations sont essentiellement les bâtiments à usage industriel et de stockage, les equipements pour la production d’énergie renouvelables, les machines et lignes de production, les logiciels, le matériel de logistique et transport. La banque peut aussi proposer de l’assurance-crédit ou encore fournir les garanties sur les prêts bancaires destines à l’acquisition des immobilisations. L’exemple du Nigeria avec la « Bank of Industry » (Banque de l’industrie) doit nous inspirer. Cree en 1964 et restructurée en 2001, elle a dans son tour de table : l’état, les « Private Equity » liées aux bailleurs de fonds internationaux, et les privées nigérians. La banque de l’industrie du Nigeria finance en priorité, l’extension des usines existant, puis la création de nouvelles unités industrielles. Elle privilégie les secteurs ou la production du Nigeria est déficitaire : la fabrication de produits d’hygiène corporelle, la pisciculture ou l’élevage de poissons, les usines de transformation du manioc, la production du ciment…. Cette banque finance les acquisitions d’immobilisation auprès de fournisseurs références qui s’engagent à proposer les prix imbattables et le transfert intégral de la technologie aux Petites et moyennes industries nigérianes. La banque prête aux promoteurs sur une durée de 2 à 8 ans avec des taux d’intérêts de 6 à 9%. Enfin la banque en partenariat avec les compagnies d’assurance propose des services d’évaluation et couverture du risque. Le « Business Model » de la banque de l’industrie du Nigeria est adapté à notre environnement peut être transpose dans notre pays.
La création sous le modèle français d’un compte d’épargne pour le développement industriel. En France, le compte d’épargne pour le développement industriel ou CODEVI a été créé par la loi no 83-607 du 8 juillet 1983 ou encore « loi sur le Livret de Développement Durable et Solidaire ». C’est un produit d’épargne distribué par l’ensemble des banques commerciales et les caisses d’épargne sur le territoire français et totalement défiscalisé. Son plafond est fixe à 6000 euros soit environ 3950000 FCFA. Il fait partie des produits d’épargne dont les modalités sont directement fixées par l’État « épargne administrée » et destine au financement de l’acquisition des équipements de production des usines ou unités industrielles. Depuis 2006, les ressources du CODEVI servent principalement « au financement des équipements destinés à l’économie d’énergie, à la production d’énergies renouvelables à destination des industries éligibles au crédit d’impôt ciblées sur ces équipements » . En adoptant une telle mesure, le gouvernement camerounais permet le recyclage de l’épargne nationale pour financer l’industrialisation. Notre pays a réussi à stabiliser l’inflation. Avec une inflation maitrisée, les taux de rémunération de l’épargne étant très faible dans les pays industrialisés (0.75%), le gouvernement camerounais peut lancer le CODEVI pour collecter l’épargne des nationaux et de la diaspora, à 5% avec un objectif sur 5 ans de 200000 comptes d’épargne plafonnes à 5 millions de FCFA, et bloques sur 5 ans. Une telle stratégie permettrait de lever 100 milliards à terme, pour financer la modernisation de l’outil de production de nos usines, d’augmenter leur capacité, créer les emplois, la valeur ajoutée et générer des impôts et taxes.
