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Le 05 mars 2025, à la télévision, Emmanuel Macron a demandé au peuple français de se préparer pour affronter l’armée russe qui vient de terrasser en Ukraine, les 33 pays de l’Otan toute seule, méritant le respect de Donald Trump qui, pour cette raison, est en train de négocier la capitulation de l’Ukraine sans condition.
Emmanuel Macron réagit, pour dire que Donald Trump est trop faible et donc, qu’il peut faire le job tout seul contre Poutine.
J’ai pensé partager avec vous cette leçon que j’ai écrite il y a 11 ans, pour expliquer qu’il s’agit en réalité d’une armée échantillonnaire et puis c’est tout. Son échec au Mali 9 ans après la publication de mon analyse, m’a donné raison.
Je suis juste surpris que Macron n’a pas retenu la leçon.
Cette fois-ci il veut s’attaquer à la Russie.
Je ris, ça ne finit pas !
JPP06/03/2025
Il y a 11 ans, j’écrivais pour expliquer pourquoi l’armée français allait échouer au Mali et qu’elle ne pouvait même pas remporter une confrontation militaire contre l’armée camerounaise, au Cameroun.
Voici un extrait de cette leçon
(…)
LES STRATÈGES MILITAIRES FRANÇAIS SONT-ILS DES CANCRES, OU JUSTE MÉDIOCRES EN ARITHMÉTIQUE ?
ou Voici Pourquoi la France ne peut pas battre le Cameroun dans une confrontation militaire au Cameroun
Pourquoi l’armée français ne pouvait pas réussir au Mali ?
Voici comment j’ai anticipé il y a 11 ans, en 2014, son échec dans le tome-2 de mon livre : “Géostratégie Africaine” Tome 2 de Jean-Paul Pougala
LES STRATÈGES FRANÇAIS SONT-ILS DES CANCRES, OU JUSTE MÉDIOCRES EN ARITHMÉTIQUE ?
Au cours préparatoire, c’est à dire à nos enfants de 6 ans on enseigne en arithmétique que 1+1 = 2 ; 2+2 = 4 ; 4-3 = 1. À partir du CM1, c’est-à-dire à nos enfants de 9 ans, on y ajoute des “problèmes” un peu complexes du style : en élevant 10 poules auxquelles je donne chaque jour 5 litres d’eau, si j’en vends 4, combien m’en reste-t-il ?
Et combien de litres d’eau par jour aurai-je donc besoin pour nourrir le restant des poules ?
Réponse des enfants : Il restera 6 poules. Et pour les abreuver, il faudra 3 litres d’eau chaque jour.
Vous ne me croirez pas et je vous donne raison, mais c’est pourtant à ce genre de problèmes que les stratèges de l’armée française ont récemment obtenu un zéro pointé.
En tout cas, ce zéro n’a pas été attribué par un pauvre et insignifiant camerounais, ex-pousseur et vendeur d’arachides à la sauvette comme moi, mais par ce qu’ils appellent là-bas en France “les Sages de la Rue Cambon” ou prosaïquement appelé la Cour des Comptes.
Cette dernière, dans son rapport rendu public le 15 octobre 2013, nous dresse l’état comptable et financier lamentable d’une armée française sans réelle visibilité stratégique pour l’avenir, où personne ne contrôle ni ne maîtrise plus rien du tout.
Nous sommes en 2008 durant la présidence de Nicolas Sarkozy qui en pleine crise économique, décide de mettre l’armée à contribution en baissant son budget de 1,1 milliard d’euros durant son quinquennat. Il pose alors la question aux stratèges économistes du Ministère français de la Défense en ces termes :
de combien devrais-je réduire l’effectif de l’armée française si je veux réaliser une économie de 1,1 milliard d’euros ?
Réponse : de 23 000 militaires en 2 ans. Le président l’approuve et de 2009 à 2011, il va réussir à baisser l’effectif de l’armée française de 23 000 unités. Et de combien était l’économie ?
Je vous garantis que je ne mens pas : non seulement il n’y a pas eu d’économie, mais en plus, les dépenses ont augmenté d‘1 milliard d’euros. Comment ont-ils pu se tromper à ce point aussi grossièrement ?
C’est simple. Ils ont confondu la “moyenne” et la “médiane”. On n’a pas besoin d’aller à l’université pour l’apprendre.
Je l’ai appris en statistiques en classe de seconde B-G au lycée technique de Douala-Koumassi. Ils ont juste fait la moyenne des salaires et ont coché sur une liste au hasard des noms de militaires à renvoyer, alors qu’ils auraient dû utiliser la médiane pour déterminer le salaire pour lequel la moitié des effectifs gagne au-dessous, et l’autre moitié gagne au-dessus de cette valeur.
Cela aurait tout simplement permis de se rendre compte qu’il ne servait à rien de réduire le nombre de militaires même de 23 000 unités en ciblant uniquement ceux en dessous de cette médiane, car cela n’aurait en rien fait changer le chiffre qu’on voulait affecter.
En d’autres termes, ils ont diminué de 23 000 les militaires de bas rang que l’on appelle ici au Cameroun les Sans Gallon.
La somme de leurs salaires était plutôt minable. C’est une erreur de débutants.
Cette erreur de médiane peut justifier que les dépenses ne diminuent pas autant que prévu, mais pas qu’elles augmentent.
Oui, c’est vrai. Sauf que les stratèges français ont commis une autre erreur très grave, ce qui est impardonnable lorsqu’elle est faite par des personnes qui travaillent pour les forces armées d’un pays.
Le président Sarkozy a en toute bonne foi fait confiance à ses meilleurs experts. Et c’est là que se situe le problème de la qualité des meilleurs experts français dans le domaine militaire.
Un militaire, avant d’entrer en guerre, est supposé tenir compte de tous les paramètres et de les analyser méticuleusement.
Malheureusement, dans cet exemple, ces experts français ont fourni à leur président une analyse tronquée et erronée d’une information capitale : dans les rémunérations des militaires français, il existe une sorte de mafia appelée primes.
Elles sont au nombre de 174 différentes et personne n’y comprend rien du tout. En plus, cette manigance concerne 38% de la masse salariale des militaires français.
Il n’est pas toujours clair pourquoi un militaire bénéficie d’une prime et son collègue non.
Ce qui fait dire à la Cour des comptes, dans la conclusion de ce rapport à la mi-octobre 2013 :
“Le système indemnitaire des militaires français est trop complexe, peu lisible et difficilement contrôlable […] Un toilettage des primes pour supprimer celles qui n’ont plus de raison d’exister s’impose. En outre, il conviendra de mettre fin à un certain nombre de pratiques contestables. […] Aucune analyse complète n’a été réalisée depuis 2009, ce qui est préjudiciable à la maîtrise de la masse salariale. […]
En outre, la multiplicité des primes entretient une dynamique inflationniste et induit un coût de gestion. Intrinsèquement, l’absence de visibilité du régime indemnitaire et la difficulté de vérifier la réalité de certaines primes rendent le système hors contrôle”.
Mais ces problèmes, nos stratèges français le savaient-ils ou non ?
Que la réponse à cette question soit oui ou non, cela n’augure rien de bon.
Ce dont j’ai plutôt peur est qu’en cas de guerre entre la France et le Cameroun, ces stratèges envoient les militaires français bombarder Downing Street, le siège du premier ministre britannique où réside un certain Cameron. Parce qu’ils auront tout simplement confondu “Cameroun”, le pays, avec “Cameron”, l’homme, le premier ministre du Royaume-Uni.
Et même s’ils trouvaient la bonne cible, seraient-ils en mesure d’en évaluer les capacités défensives et surtout les intentions offensives ?
C’est pourtant ces deux mots magiques qui sont inscrits dans l’acte de renvoi avec lequel le commandement américain, l’US Marine Corps (USMC) a utilisé comme motif, le 30 septembre 2013, pour expliquer le licenciement de 2 de ses meilleurs généraux, les majors généraux Charles Gurganus et Gregg Sturdevant.
Ils se sont trompés de calculs et de jugement lorsque dans la nuit du 14 au 15 septembre 2012, un commando de 12 talibans avait réussi à s’infiltrer et détruire 6 des très couteux avions de combat Harrier (plusieurs centaines de millions de dollars), dans le camp Bastion en Afghanistan, où séjournaient 28 000 soldats de l’Otan dont le prince Harry, qui certainement ronflait à cette heure tardive de la nuit.
Ces deux généraux avaient trop fait confiance à leur présumée supériorité militaire sur de soi-disant talibans primitifs vivant dans des grottes afghanes. Ils avaient tout misé sur leur matériel militaire et de sécurité qui sont les plus coûteux et les plus sophistiqués au monde, matériel parmi lequel on peut citer des capteurs allant des caméras thermiques aux radars de détections de mouvement, on pourrait aussi y ajouter des miradors.
Mais ils avaient oublié d’y inclure d’autres variables comme les renseignements humains. En guerre donc, le plus puissant n’est pas toujours capable de faire plier le plus faible, surtout s’il s’embrouille dans des petits calculs d’arithmétique élémentaire.
QUE VAUT L’ARMÉE FRANÇAISE EN AFRIQUE ? UNE ARMÉE BOUT DE FICELLE !
L’armée française est une armée « bout de ficelle », ce n’est pas moi qui le dis, mais le colonel Jacques Bessy, Président de l’Adefdromil (une association des gradés de l’armée française à la retraite, créée en 2001), dans une interview diffusée le 22 avril 2014 sur les ondes de la radio publique française en continu : France-Info.
Ils parlent au nom des soldats, car le droit de réserve leur interdit de parler, de se plaindre de leurs conditions déplorables de travail.
