(Vidéo & Texte)
Meurtre de Nahel: l’étalage au grand jour d’un apartheid sournoisement très Français…
La France devrait pourvoir se regarder dans les yeux, sans en permanence détourner le regard ailleurs.
Sans céder à un quelconque angélisme ni à la victimisation, on n’analyse pas des faits de société aussi graves et dramatiques que les émeutes urbaines répétitives, consécutives ici à des violences policières, en versant dans la généralisation, l’amalgame, des clichés ou préjugés misérabilistes abondamment ressassés et connotés dans les médias de grande écoute en France.
C’est plus complexe que cela.
Parce que ça fait parfois appel à une antériorité historique, économique, et politique que l’on refuse délibérément de creuser.
Mais des travaux scientifiques et mêmes les données statistiques officielles accessibles au public permettent de mieux cerner ce phénomène, et de nous éviter le piège réducteur de la stigmatisation, voire de l’autoflagellation pour faire bonne figure, sous la pression du discours réactionnaire ambiant qui martèle sur la complaisance généralisée des habitants des quartiers populaires avec l’assistanat (des minima sociaux), et une délinquance qui serait raciale en France.
Or nous sommes en présence ici d’une problématique qui ne se pose pas uniquement à la France, même si contrairement aux autres grandes puissances occidentales, elle a plutôt donné l’impression de vouloir la dissimuler sous couvert d’une république voulue libre, égale et fraternelle. Cela lui a notamment évité de s’attaquer de front à un modèle républicain sournoisement discriminant, ségrégationniste, dans lequel la mixité sociale est entrain de se briser sur le mur de la ghettoïsation urbaine et résidentielle.
Tenir ce propos n’excuse rien aux violences et aux destructions encours, dont les auteurs devront répondre individuellement, indépendamment de leur origine ethnique, sociale, ou territoriale. Car les origines et même la pauvreté ne peuvent évidemment constituer une excuse à toute forme de violence.
J’insiste à cet égard d’être bien lu, parce que je n’utilise en aucune manière les origines, ni comme une excuse, ni comme un alibi pour justifier des émeutes encours en France. Je laisse ces rhétoriques à toutes celles et tous ceux qui sont délibérément dans le négationnisme voire le révisionnisme historique, en pensant que les sociétés dans leur diversité se limitent aux émotions et aux théories du grand remplacement identitaire, en faisant fi de l’antériorité historique, économique, sociale, dont la formation de ces ghettos urbains sur lesquels le semblant de mixité sociale ne parvient pas ou plus à colmater les injustices flagrantes.
Cela n’empêche évidemment pas l’essor de quelques belles et grandes réussites souvent sportives, dans les arts, la médecine, le droit, et quelques rares fois dans les affaires grâce en partie à la mondialisation.
Mais dans l’ensemble le paysage français est celui d’une ségrégation sournoise sur laquelle viennent s’empiler des générations successives d’exclus qui, à la moindre étincelle, détruisent les symboles d’un modèle républicain devenu sauvagement consumériste, auquel ils ne s’identifient pas ou ne sont pas associés. C’est à cela qu’il faut travailler en profondeur, sans nécessairement injecter des milliards d’argent de nos impôts et des leurs dans des structures locales, régionales, nationales défaillantes, car reproduisant une ségrégation misérabiliste.
J’espère que je suis suffisamment clair, pour que mes publications sur ce sujet sensible ne soient pas réduites à la question des origines, sur laquelle certaines mauvaises consciences font délibérément une fixation négative, afin de ne précisément jamais s’attaquer à la racine sournoisement ségrégationniste du modèle contesté.
Je vous remercie
Joël Didier Engo