Le gouvernement camerounais doit développer ce que les anglosaxons appellent « Industrial Real Estate ». Il s’agit de construire dans nos régions, des zones industrielles modernes, avec des bâtiments aménages, destines à accueillir des usines ainsi que des entrepôts de stockage. L’avantage de construire en masse des bâtiments industriels par un promoteur immobilier est la baisse des couts de production de chaque unité ou économie d’échelle puis l’élimination d’un important goulot d’étranglement que représente les démarches administratives. Pour y parvenir le gouvernement camerounais doit réorganiser la MAGZI (Mission de développement et d’aménagement des zones industrielles) puis élaborer et promulguer une charte d’investissement incitative pour les promoteurs privés souhaitant investir dans ce secteur d’activité. Notre gouvernement doit déconcentrer vers les régions et procéder à une ouverture du capital social de la MAGZI a des investisseurs étrangers disposant soit de l’expertise, soit des ressources financières longues. Il convient également d’y associer les compagnies d’assurance et de crédit-bail. En effet, les bâtiments industriels selon les standards internationaux représentent environ 40% du budget requis pour la création d’une usine. L’implication des compagnies de crédit-bail et d’assurances dans le processus d’acquisition permet d’éliminer ce besoin de financement, de le convertir en charge fixe due mensuellement ou annuellement. Ainsi, un promoteur, via un prêt hypothécaire peut recourir à une société de crédit-bail immobilier pour acquérir un bâtiment industriel en leasing. La société de leasing peut elle même céder le contrat de prêt hypothécaire a une compagnie d’assurance, qui peut aussi reverser l’actif dans ses réserves techniques et la céder à terme, en cas de défaut de paiement de l’acquéreur initial. Le secteur d’activité de l’immobilier destine à l’industrie mérite donc une attention spéciale de la part du gouvernement camerounais, s’il veut augmenter la part de l’industrie dans notre produit intérieur brut.
Notre pays doit à l’exemple d’un pays comme la Tunisie, concevoir sa propre stratégie de remise à niveau des petites et moyennes industries a capitaux camerounais. Afin de permettre à ses industriels d’affronter la concurrence internationale, la Tunisie a élaboré un « Programme de Mise à Niveau » (Source : www.pmn.nat.tn/instruments-de-la-mise-a-niveau/pmn). Le projet est piloté par un bureau de mise a niveau qui fait appel à des centres techniques (état), ou encore des bureaux d’études (privée) afin d’accompagner les entreprises industrielles dans l’acquisition d’équipement industriels neuf et performant, l’innovation technologique et surtout la certification qualité ISO. Le gouvernement camerounais peut copier et accompagner cette initiative d’une incitation fiscale a l’investissement sous forme d’exonération des droits de douane sur les équipements importes en pièces détaches et assembles sur place au Cameroun. L’état peut aussi étaler sur deux ou trois exercices budgétaires, le paiement de la TVA sur immobilisation au-delà d’un seuil afin de soulager la trésorerie des entreprises. L’impact sera le report a nouveau des paiements dus au budget sur les prochains exercices, mais permettra le démarrage avec plus de facilite des nouveaux projets industriels, donc une croissance économique inclusive créatrice d’emplois, génératrice d’impôts et taxes.
Le gouvernement camerounais doit créer un centre de promotion des exportations car au-delà des hydrocarbures, de l’aluminium, du cacao, la banane et le coton qui sont nos principaux produits d’exportation, le Cameroun dispose des atouts à l’export : l’artisanat, les produits forestiers non-ligneux, les produits de la pisciculture, les produits agricoles bio…. La mise à niveau et l’innovation devrait permettre à nos entreprises de transformer les matières premières locales pour conquérir le marché de l’Union Européenne. Par exemple, l’élevage et le fumage des poissons d’eau douce, la transformation du manioc en aliment pour bebe ou semoule destinée a la pâtisserie, la transformation de la jacinthe d’eau en papier a dessin, la transformation des troncs de bananiers plantin en emballage papier biodégradables destines aux magasins de vente de produits de luxe ou encore le sucre de noix de coco… se vendrait dans le marche commun européen. Les Accords de Partenariat économique représentent donc une opportunité pour nos entreprises à l’exportation si un organisme les apporte un appui pour trouver un partenaire export, se former aux techniques d’exportation, l’accompagnement dans les démarches administratives, les salons professionnels et l’information. Le modèle de la Tunisie devrait nous inspirer. (Source : http://www.cepex.nat.tn).
A vrai dire, les Accords de Partenariat Economique représentent une opportunité permettant au Cameroun d’attirer les investissements et surtout moderniser notre tissu industriel. Elles offrent aussi la possibilité a notre pays de créer des milliers d’emplois en développant ses exportations. Tout dépendra de la capacité des décideurs à concevoir une stratégie gagnante.
Bonne et heureuse année 2018 a tous mes lecteurs.
Elisee Yonta
Analyste Financier-Économiste