(Texte)
Elle ne prévient pas, tu sais
Aussitôt qu’elle apparaît, tu disparais
Et ainsi s’achève ton éphémère séjour sur terre
Plus que tu n’y penses, cette vie est bien éphémère
De toute expérience, rien n’est aussi impitoyable
Si fiers, face à elle nous apparaissons si vulnérables
Elle n’épargne aucune tribu, aucune race, aucun peuple
Sans ton avis, elle sévit, telle une faucheuse aveugle
Que tu l’appelles ou qu’elle te choisisse, c’est la même fatalité
De façon collective ou individuelle, elle met fin à ta destinée
Et si tu partais ce soir ?
Que ferais-tu de tes grands projets, ambitions et réalisations ?
Qui comme toi pourra et saura assumer leur perpétuation ?
Quelle graine as-tu semé qui restera fleurir pour la postérité ?
Quelle image retiendra-t-on de toi une fois parti pour l’éternité ?
Ton héritage sera-t-il éternel ou disparaitra à jamais avec toi ?
Tes accumulations matérielles te suivront-elles dans l’au-delà ?
Ton bien-être au prix de ton âme aura-t-il pu te préserver du drame ?
Chapelles, chapelets et prières suffiront-ils à racheter ton âme ?
De l’arrogance de ton pouvoir, de la mort pourras-tu échapper ?
De l’insolence de tes avoirs, avec la mort, pourras-tu négocier ?
Et si tu trépassais ce soir ?
Que ferais-tu de tes rancunes et rancœurs si jalousement entretenues ?
Que ferais-tu des cœurs meurtris et des vies brisées par tes abus ?
Que ferais-tu de ces personnes que tu as refusées de pardonner ?
Que ferais-tu de ces âmes à qui tu as causé du tort sans t’en soucier ?
Que ferais-tu de ces humains que tu as privés d’attention et d’amour ?
Que ferais-tu de ces êtres que tu as jugés et condamnés sans recours ?
Tu as endurci ton cœur au point de ne plus te doter de la capacité d’aimer
Tu as corrompu ton esprit pour ne poser des actes que de façon intéressée
Opportuniste, égoïste et trompeur, tu n’as plus aucune considération humaine
Tu as perdu ton sens de l’honneur, chacune de tes aspirations est malsaine
Et si tu disparaissais ce soir ?
Non, ce n’est pas un souhait, encore moins un mauvais sort
Et si tu refuses de te remettre en question, alors c’est à tort
Aussitôt qu’on naît on est suffisamment vieux pour mourir
Nus et dépouillés on apparaît, seuls et dépossédés on va partir
Naître et mourir sont les actes d’une même scène du théâtre de la vie
A chacun de connaître et de le jouer son rôle à merveille, tel un défi
Vivre et mourir pour le salut de son peuple est la plus noble des causes
Vivre et graver ton nom à l’encre indélébile de tes actions s’impose
Marquer son temps par nos actions assure à nos vies un écho éternel
Telle une semence en terre fertile, par sa mort, le guerrier devient immortel.
Par Paul ELLA