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C’EST LA GRANDE UNE DU QUOTIDIEN “LA NOUVELLE EXPRESSION N°5960 DU 23 MAI 2023 QUI OUVRE SES COLONNES EN PAGES 6 ET 7 À CLÉMENT W. MBOUENDEU, GARDIEN DE LA MÉMOIRE DE JEAN MBOUENDÉ, POUR ÉVOQUER UN PAN DE CETTE HISTOIRE DOULOUREUSE DE NOTRE PAYS.
LISONS PLUTÔT

Du 22 au 30 mai 1955, des scènes de violence émaillent la scène politique nationale et singulièrement en pays Bamilékés et Bassas.
Elles avaient été planifiées par l’administration coloniale pour stopper les velléités indépendantistes.
À la suite de la troisième et dernière audition de Ruben Um Nyobé, les 24 et 25 novembre 1954, la IVe séance du Conseil de Tutelle de l’ONU, va prendre la résolution d’envoyer une mission de visite au Cameroun au cours de l’année 1955. Cette mission aurait le pouvoir de procéder sur place à des consultations de la population qu’il lui semblerait utiles, sur les questions exposées par Ruben Um Nyobe lors de son audition et en particulier, le problème de la réunification des deux Cameroun et de l’indépendance.
C’est dans ce contexte que Roland Pré remplace André Soucadeaux comme haut-commissaire de la République française au Cameroun le 29 décembre 1954.
Sa mission se résume pour l’essentiel à mater l’UPC et à la réduire au silence pour le moins, l’éradiquer pour le mieux.
Pour ce faire, il décide d’affecter à Douala tous les leaders de l’upc répertoriés dans l’administration et disséminés aux quatre coins du Cameroun .
Le but étant de les mettre sous contrôle pour mieux les maîtriser.
L’effet recherché est contraire aux prévisions, car ce rapprochement va plutôt jouer un rôle capital dans la cohésion de l’équipe dirigeante de l’UPC.
Le 05 mars 1955, Um Nyobé est donc de retour des nations unies.
L’administration française est évidemment hostile à la venue de la mission de visite des nations unies obtenue par le nationaliste.
Dans les valises du Mpodol, il y avait les emblèmes du parti(crabe noir sur fond rouge) et les drapeaux de l’ONU qu’il devait implanter dans tous les coins stratégiques du pays dans le cadre d’une campagne d’explications des résolutions du conseil de tutelle favorables à l’indépendance et à la réunification du Cameroun.
Bafang où le siège de l’UPC se trouvait dans la concession de Jean MBOUENDE constituait une étape névralgique en ce sens que c’est le comité central du ressort sous la bienveillante impulsion de son leader qui restait la locomotive dans les souscriptions contribuant au bon fonctionnement du mouvement, y compris notamment les déplacements de Ruben Um Nyobé.
La date arrêtée pour le meeting d’explications et de reconnaissance à son rôle prépondérant dans la lutte était prévue le 29 mai 1955 à Bafang et Um Nyobé devait être présent avec tout le sommet du parti.
Face aux assauts à répétition de l’administration coloniale contre les militants du parti des crabes, l’assemblée générale du comité central de Bafang va se réunir le 01er mars 1955 sous la houlette de Jean Mbouendé pour formuler une pétition qui arrivera au siège des nations unies le 18 mars 1955. Elle dénonçait les agissements rébarbatifs du chef de subdivision, Orabona et de ses suppôts locaux contre le nationalisme.
C’est dans ce contexte qu’Um Nyobé devait se rendre à Bafang le 29 mai 1955 à la tête d’une délégation dense.
Il faut se souvenir que préalablement à cette action, l’administration coloniale avait mis sur pied des organisations fantoches à l’instar du Bloc Bamiléké, de l’Esocam, du Pdc qu’elle dressa contre l’UPC.
Pour empêcher la tenue de la rencontre du 29 mai, le chef de subdivision de Bafang adressa à jean Mbouendé en avril 1955 une correspondance l’invitant à quitter l’UPC contre forte rançon.
Sa réponse par voie de correspondance également spécifiait sa détermination à voir le Cameroun dirigé par ses propres fils et voici la substance principale :
« vous êtes Français, défendez les intérêts français. Moi je suis Camerounais, je défendrai les intérêts camerounais. Il est hors de question pour moi de démissionner de l’UPC car le faire signifierait abandonner le Cameroun… »
Cette réaction de trop va provoquer l’ire du chef de terre qui fera directement suivre la correspondance au haut-commissaire à Yaoundé, densifiée d’un rapport accablant.
Cela va s’ajouter à la « têtutesse » de Jean Mbouendé observée depuis 1935.
De concert, ils vont prendre la décision de l’éliminer physiquement.
Pour réaliser ce plan diabolique, le pouvoir colonial sous l’instigation du haut-commissaire de la république française au Cameroun, Roland Pré, va initier une réunion regroupant tous les chefs bamilékés dans le cadre du Bloc bamiléké à la chefferie Bafang.
Cette association était dirigée par le chef Bandjoun et Nitcheu Jean Baptiste était le secrétaire général.
Chaque chef devait venir avec au moins dix guerriers. Ils y étaient tous logés et pris aux bons soins de l’administration coloniale.
Ceci était en prélude à la rencontre du 29 mai avec Um Nyobé.
Plusieurs réunions vont se tenir en ces lieux et plusieurs décisions concernant l’UPC et ses hommes seront prises.
Le plan de diabolisation du mouvement ira en se précisant. La destruction systématique de tous ses sièges à travers le Cameroun est programmée.
La neutralisation de ses dirigeants aussi.
Déjà le 24 mai, le siège de Douala est saccagé en même temps que les emblèmes du parti et les effigies de l’ONU.
Ici il est important de signaler que ce siège, fait en carabotte n’avait pas pu prendre feu et Monseigneur Pierre Bonneau, évêque et vicaire apostolique de Douala avait été appelé en renfort. C’est lui qui va finalement « bénir » le feu qui a pu brûler cette bâtisse.
Le même sort est réservé le lendemain au siège de Nkongsamba au cours d’affrontements pendant lesquels le responsable local du parti trouvera la mort.
Le 29 mai, c’était le tour du siège de Bafang d’être réduit en cendres.
Or le siège était chez Jean Mbouendé et beaucoup de personnes pensèrent qu’il avait été arrêté et décapité pendant cette attaque meurtrière du pouvoir colonial. Que nenni!
Jean Mbouendé avait eu vent de tout ce qui se tramait contre ses partisans et lui quelques semaines avant par le biais de Ngasseu Simon qui lui a confié ceci:
« Jacob Wendji m’a dit qu’ils s’apprêtaient à venir chez toi le 29 mai pour détruire tes maisons et que lui-même se chargerait de récupérer les tôles pour aller couvrir sa case ».
La présence à Bafang des chefs bamilékés et de leurs guerriers prirent alors dans l’esprit du nationaliste la pleine mesure de leur signification.
Il fut dorénavant clair que l’administration préparait ce monde à leur donner l’assaut au cours de la rencontre du 29 dans le but de les massacrer pendant les affrontements.
Jean Mbouendé perçu alors la nécessité d’éviter un bain de sang et prit les dispositions pour dissuader la hiérarchie, les militants et sympathisants du parti d’effectuer le déplacement de Bafang.
C’est le secrétaire du comité central, Nitcheu Ben Paul qui sera mis en mission sur Douala pour acheminer la décision à Um Nyobé.
Le 26 mai, alors qu’il se trouvait dans ses plantations à Kambo- Kékem, Jean Mbouendé vit passer une dizaine de camions militaires.
C’était un contingent qui venait de Douala( les soldats de la communauté française partis de Brazzaville au Congo) et qu’on envoyait à Bafang pour la réalisation de la sale besogne.
À son retour des travaux champêtres vers 15h, deux émissaires des chefs Babouantou, Moungoué Michel et Banféko, Datchoua Marcel vinrent tour à tour l’informer de la sentence de mort prononcée à son encontre au cours des assises de la chefferie Bafang et lui conseillèrent de s’exiler.
Ayant pris soin de les remercier, il se rendit aussitôt à la chefferie Banka à la rencontre de sa Majesté Tientcheu Michel.
ENTRETIEN AVEC LE CHEF BANKA
Le Chef Banka avait participé à ces rencontres organisées par le haut-commissaire pour liquider Jean Mbouendé et ses partisans et était contre les résolutions. Mais il avait été contraint par son fils Nitcheu Jean Baptiste et quelques élites Banka, présents, d’y apposer sa signature.
Il a alors abandonné ses pairs pour rejoindre sa chefferie où Jean Mbouendé va le suivre pour l’entretien qui suit :

  • jean Mbouendé : il m’est revenu qu’une guerre est prévue chez moi le 29 mai;
  • Chef: ce n’est pas la guerre. Nous avons appris qu’une réunion au sommet de l’UPC est prévue à ton domicile ce jour là et pour empêcher sa tenue, l’administration a demandé à tous les chefs bamilékés d’être présents ce jour, chacun accompagné de ses guerriers pour identifier nos ressortissants respectifs et les ramener même de force dans nos villages.
  • Jean Mbouendé : que feras-tu alors de moi, ton ressortissant, majesté ?
  • Chef: je t’arrêterai et te garderai ici à la chefferie pendant quelques jours et aussitôt le calme revenu, je te libérerai.
  • Jean Mbouendé : parce que nous upcistes sommes devenus vos femmes? Je te suggère de saisir le chef de région à Dschang à travers une correspondance exprimant explicitement ton opposition à cette guerre programmée dans ton village. Par ailleurs il faudrait envoyer tes sujets aux différentes frontières Banka chacun muni d’une branche d’arbre de paix qu’ils accompagneront avec la chanson: “nous sommes contre la guerre à Banka”. La sanction que t’infligera l’administration n’ira pas au-delà d’une garde-à-vue pour quelques jours dans une de ses geôles.
    En cela tu as le choix entre la paix et la guerre. Notre mouvement est contre la guerre. Tout ce que nous voulons, c’est l’indépendance de notre pays et nous l’aurons contre vents et marées. L’administration française nous a déjà trop ridiculisés. Nous voulons désormais entretenir les relations de partenariat avec tous les pays de bonne volonté, y compris la France si elle le désire et donc nous disons non à toute forme d’assujettissement ou d’esclavagisme.
    Sur ces mots, Jean Mbouendé prit congé du chef Banka.
    On est le 26 mai 1955.
    Destination de Jean Mbouendé et action du chef banka
    Après son entretien avec le chef Banka au crépuscule du 26 mai 1955, Jean Mbouendé va se rendre le lendemain à l’aube dans ses exploitations agricoles à Kambo-Kékem en laissant croire à son entourage qu’il allait à Nkongsamba pour acheter les pièces de rechange de sa voiture.
    Le soir du même 27, Youmbi Michel chef Fonkouakem, émissaire du chef Bangangté arrive au domicile de Jean Mbouendé et demande à le voir: « Il n’est pas là », lui disent ses épouses. Il demande à voir la femme qu’on estime qu’il aime le plus. Une d’elles se pointe et Youmbi Michel lui remet une somme de FCFA 1 000, qui valait à cette époque son pesant d’or. Il lui demande en contrepartie de tout faire pour ramener le nationaliste même s’il faut à cet effet aller au Cameroun occidental car dit-il, le chef Bangangté Djiké promet de l’amener à Dschang pour une rencontre de réconciliation avec le chef de région et fait dire que sa sécurité serait garantie.
    Le 28 mai, son épouse en question étant sans nouvelle de lui comme toutes les autres, va entreprendre d’aller se renseigner auprès des ouvriers dans la plantation à Kékem.
    De sa cachette, Jean Mbouendé l’a vue arriver et s’est présenté à elle.
    Elle lui a expliqué les raisons de sa présence en ajoutant qu’au delà de 20h, si le chef Bangangté ne le voit pas, il va retourner dans son village.
    Voici la réponse du nationaliste à son épouse :
    « fais attention! Tu laisseras ta propre tête si tu leur dis m’avoir vu. Je ne suis ni le bouc émissaire que le chef Bangangté sacrifiera sur l’autel de sa dévotion à la France, ni la rançon pour obtenir sa gloire. Nous luttons pour l’indépendance de notre pays et nous l’aurons. Va-t’en d’ici ».
    Elle repartit et feignit de ne pas l’avoir vu. Il s’agissait de Kadji Elisabeth.
    Le même jour, le chef Bangangté Djiké résolut de rentrer dans son village, clamant tout haut son opposition au principe de tout affrontement à Banka compte tenu des liens de fraternité historiques.
    Les chefs Bangou Kemayou Bernard et Bandenkop Fezeu Marcel qui ne partageaient pas la position de l’administration vont le suivre avec leurs troupes.
    Les chefs Babouantou Moungoué Michel et Banfeko Datchoua Marcel qui étaient également contre la position de l’administration rallieront leurs chefferies respectives en prétextant d’être malades.
    Vers 20h de ce 28, les soldats de la communauté française venus de Douala vont encercler la concession de Jean Mbouendé avec interdiction à quiconque d’entrer ou de sortir.
    Le groupe de onze qui avait promis d’offrir la tête du nationaliste à l’administration vint vers 21h pour l’exécution de leur mission.
    Malheureusement pour eux, les militaires qui ignoraient tout de ce groupe interdirent à ses membres de franchir l’entrée de la concession.
    Parmi eux, un ami intime de jean Mbouendé, Djomo Isaac, instituteur de son état, dont le rôle était de sonner et de décliner son identité pour faciliter l’accès au domicile et la livraison de son ami à ses bourreaux. Ils étaient tous convaincus, les militaires avec, qu’il était toujours terré dans sa concession.
    Le 29 mai 1955 à l’aube, le chef Banka Tientcheu Michel va investir les lieux.
    Ayant au préalable demandé à toutes les femmes du village de former une couronne d’arbres de paix autour de la concession de Jean Mbouendé à l’entrée de laquelle il prendra lui-même place, accompagné de quelques devineresses(Meniciè) brandissant chacune une branche d’arbre de paix également.
    Les chefs, partisans de la guerre arrivent avec leurs guerriers et trouvent le chef banka assis comme pour exprimer son opposition à cette entreprise machiavélique.
    Il faut préciser que le dispositif de branche d’arbres de paix est dissuasif et présente un double visage : il constitue en soi, conformément à la coutume bamiléké, une interdiction de franchir la concession, et après une offre tangible de volonté d’éviter toute guerre en prônant ardemment et ostensiblement la paix sans condition.
    La dissuasion aurait eu raison de la belligérance et contraint les va-t’en-guerre à battre en retraite, non sans accuser le chef banka de trahison si l’outrecuidance de Nitcheu Jean Baptiste n’avait pas fait échec au stratagème.
    Ce dernier en effet, secrétaire du Bloc Bamiléké de son état, présumé prince héritier du chef Banka, joua un rôle important et décisif dans la manœuvre.
    II va défier tout le monde et s’avancer vers son père pour l’interpeler par ces mots :
    « vieux, tu ne peux pas mourir et laisser quelqu’un d’autre régner » ?
    Dans la foulée, il dégagea un tas de branches d’arbres de paix et libéra le passage à la horde des ravisseurs.
