FRANÇOIS BEKOMBO, LÉGENDE DU FOOTBALL CAMEROUNAIS
(Texte)
De l’avis de tous les spécialistes qui l’ont connu, François BEKOMBO qui a fait l’essentiel de sa carrière au Caïman de Douala était l’un des défenseurs les plus doués de sa génération. Arrivé à l’équipe nationale vers 1968, son talent n’avait d’égal que sa discrétion et sa modestie. C’était déjà, dans les années 60 et 70, un latéral moderne, doué d’une finesse et d’une technique incroyables, et qui au-delà du Caïman, a largement contribué à certains titres du Canon de Yaoundé. Et même s’il reste toujours très réservé et ne s’étend pas beaucoup sur sa personne, son parcours parle pour lui.
Il fait partie de la Sélection camerounaise qui, en février 1970, crée la surprise lors de la CAN à Khartoum en dominant la Côte d’Ivoire du terrible Laurent Pokou (3-2), avec deux buts du feu follet Koum et un de Ndoga. La deuxième rencontre face à l’Ethiopie fut sanctionnée par le même score en faveur du Cameroun, les vert-rouge-jaune marquant par Tsebo, Manga Onguéne et Ndoga. La dernière sortie se soldera par une défaite contre le pays hôte, le Soudan (1-2), mais aussi par une prestation ahurissante de Tsebo, auteur d’un missile victorieux des 35 mètres qui lui valut le surnom de “l’Homme de Khartoum”.
Les autres piliers de l’équipe à cette époque sont l’ailier Ndoga, le milieu récupérateur Bassanguen, le stoppeur Essomba, le libéro Pascal Owona, le latéral Moukouko ’’Confiance’’ et le gardien Atangana Ottou. L’encadrement technique était assuré par Raymond Fobeté. Le 3e match perdu par le Cameroun face au Soudan fut entaché de beaucoup d’irrégularités. Outre un arbitrage complaisant, l’Ethiopie s’est laissée battre par 7 buts d’écart dans l’autre match par la Côte d’Ivoire. Et le Cameroun fut ainsi éliminé au goal-average. C’est donc à Khartoum que l’Afrique du football découvre le Cameroun comme étant une équipe redoutable.
Devenu un des piliers de la Sélection après les CAN 1970 jusqu’à sa retraite, Moukoko de Confiance qui était jusque-là latéral gauche titulaire, regardera malheureusement la CAN 1972 depuis le banc de touche, blessé à la suite d’un tacle vicieux de JAÏRZINHO, héros de la coupe du monde 1970 en Brésil. C’était au cours de la rencontre inaugurale du Stade de Réunification de Douala entre Botafogo du Brésil et l’équipe nationale du Cameroun dans le cadre de la préparation pour la 8ème Coupe d’Afrique des Nations. Le Cameroun passera le premier tour grâce à des victoires sur le Kenya et le Togo et un nul contre le Mali, se fera surprendre en demi-finale par le Congo (0-1), et finira 3e en battant le Zaïre (5-2). François BEKOMBO retrouvera son poste et évoluera avec les Lions Indomptables, jusqu’en 1974, fin de sa carrière internationale.
Pour tout ce qu’il a apporté aux Lions Indomptables, au Caïman de Douala et au Canon de Yaoundé avec lequel il a été champion d’Afrique en 1971 contre le Hafia de Conakry, toute la Famille du football lui doit respect et reconnaissance. On peut regretter que les dirigeants camerounais aient plus pensé aux influanceuses qu’à ces légendes à qui on aurait dû rendre un hommage digne, pendant la CAN 2022 organisée il y a quelques mois chez nous. François BEKOMBO KOUEDI est issu d’une famille de sportifs de haut niveau, dont le frère qui a aussi été footballeur, et le fils, Jacques YOKO, qui a été volleyeur international avec les équipes nationales du Cameroun et de la France. Adieuxe mon tonton.
Claude KANA
Historien du football