Voici ce que le Colonel Jacques Bessy déclare à France-Info pour décrire les conditions lamentables de l’armée française en Centrafrique :
“Les fantassins ne réclament pas grand-chose finalement. Juste du matériel qui tient la route, des équipements – des radios par exemple – qui fonctionnent. C’est clair que la plus grosse inquiétude porte sur le matériel roulant. Les véhicules de l’avant blindé sont fatigués, en fin de vie. Souvent, quand les pièces s’usent. Il faut désosser deux véhicules pour en faire un seul.
C’est ce qu’on appelle la cannibalisation du matériel. Tout cela alourdit les opérations et cela mine le moral. C’est grave, car le moral, c’est capital dans une armée en opération. Sans le moral, il y a une baisse de vigilance, et c’est là qu’on augmente le risque de se laisser surprendre”.
Sur Facebook, ce sont leurs familiers qui prennent le relai de l’Adefdromil et parlent pour eux. Voici 4 témoignages de mamans de garçons des 2000 militaires français opérant en Centrafrique, recueillis par la même édition de France-Info:
a) “Nous, les familles, on en a assez d’être toujours dans une inquiétude qui n’est pas forcément justifiée. Oui c’est leur choix d’avoir embrassé cette carrière. Mais ils n’avaient pas signé pour de telles conditions d’intervention.
Ce sont nos enfants, nos maris, nos frères, des hommes courageux. Ils sont dignes de disposer d’un meilleur matériel et de conditions décentes de vie sur le terrain. Moi comme beaucoup de Français, je paye des impôts et je me demande où passe l’argent alloué à la défense”
b) “Nos garçons racontent qu’ils doivent frapper très fort le démarreur avec une barre de fer pour essayer de faire repartir ces VAB (véhicules de l’avant blindé). Quelquefois, cela fonctionne. Quelquefois pas. Et il faut espérer qu’à ce moment-là, ils ne soient pas pris pour cible par des insurgés.
On sait que les mécanos commandent souvent des pièces qui n’arrivent jamais. Car ce sont des modèles de pièces épuisés ou parce que tout simplement, il n’y a pas l’argent. Mes fils me disent parfois qu’ils ont le sentiment qu’un jour on finira par leur demander d’aller au front avec un bâton”
c) “Dès son arrivée, voyant qu’il devait dormir sous la tente sans climatisation, mon fils a fait comme quantité de soldats là-bas. Il est allé au marché de Bangui et il s’est acheté son propre ventilateur pour que ses nuits soient plus supportables. Il l’a payé avec son propre argent. C’est le cas d’ailleurs aussi pour beaucoup de ses affaires : son gilet à poches, ses chaussures, son sac à dos. Tous ces équipements-là, il les a achetés sur Internet ou dans des boutiques spécialisées en France. Car les équipements qui leur sont fournis par l’armée sont de mauvaise qualité.
Ces sont des ‘premiers prix’, les coutures cèdent, les semelles se décollent, ça n’est pas fiable pour une mission de plusieurs mois à l’étranger”, et l’éditorialiste de la radio France-Info d’ajouter comme une fatalité : “On se souvient aussi de la polémique sur les chaussures dont les semelles fondaient au contact du sol au nord Mali”.
d) “On circule dans des véhicules sans blindage dans des zones pourtant sensibles. Alors on fait avec les moyens du bord : on prend des gilets pare-balles et on les déplie sur les portières en guise de protection. À l’arrière, là, on met des sacs de sable pour arrêter les balles.”
Dans une “Question écrite” n° 11410 adressée au ministre français de la Défense, du Député UMP, M. Christian Cambon (Val-de-Marne – UMP) après avoir séjourné du 14 au 15 avril 2014 avec l’armée française en Centrafrique, Question publiée à la page 977 du Journal officiel Sénat du 24/04/2014, voici ce que dénonce le parlementaire, au sujet des conditions de vie “très précaires” de ces soldats français qu’il a rencontrés en Centrafrique :
“Leurs repas sont rarement chauds et restent très frugaux. Ils ont peu d’espace disponible au camp et deux douches sont en fonctionnement pour tout le camp (de M’Poko). Il n’y a pas de moustiquaires sauf pour l’hôpital alors que la saison des pluies favorise la prolifération des moustiques et le risque de paludisme.
Le matériel médical est contingenté pour des soldats soumis aux piqûres d’insectes, aux infections et à des désordres intestinaux. Les conditions sont moins difficiles que dans les camps de réfugiés, mais une armée comme celle de la France ne doit pas faire subir de telles contraintes à ses soldats. “
Comme on peut bien le constater, ces conditions précaires ne sont même pas dues à des raisons financières, mais plutôt de la difficulté d’adaptation d’une armée étrangère sur un terrain qui n’est pas le sien. Essayez de transposer la même armée de Centrafrique vers le Cameroun pour combattre le BIR (Brigade d’Intervention rapide) du Cameroun.
On n’a pas besoin d’être un stratège militaire pour savoir comment cela va se terminer : une défaite lamentable de la modeste armée française.
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Jean-Paul Pougala
Jeudi le 06/03/2025