    Pris de peur, son père, le chef Banka s’enfuit à la chefferie.
    À la tête des ravisseurs, Nitcheu Jean Baptiste organisa alors la destruction et le pillage de la concession Jean Mbouendé.
    Dans la mêlée, le chef Bandjoun Kamga emportera le coffre-fort du nationaliste contenant la somme de FCFA 300 000.
    Malheureusement pour lui, certaines populations locales qui suivaient le spectacle avaient pris des dispositions en abattant des arbres qu’ils vont disposer en travers de la route du quartier Patchi à Manila. Coincé, il rentrera remettre ce précieux butin au chef de subdivision.
    Le coffre-fort disparaîtra ainsi à jamais.
    Pour n’avoir pas trouvé Jean Mbouendé à l’intérieur des maisons, les ravisseurs furieux, soumirent tout son patrimoine aux ravages des flammes:
    deux villas, deux maisons en dur dont le siège de l’UPC, un camion Ford de 04 tonnes et bien d’autres effets.
    Ils s’attaquèrent également aux biens de tous ceux qu’ils soupçonnaient être membres de l’UPC, donc proches de lui.
    Les archives du parti et du syndicat disparurent également dans cette tourmente.
    Le secrétaire permanent, Njoké Samuel, coopté par le comité directeur du parti auprès du comité central de Bafang habitait dans le logement que Jean Mbouendé avait mis à disposition comme siège du mouvement.
    Il disparut ce jour et il n’y eut plus jamais de nouvelle de lui depuis lors.
    Tout porte à croire qu’il avait trouvé la mort lors de cette descente meurtrière de l’administration.
    Le même jour, le chef Banfelouk va ouvrir le feu sur le frère cadet du chef Banka , Miaffeu Yossa.
    Grâce au conseil des chefs Babouantou et Banfeko, Jean Mbouendé échappera au massacre de la horde coloniale.
    Sort des chefs récalcitrants.
    Après les émeutes du 29 mai 1955 , le pouvoir colonial va dresser la liste des chefs ayant affiché des comportements allant à l’encontre de sa position et refusé de participer à la razzia de Bafang.
    L’âge avancé du chef Bangangté va l’épargner des représailles.
    Le “prétexte” sanitaire couvrira également les chefs Babouantou et Banfeko.
    En revanche, les chefs Bandenkop Fezeu Marcel et Bangou Kemayou Bernard étaient encore à la fleur de l’âge. Ils furent convoqués par l’administration à Dschang, entendus et contraints par la suite à l’exil.
    Ils suivront ainsi les leaders upcistes dans le Cameroun occidental, traverseront les frontières pour se retrouver tour à tour en Chine, dans les pays de l’Europe de l’Est pour enfin élire domicile en Guinée Conakry.
    Souvenez-vous que pour dissuader Um Nyobé de se rendre à Bafang le 29 mai 1955, Jean Mbouendé avait dépêché à Douala le secrétaire général du comité local, Nitcheu Ben Paul.
    Les troubles le trouveront donc en mission à Douala et il suivra le même itinéraire que les chefs précités pour un long exil.
    Quant à Jean Mbouendé, il va se retrancher dans ses exploitations agricoles de Kékem où il passera cinq bonnes années à dormir sous un baobab, les mains nues, mais avec la détermination de voir le Cameroun dirigé par les Camerounais.
    Quand au chef Banka, il reverra la copie de son testament.
    Concernant les dégâts, le gouvernement d’Ahidjo les évaluera après l’indépendance 05 ans plus tard et sollicitera de la France l’indemnisation.
    Il est revenu à Jean Mbouendé que la France avait réagi favorablement avec une somme de 70 millions de Francs Métro restés entre le chef de l’Etat et son ministre des Finances, Charles Onana Awana.
    Clément W. MBOUENDEU
    Gardien de la Mémoire du Nationaliste.

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