L’acteur veut «faire honte» aux soutiens du régime, qui s’apprête à punir de lapidation l’homosexualité et l’adultère.
« À chaque fois qu’on séjourne, qu’on organise des réunions, ou qu’on dîne dans un de ces hôtels, on met directement de l’argent dans la poche d’hommes qui choisissent de lapider et de fouetter jusqu’à la mort leurs propres concitoyens, parce qu’ils sont homosexuels ou accusés d’adultère », s’insurge la star de cinéma.
« Brunei est une monarchie, et boycotter des hôtels ne fera probablement pas changer ces lois. Mais allons-nous vraiment participer au financement de ces violations des droits humains ? », se questionne George Clooney dans sa tribune. Il donne une liste de neuf établissements : le Meurice et le Plaza Athénée à Paris, le Dorchester et 45 Park Lane à Londres, le Coworth Park à Ascot (Royaume-Uni), le Beverly Hills Hotel et le Bel-Air à Los Angeles, l’Eden à Rome et le Principe di Savoia à Milan.
«J’ai séjourné dans nombre d’entre eux mais j’ignorais qui les possédait »
« J’ai séjourné dans nombre d’entre eux, dont certains récemment, parce que je n’avais pas fait mes devoirs et que j’ignorais qui les possédait », reconnaît l’acteur américain.
« Mais soyons clair, chaque fois que nous prenons une chambre ou organisons une réunion ou dînons dans l’un de ces neuf hôtels, nous mettons de l’argent directement dans la poche d’hommes qui choisissent de lapider et de fouetter à mort leurs concitoyens homosexuels ou accusés d’adultère », relève encore la star.
« Après tout ce temps passé à avoir affaire à des régimes meurtriers, j’ai compris qu’il était impossible de leur faire honte », admet l’acteur américain. « Mais on peut faire honte aux banques, aux financiers et aux institutions qui font des affaires avec eux et choisissent de fermer les yeux », conclut-il.
Un sultan au pouvoir depuis 1967
Invoquant la loi islamique, instaurée progressivement depuis 2014, le sultanat de Brunei, riche petit Etat pétrolier d’Asie du Sud-Est, s’apprête à instaurer la peine de mort par lapidation en cas d’homosexualité ou d’adultère. L’homosexualité était déjà considérée comme illégale dans cette petite monarchie de 430.000 habitants, dirigée d’une main de fer par le sultan Hassanal Bolkiah depuis l’abdication de son père en 1967.
Mercredi, l’organisation Amnesty International a exhorté le pays à « arrêter immédiatement la mise en application de ces mesures », prévue le 3 avril prochain. « Légaliser des peines aussi cruelles et inhumaines est épouvantable », a déclaré Rachel Choa-Howard, spécialisée dans l’Asie du Sud-Est à Amnesty, dans un communiqué.
Le pays est musulman aux deux tiers, avec une forte présence bouddhiste (13 %) et chrétienne (10 %). L’islam est cependant la religion officielle et sa pratique est réputée plus conservatrice qu’en Malaisie ou en Indonésie, pays musulmans voisins. Il y a deux systèmes judiciaires, l’un civil et l’autre islamique.