Le monde se divise en deux catégories : celui des méchants et celui des bons. Mais en vérité, ce classement binaire masque le fossé qui sépare les uns des autres. Nous vivons sur une planète qui a vu des civilisations dominer les autres. Avec le temps, les empires se sont écroulés pour laisser place aux émergents. Force est de constater que notre planète suit le même cours. Aujourd’hui, nous entrons lentement, mais sûrement, vers un monde multipolaire car les garants de la démocratie n’ont pas voulu élaborer des projets progressistes vers le futur.
Une vie ne suffit pas à observer ces évolutions. Le vingt et unième siècle est un marqueur à retenir. Les forces sont entrain de s’inverser. Le doute s’installe en Occident alors que les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont le vent en poupe. Ils deviennent incontournables militairement, économiquement et politiquement.
N’est-il donc pas temps de s’assoir autour d’une table et de discuter en toute liberté ? Une action militaire sauvage détruirait notre planète. Avions-nous besoin de construire des bombes atomiques ? Qui peut oser, à l’heure actuelle, appuyer sur le bouton ?
Ce serait une folie que tout le monde redoute. Or nous avons arbitrairement laissé certains pays se doter de l’arme nucléaire. Aujourd’hui, ils peuvent bomber le torse. Mais pour combien de temps ? L’arme atomique est fatale. Elle n’épargnera personne. Elle est conçue pour détruire. Mais, comme un effet de boomerang, elle reviendra aussi vers ceux qui l’ont lâchée.
Depuis la révolution industrielle en Angleterre, à la fin du XVIIIe siècle, un mot d’ordre est toujours en vigueur : produire. Mais que produit-on ? Des biens industriels et manufacturés. Tout cela pour créer de la demande et satisfaire les consommateurs que nous sommes. Les besoins nouveaux viennent s’ajouter à l’inutile ou au superflu. Nous adhérons, naïvement ou pas, à un mode de consommation effréné. Nous y trouvons une satisfaction qui en redemande.
La révolution industrielle ne s’est pas seulement limitée à produire des biens et des services. Elle régule aujourd’hui notre alimentation et notre santé. Les quatre coins cardinaux ont en commun de consommer. Bien sûr, ceux qui produisent imposent aux autres leur mode de consommation. Et c’est à ce stade que le système crée des inégalités. Le petit monde veut bien consommer. Mais il ne dispose pas d’argent. Or pour consommer, il faut de l’argent. Les pays industriels ont conscience de ce rapport de force.
Le temps afin d’avoir raison des grandes puissances fatalement égoïstes. La roue tourne. Nous nous dirigeons vers un nouveau paradigme qui va bousculer un vieux modèle qui ne séduit plus et qui est à l’origine de l’appauvrissement systémique des pays faibles.
Imaginer un autre monde
Le monde bouge. Et à juste titre. Les pauvres où les anciens submergés réagissent. Ils ont conscience de leurs forces et de leurs atouts. Ils s’efforcent à réduire le fossé qui les sépare des grandes puissances.
Les puissants continuent à fonctionner selon un modèle ploutocratique qui n’est plus en phase avec le monde multipolaire qui veut réduire les inégalités et la dépendance. Ils ne sont pas disposés à changer de fusil d’épaule. Mais la réalité les rattrape. Il va falloir s’adapter au nouveau monde.
Nous entrons dans une nouvelle ère mondiale sous un angle géoéconomique en trois phases :
- La dédollarisation ;
- La démondialisation ;
- La désoccidentalisation.
Imaginer un autre monde est possible. Un monde plus juste, plus équilibré et qui offre de vrais projets à tous. L’Afrique est invitée à participer activement à la construction de ce nouveau paradigme. Le monde multipolaire lui tend les bras. Mais pour y entrer, cette dernière doit arracher sa souveraineté, sa liberté et son indépendance qui constituent des conditions qui ne se négocient pas.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant