Elections présidentielles 2018 : pour un devoir de cohérence

 

“La politique m’a rendue orphéline”. Ainsi s’exprimait récemment sur notre media, JMTV+, Madame Ngo Um Nyobè Hermine. La fille du glorieux Mpodol, celui qu’il n’est pas excessif de nommer, aux côtés de son “frère jumeau” d’outre-Mungo, Ndeh Ntumazah, le père de l’Indépendance Kamerunaise, a, avec beaucoup de noblesse, dans une interview concise, édifié les téléspectateurs à travers un récit lucide et précis de son existence, depuis la disparition de son illustre père, de notre père à tous : Um Nyobè Ruben.

 

Le lecteur est invité à (ré)écouter Madame Ngo Um Nyobè pour s’en faire sa propre opinion. Cohérence. C’est ce mot qui m’est resté, après avoir écouter notre illustre compatriote.  Apprenons d’elle.

 

J’ai été à trois meetings de l’opposition organisés en région parisienne, dans le cadre de l’élection prévue ce 7 octobre 2018, ceux de Maître Akere Muna, Hon. Osih Joshua et M Libii Cabral. Si la démarche de venir informer la diaspora des enjeux de ce scrutin peut s’entendre,  l’incohérence collective dont nous faisons preuve, en tant que collectivité nationale, elle m’est toujours incompréhensible.

 

Deux opinions s’affrontent dans le grave contexte actuel : celle des partisans de la ‘’Révolution Démocratique’’ et celle de ceux de la ‘’Révolution Populaire. Les premiers croient dur comme fer qu’il est possible de renverser le régime de Yaoundé par la voie des urnes. Les seconds n’ont confiance qu’en celle des armes. Je me permets une caricature : les Francophones optent pour le bulletin de vote comme arme et les Anglophones pour les balles d’AK47. Le verdict du 7 octobre sera un début de réponse de laquelle des deux stratégies est la ‘’bonne’’. Ceci n’est point le sujet, pourrait dire le lecteur.

 

En effet, cohérence était bien le mot. Madame Ngo Um Nyobè a résolu, à cause des souffrances inimaginables qu’elle lui a fait endurer, à ne pas s’engager en politique. Elle qui en a tous les droits, n’a sollicité aucun suffrage, tant au plan local que national. Nous pouvons, nous devons la comprendre. Par dessus tout, elle est cohérente. Qu’en est-il de nous, les Kamerunais pris collectivement sans distinction aucune?

 

Il existe des opposants de l’élection, j’en suis, qui iront voter, en dépit du scepticisme fondé sur l’expérience des scrutings passés, depuis la ‘’Stolen Victory’’ du Chairman Fru Ndi en 1992, et de l’ état de quasi sécession des deux régions anglophones. Certains militent pour un candidat unique de l’opposition. Il y en a, c’est ma modeste observation lors des trois meetings évoqués, qui, tout en appelant à une coalition des candidats de l’opposition, que tout observateur sérieux considère comme unique gage d’un succès éventuel de l’alternance et de l’alternative tant rêvées, nomment leur champion ‘’futur président’’! Comment est-ce possible : quel ‘’futur président’’ acceptera de se désister en faveur d’un autre ?  Si, comme un seul homme, nous avions tous exiger une coalition comme préalable et décidé de boycotter ces meetings tant que nos leaders de l’opposition véritable ne présentent un front uni, comme nous l’avons vu ailleurs sur le continent, aurions-nous la compétition d’égos qui nous est servie actuellement, à moins de vingt jours de la date fatidique ? Soyons cohérents et nos leaders le seront aussi, car ils sont, eux aussi, des Kamerunais. Nous sommes responsables de nourrir ces égos surdimensionnés à une heure aussi cruciale de l’histoire de notre pays : par notre incohérence collective.

 

Ogolong Ondimoni, JMTV+

 

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