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“L’oubli est la ruse du diable !”

Dimanche 24 avril 1960. Aux alentours de 15 heures, on aperçoit une épaisse couche de fumée et d’immenses flammes se dégager du quartier Congo à Douala.
Ceux qui sortent des flammes pour s’échapper trouvent face à eux des armes à feu pointés. Il ne leur reste plus qu’à choisir entre mourir calciner dans les flammes ou périr criblés de balles.

Que s’est-il passé exactement ? Comment en est-on arrivé à ce massacre ?

Le quartier Congo était un quartier de la ville de Douala majoritairement peuplé de nationalistes camerounais originaires de l’ouest Cameroun ( Bamiléké). En face, se trouvait le quartier « sénégalais » où vivait la communauté musulmane ; des individus venus du Nord Cameroun, du Nigeria et des pays d’Afrique de l’Ouest.

Cet incendie survient après des élections locales à libre candidature. KACHE, le candidat des musulmans était soutenu par le BDC d’Ahmadou Ahidjo et du Dr Louis Paul Aujoulat.

DEFFO Sébastien, se déclare candidat de l’UPC ( Union des Populations du Cameroun) et remporte haut la main les élections. Ce qui ne plut pas aux « musulmans » soutenus par les colons. Il s’en suivit des heurts entre les haoussas du quartier musulman (aussi appelé quartier haoussa) et les habitants du quartier Congo.

Le Vendredi 22 avril, des combattants de l’ALNK (Armée de Libération Nationale Kamerunaise) assassinent un Haoussa soupçonné de collaboration active avec l’ennemi. Le même jour, l’ALNK blesse un Européen, et brise également les vitres de plusieurs magasins de Français, dont « monoprix », « La Frégate », la boucherie « Dussault », les « Champs Elysées », la « Belle France ». Les populations seront manipulées et les Bamiléké seront présentés aux haoussas comme étant ceux-là qui voudraient arracher le pouvoir entre les mains de leur frère Ahmadou Ahidjo.

La suite sera tragique comme le raconte l’historien Enoh Myomessé :

« L’assassinat de l’Haoussa est très mal perçu par les membres de cette communauté, qui crient vengeance. De leur côté aussi, les Français sont très en colère face aux attaques dont ils viennent d’être l’objet. Les nouvelles autorités camerounaises soupçonnent, depuis un moment, le quartier Congo d’être le repère des combattants de l’Alnk à Douala.

Dimanche 24 avril, une bagarre se déclenche en début d’après-midi entre Bamiléké et Haoussa au quartier New- Bell, non loin du quartier Congo. Subitement, autour de 14-15 heures, ce dernier s’embrase, le feu prend simultanément à plusieurs endroits. Le quartier Congo est habité en majorité par les Bamiléké. Au moment où le feu prend, curieusement, l’armée, arme au poing, tout comme les Haoussa, a déjà entièrement bouclé le quartier. On assiste alors à des scènes d’apocalypse.

Les personnes, surprises par le feu et qui tentent de s’en échapper, sont abattues, froidement, soit par les militaires, soit par les Haoussa, armés de leurs arcs et de flèches.

Lorsque le feu prend fin vers 17 heures, il ne reste plus rien des baraquements de ce quartier, et le nombre de morts par le feu, se dispute avec celui par les balles et par les flèches. Les statistiques officielles font état de 5.000 personnes sans abri. S’il y a eu tant de sans-abri, à combien pourrait s’élever le nombre de morts ? »

En effet, le quartier fut encerclé par l’armée et leurs complices haoussas pour empêcher les habitants de sortir. Ceux qui s’y osaient étaient froidement abattus à coup d’armes à feu, avec des lances et des flèches empoisonnées ou des machettes offertes par les commerçants expatriés.

Dans l’impossibilité de sortir de cette zone de flammes, des hommes, femmes et enfants plongeaient dans des puits profonds et s’y noyaient. C’était l’horreur.

Sur les lieux, on aperçut : le terrible Jean Fochivé, le préfet Nséké, le lieutenant Bouba Kaélé, les policiers Manga et Minlo. Certains ont affirmé avoir vu ce jour des hélicoptères canadair pilotés par des militaires français déverser du carburant pour attiser les flammes.

Ahmadou Ahidjo vint à Douala, lui-même en personne pour calmer les esprits.

Traumatisé par cet événement, le préfet Guillaume Nséké fut évacué en France pour causes de maladie. Aucun préfet camerounais ne souhaitant venir à Douala, Jean Fochivé fut chargé sur proposition du ministre Njoya Arouna, des fonctions de Préfet du Wouri par intérim cumulativement avec celles de coordinateur de la police. La rédaction

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